DOI issue:
Nr. 2
DOI article:Escholier, Raymond: L' Orientalisme de Chassériau
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24941#0123
L’ORIENTALISME DE C1IASSÉRIAU
107
fatiguées et languissantes et ces gestes d’ennui nerveux qu’inspirent la clôture
du harem et la présence de l’eunuque noir ; la tête de la femme rejetée en
arrière, la plus finie du tableau, est charmante. »
Ces deux belles « désenchantées » aux poses alanguies, que surveille un
esclave nègre, elles n’auront cessé de hanter le cœur de l’ardent créole jusqu’à
ce qu’il cessât de battre, brisé d’ambition et d’amour. L’une, dans son liaïk
rayé de Mauresque, renverse une tête brune, aux yeux agrandis par le khôl,
INTÉRIEUR DE HAREM, PAR THEODORE CHASSÉRIAU (PEINTURE INACHEVÉE)
(Collection de M. le baron Arthur Chassériau.)
d’Orientale voluptueuse et grave ; l’autre, dans son caftan aux plis antiques,
a le visage pâle et candide des vierges grecques qu’entrevit Ingres. Antiquité,
Orient, éternelles rivales qui vous disputiez les faveurs de cet amant pas-
sionné, il est beau qu’au déclin des jours vous apparaissiez, une dernière
fois, au jeune Chassériau mourant, dans ces robes de femmes de harem,
sous ces traits défaillants et magnifiques, dans ce décor d’amour, inachevé
comme l’œuvre de ce génie tendre et fier.
RAYMOND ESCHOLIER
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fatiguées et languissantes et ces gestes d’ennui nerveux qu’inspirent la clôture
du harem et la présence de l’eunuque noir ; la tête de la femme rejetée en
arrière, la plus finie du tableau, est charmante. »
Ces deux belles « désenchantées » aux poses alanguies, que surveille un
esclave nègre, elles n’auront cessé de hanter le cœur de l’ardent créole jusqu’à
ce qu’il cessât de battre, brisé d’ambition et d’amour. L’une, dans son liaïk
rayé de Mauresque, renverse une tête brune, aux yeux agrandis par le khôl,
INTÉRIEUR DE HAREM, PAR THEODORE CHASSÉRIAU (PEINTURE INACHEVÉE)
(Collection de M. le baron Arthur Chassériau.)
d’Orientale voluptueuse et grave ; l’autre, dans son caftan aux plis antiques,
a le visage pâle et candide des vierges grecques qu’entrevit Ingres. Antiquité,
Orient, éternelles rivales qui vous disputiez les faveurs de cet amant pas-
sionné, il est beau qu’au déclin des jours vous apparaissiez, une dernière
fois, au jeune Chassériau mourant, dans ces robes de femmes de harem,
sous ces traits défaillants et magnifiques, dans ce décor d’amour, inachevé
comme l’œuvre de ce génie tendre et fier.
RAYMOND ESCHOLIER