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La Lune — 2.1866

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https://doi.org/10.11588/diglit.6785#0126

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2

LA LUNE

LAISSEZ ALLER LES COMBATTANTS

Les Français sont bien spirituels.

Il est bon de réimprimer cet aphorisme de temps en temps
pour rassurer quelques millions d'imbéciles qui douteraient
d'eux-mêmes et qui en auraient bien le droit.

Je ne sais pas si je ne vais pas un peu loin. Pur le temps
qui court, surveiller sa plume est le plus saint des devoirs,
pour peu qu'on tienne à son repos et qu'on ne veuille pas
perdre son argent, lisez son temps. Ce dernier mot est une
concession que je fais à l'Angleterre.

Mais si nous avons de l'esprit à foison, nous àvonB encore
plus de logique. Nous Talions montrer tout à l'heure.

Et puis nous marchons à la tête de la civilisation:—peuple
français gobe encore celle-là. — Seulement, la robe à queue
de la France est si longue qu'a dix pas derrière elle( et dans
les plis de cette robe, elle traîne des préjugés, des supersti-
tions, des reliquats de barbarie.

Ne vais-je pas un peu loin? Pourvu qu'un des quarante
millions de Français ne vienne pas me chercher querelle.

Prenons des précautions et déclarons urbi et ofbi que tous
mes contemporains sont adorables; que tous mes confrères
peuvent se regarder comme des écrivains hors ligne, sans èM
excepter A. Marx; que tous les,journaux de l'Empire ne ren-
ferment chaque jour que des chefs-d'œuvre et que les écri-
vains les moins connus sont des génies, des poêles, des an-
ges. Jugez des autres.

Je crois que je vais un peu loin.

J'ai avancé que nous élions d'une logique infinie, efferves-
cente, phosphorescente, éblouissante, fulgurante. Pardonnez-
moi la pauvrelé de ces expressions. L'Académie, dans la
boutique de laquelle je les ai achetées, n'en tient pas de plus
riches.

Ah! oui, si quelqu'un sur noire globe éprouve le besoin
de voir un peuple logique, il n'a qu'à venir en France. De-
puis deux siècles, tous les hommes de génie et de progrès
ont aligné tirades sur li rades contre les rencontres privées.
Rousseau a même appelé son semblable « bête féroce » à
cette occasion.

Mieux que cela. Chacun de nous a peut-être écrit son petit
anathème contre le duel. Mais aussitôt que quelqu'un nous
regarde de travers... crac! nous retroussons nos moustaches,
nous mettons notre chapeau sur l'oreille et... en garde, mon-
sieur!

« Je ne vous en veux pas, vous ne m'en voulez pas; nous
allons déranger quatre honnêtes citoyens pour nous accom-
pagner sur le pré. Un de nous dérangera peut-être môme la
gendarmerie, cela s'est vu ; sur le terrain, je ne serai pas à
la noce, ni vous non plus; nos témoins auront des émotions
désagréables, et le chirurgien s'ennuiera comme un musicien
de l'Odéon. Mais qu'importe...en garde, monsieur! »

Si je vais trop loin, lecteurs, prévenez-moi.

« Le duel, s'écrient les gens de progrès, ceux-là mêmes qui
sollicitent l'abolition de la peine de mort pour les assassins
— ces déclassés intéressants — le duel c'est la queue de la
barbarie, c'est l'imbécillité d'un passé stupide qui a survécu
jusqu'à nos jours ; c'est ceci, c'est cela... tra deri deri dera
là là. »

Une jolie chanson facile à exécuter avec ou sans guitare.
Mais qu'on ne vienne pas nous dire que nous ne sommes

pas beaux, spirituels, bien faits, aimables et pourris de la-
lent, parce que nous, les contempteurs de la barbarie, nous
aurons bientôt fait de vous Iraîner dans un bois pour vous
couper la gorge, ce qui nous conduira en police correction-
nelle pour y être condamnés.

0 triomphe de la logique! Logique du triomphe! Su-
perbe! superbe! Je demande une galerie spéciale au palais
du Champ-de-Mars pour y exposer la logique française.

Chose bizarre ! sur dix duels, il y en a neuf qui ont pour
acteurs principaux des gens de leltres.

Et vous voulez qu'on lise nos ouvrages de morale. Allons
donc! Comme je comprends maintenant ce mot d'un ouvrier
à qui l'on conseillait de lira de bons livres et qui répondait :

— Des bèlises !

Lorsque ma femme m'aura fait un fils, el quand il aura
atteint l'âge de sept ans, je lui mettrai un fleuret à la main, et
je lui ferai faire de l'escrime jusqu'à vingt ans. Il apprendra
autre chose, s'il veut, dans l'intervalle.

Puis, le jour de sa majorité, eomme il Voudri être homme
de lettres—je le connais — voici le discours que je lui
tiendrai :

— Pour arriver, monfllSj il faut avoir du toupet, savoir tuer
un homme proprement, et se moquer de tout le monde, sur-
tout des faibles. Mais songe que le duel n'est plus qu'un
moyen. Faire savoir aux populations avides que tu l'es
ballu, voilà le but. Si l'on ne doit pas parler de tes duels
dans les journaux, ne te bats pas. L'honneur n'est qu'une
convention. Tu auras de l'esprit et du lalent si tu peux,
mais ce n'est que l'accessoire.

Cela dit, je lâcherai mon fils.

Le duel, en effet, n'est aujourd'hui que l'art de se mettre en
évidence quand on ne compte pas assez sur son talent pour
cela. J'estime alors que plus ce duel sera étrange, inouï,
bizarre, plus on aura de chances pour passer grand homme
et pour s'introduire dans le temple de mémoire par l'escalier
de service.

J'ai connu deux jeunes gens qui furent les héros d'un duel
dont le retentissement aurait été grand s'il avait eu lieu à
Paris.

C'est le duel à la ficelle.

Us avaient résolu de se battre. On les conduisit dans la
forêt prochaine; mais ils ne chantaient pas comme Robert le
Diable : Un de nous ri en sortira pas.

Ses témoins, gens de précautions, ennemis jurés des émo-
tions vives, imaginèrent pour éviter un malheur uh petit
procédé plein d'imprévu.

Ils prirent deux ficelles, une par combattant. Un des bouts
de chaque ficelle fut attaché au pied gauche de chaque adver-
saire. L'autre bout fut amarré solidement à un arbre, de
telle sorte que ces forcenés, ivres de sang, se trouvèrent à
dislancG respectueuse. On leur mit des glaives dans les doigts,
et on leur dit : « Allez, messieurs, et faites votre devoir! »

Les témoins se racontaient des nouvelles à la main.

Tout à coup, un de ces enragés fit un tel effort en se fen-
dant que sa ficelle se rompit. Un malheur était imminent.
Mais, prompt comme la foudre, l'autre se jeta derrière son
arbre en criant à lue-tête :

— Ce n'est pas de jeu !

Il avait raison, ce Gascon. On attacha de nouveau et plus
solidement le duelliste en rupture de Ocelle, et le carnage
recommença. Cela dura deux heures, au bout desquelles les
adversaires, morts... de fatigue, déclarèrent eux-mêmes
l'honneur satisfait.

Et le lendemain, tous les gandins du lieu récitaient ce vers
du poêle :

Heureux pays, les duels reprennent de plus belle.

Malheureusement, les duels du peuple le plus spirituel et
le plus logique de la terre sont quelquefois moins gais que
Celui-là, môme pour la galerie.

Ce qui ne nous empêche pas de marcher à la tête de la ci-
vilisation.

Ah ! celle fois, je vais trop loin.

Ops.

Nous sortons de la première représentation de Nos bons
villageoit, au Gymnase. — Grand succès pour M. Sardou. —
Notre prochain numéro contiendra le portrait-charge et un
autographe de l'heureux auteur.

LE RETOUR DES AUVERGNATS

îl s'agit des Auvergnats lyriques, comme les a qualifiés un
jour Albert WolfT. Us reviennent à Paris un peu avant les
marchands de marrons et presque en môme temps que les
ramoneurs, avec lesquels ils ont d'ailleurs plus d'un point de
ressemblance. Us ramonent en effet lous les hivers le réper-
toire italien — depuis trente ans le même : Haut en bas!

Et les gens qui font de la chronique à coups de clichés
appellent ça : « Le retour des rossignols. » Avez-vous fini?
Les rossignols ne chantent pas en cage. Vous seriez dans la
réalité si vous disiez : « Le retour des serins. »

Serins à pari, c'est un véritable préjugé de la mode que
le Théâtre-Italien.

D'abord où prenez-vous le théâtre? Il n'existe pas de
théâtre là où l'on ne joue point la comédie, et vous ne me
ferez certes pas passer pour des comédiens ces messieurs et
ces dames fagotés au rebours du bon sens, en dehors de
toule tradition de costume; ces messieurs et ces dames qui
entrent dans le cimetière du Ballo in maschera, par exemple,
comme dans un salon; qui interprètent leurs rôles les mains
dans les poches; qui, au milieu d'un duo, quittent leur par-
tenaire pour aller s'ingurgiter un verre d'eau sucrée dans la
coulisse; qui, au moment des situations les plus tendues,
saluent en souriant le public, si celui-ci daigne les applau-
dir... Non, non, comme dit Bilboquet, le théâtre est étran-
ger à l'événement.

Et l'Italien donc! Où prenez-vous aussi l'Italien, dans une
boutique où, à peu d'exceptions près, tous les artistes sont
Allemands, Français, Belges, Espagnols ou Russes?

Il est vrai qu'ils portent tous des noms transalpins; mais
il y a un procédé bien simple pour s'italianiser de la sorte,
c'est d'ajouter un i, un o ou un a à son nom de famille.
Ainsi, Tartempion, s'apprêtanl à débuter à Ventadour, n'hé-
siterait pas un instant à se transformer en Tartempioni ; de
môme, qu'en pareille occurrence, Barbanchu se changerait
en Barbanc/tuto, — que les amateurs prononceraient Barban-
eliniilu.

Le ténorino actuel de l'endroit, qui se fait traiter de Nico-
lini sur l'affiche, s'appelle modestement Nicolas. Et voilà
comme on écrit l'histoire!

LA Hfflliltl MORT DI ftOGAHOLl

Par G1LL (suite)

Quand je dis: « Quelle jeune tille ! û la jeune
lille ! » n'est-il pas superflu de dessiner cette
paire d'ailes ? Chacun sait de reste qu'une belle
jeune lille ne met les pieds dans un feuilleton
du vicomte qu'à la condition d'être un ange...
que dis-je, un ange ? — une ange aux yeux
bten.<: — une fille aux cheveux d'or! — elle tra-
versait cette fange, le front fur, comme un ange
qui traverserait l'enfer sans ternir ses ailes ! — dont
les grelots résonnèrent un à un

Oh! toutes ces phrases, mes enfants! toutes
ces phrases dont se compose le portrait de la
jeune tille! que ne puis-je. hélas! les cueillir
et les recueillir pieusement à genoux devant le vicomte! Hé-
las ! hélas 1 j'en ferais un collier, et si, par hasard, je rencon-
trais une belle jeune tille, la littérature française, par exem-
ple, je le lui passerais au cou, et je lui dirais : « De la part du
vicomte. » — Et ça lui ferait bien plaisir!... mais je n'ai pas le
temps, sacrebleu 1 Mort de ma vie! je n'ai pas le temps ! !

Cette jeun e
iille voulait donc
se marier, et l'on
voulait bien l'é-
pouser ;et quand
on voulait l'ë-
pouser, on était
étranglé ; et il
n'y en avait en-
core ïjueentn'ïP
tranglés ; et elle
aurait voulu
compléterladou-

zainc !..... Quel

ange! quel an-
ge! la belle an-
ge!

Rocambolo
lui dit : Je t'é-
pouse.

Cracl Rocambole lui dit ça en
la regardant avec son œil — l'œil
de Rocambole !

Vlan! ça y est, murmura la
jeune lille, en tombant dans ses
bras — mais tu sais qu'on va
t'étrangler?

Rocambole eut un sourire superbe, car il n'en pouvait pas avoir un
autre.

Voilà la situation ; qu'est-ce que vous en dites? est-ce assez
tendu? dites-le, ne vous gênez pas; si ce n'est pas assez tendu,,
le vicomte n'a qu'à tirer dessus. Ge n'est pas ça qui m'inquiète!
— Ge qui m'inquiète, c'est le monsieur au gros chien, — mais
n'anticipons pas!

Après le sourire superbe, Rocambole se redressa fièrement, ce qui

est bien naturel, et eut un mot bien simple..... ce que c'est que de

nous !

Après le mot bien simple, il dit à la belle jeune fille :
— Allons chez vous.

Une autre que la belle jeune fille aurait répondu : « Comme
vous y allez! »

La belle jeune lille répondit : Plutôt la mort! et emmena Ro-
cambole chez elle. C'est plus beau ! C'est môme si beau que
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
La dernière mort de Rocambole par Gill
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gill, André
Entstehungsdatum
um 1866
Entstehungsdatum (normiert)
1861 - 1871
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Mann <Motiv>
Fliegen <Motiv>
Frankreich
Flügel <Zoologie, Motiv>
Auge <Motiv>
Karikatur
Junge Frau <Motiv>
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 2.1866, Nr. 31, S. 31_2

Beziehungen

Erschließung

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CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
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