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La Lune — 2.1866

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https://doi.org/10.11588/diglit.6785#0138

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LA

LUNE

Les Montreurs de chair humaine

Mon rédacteur en chef m'a recommandé la gaîté la
plus folle!!!

Et moi qui voulais faire un article intitulé: Dutliéâtre
en France vers 1866. Il faut que j'y renonce ; car si j'en-
treprenais pareille tâche, ô lecteur, je te ferais verser des
larmes de sang-.

Et au fait, avons-nous un théâtre à Paris ?

Quel est le nigaud qui me souffle à l'oreille que nous
en avons une trentaine? J'en vois un rue Eichelieu...
Pardon, j'en vois deux : la Comédie-Française et le
théâtre Séraphin. Chantons, célébrons les directeurs de
ces deux scènes.

Quant aux autres impresarii que réchauffe dans son
sein la bonne ville de Paris, ce sont tout au plus des
montreurs de chair humaine. Et l'on défend la traite des
nègres !

Ah ! le théâtre moderne est une étrange chose.

Autrefois, quelques auteurs dramatiques avaient du
génie, plusieurs du talent, le plus grand nombre de l'es-
prit. Quels imbéciles !!

Les directeurs s'arrachaient les premiers au prix des
plus lourds sacrifices et se disputaient vivement les se-
conds, en surveillant attentivement les progrès des troi-
sièmes. Quels crétins!

Aujourd'hui nous sommes bien plus malins que ça.

Les plus forts ont de l'audace, les plus heureux des
ficelles et les plus riches rien du tout. Car, c'est étrange,
même l'audace et les ficelles deviennent du superflu.

Dans les théâtres où l'on fait encore semblant de res-
pecter le public, une pièce est mise à l'étude dès qu'on a
trouvé une situation provenant de l'adultère, trois ou
quatre quiproquos et qu'un tailleur s'est présenté, qui
paie le droit d'habiller ces daines pour se faire une
réclame.

Avant six mois, on mettra le nom du couturier sur
l'affiche... avant celui de l'auteur, après celui du mo-
diste.

Sur les autres scènes, on prend trois cents femmes, on
les déshabille et, depuis sept heures du soir jusqu'à mi-
nuit, sous des flots de lumière, on montre au public des
flots de chair nue.

Quant à la pièce, une charpente encore plus nue que
les trois cents femmes, on y accroche quelques scènes,
avec des calembours, des coq-à-l'âne et des couplets
idiots sur l'air de la Femme à barbe.

Mais, si l'on fait encore cette concession de faire dire
le mot suivant à deux acteurs :

— Vous m'épiez, peut-être ?

— Oh ! madame, au contraire, je suis aux vôtres, de
pied (voir le Pied de mouton ou la Biche au bois des
mêmes Cogniard),

Si l'on fait encore cette concession de faire discourir
deux pitres devant le public, c'est pour donner le temps
au machiniste de préparer ses trucs et ses amas de fem-
mes dans les frises : des changements à vue, des épaules,
des seins, des cuisses, des hanches, c'est un fouillis, c'est
une débauche, un amalgame qui a la prétention d'être
aphrodisiaque. Puis, quand les yeux ont saisi, suivi,
étudié tous ces détails, tous ces contours, toutes ces im-
mondices... Attention ! nous allons faire ruisseler sur ces
chairs'les flammes de Bengale bleues, rouges, vertes,
jaunes, comme la chartreuse. Il y en a pour tous les
goûts.

Voilà, Monsieur. Servez chaud, comme si ça ne coû-
tait rien. Et que le peuple ne s'avise pas de protester, la
claque est là pour le rappeler à l'impudeur.

Allongez les ballets, raccourcissez les jupes des dan-
seuses.

Celui qui a prononcé cette phrase, passa pour avoir
proféré une énormité. Et le public la reçut comme telle,
puisqu'on lui a fait l'honneur d'une postérité relative.

Mais que c'était timide!

Les ballets!... on trouve aujourd'hui trop fatigant de
suivre un poème (idylle ou élégie) sur les motifs d'une
musique charmante.

Les jupes!... allons donc, des jupes !... oh! là là...
des jupes!... Et pourquoi pas un fichu ?

— Mais enfin, monsieur, puisqu'il y a un maillot, ce
ne sont plus des nudités.

Tartuffes!... Tartuffes!... Jetez un mouchoir sur le
sein de Dorine. C'est ça ; mais lorgnez longuement les
formes de Mme Balthazar. Par de pareils objets, les âmes
ne sont plus blessées. Peut-être bien, d'ailleurs, n'est-
ce que du coton.....

Jeunes g-ens !... Jeunes gens qui avez du talent, je
vous propose une chose : empoisonnez tous les direc-
teurs. C'est vif, mais radical. C'est probablement le seul
moyen de reprendre votre place avant le décorateur et le
machiniste.

Et vous pourrez peut-être alors faire un drame qui
aura du succès sans le secours de MM. Laurent-Fanfre-
luche et Schey-Pélican. —Deux artistes... J'en tousse.

— Mais, me dira-t-on, le goût du public est là.

—■ Ce n'est pas vrai. C'est vous qui avez dirigé le goût
du public de ce côté ; et comme il est plus facile de don-
ner des ordures que des fleurs, crac ! vous montez les Pa-
risiens à Londres.

Un homme qui étudie toujours le goût du public, c'est
Sardou. Il sait flatter le Parisien.

Mais, toi-même, triomphateur perpétuel, victorieux
qui spécules sur les dispositions présentes des specta-
teurs ; toi qui n'as pas de rival dans la préparation des
plats du jour, n'as-tu jamais songé à la roche Tar-
péienne ?

Prends garde ; il viendra un jour où tu te tromperas,
où tu ne sauras plus assaisonner ton ragoût,— comffiti
cela est arrivé à Scribe, qui était plus fort que toi, — et
tu seras précipité, du haut de ton succès, dans le qua-
trième dessous de la raillerie, en ces lieux sinistres où
les corbeaux des deux journalismes — petit et grand, —
corbeaux vaniteux, haineux, impuissants, viennent dé-
vorer en sifflant les morts littéraires.

Tu es le plus fort, c'est vrai, ô Sardou ! mais cela ne
fait pas encore l'éloge des autres.

Allons, jette-là tes ficelles, débarrasse-toi de tes fi-
nesses et de tes petits moyens, et fais-nous une œuvre
qui se tienne debout toute seule, puisque tu le peux.

Ah ça ! il ne viendra donc pas un homme en ton
nom, ô Molière! pauvre Molière !... écrasé, dédaigné,
proscrit, comme les vrais dieux qui s'en vont. Il ne vien-
dra donc pas un homme qui chassera tous ces impuis
marchands du Temple !

Ce serait cependant un beau rôle à jouer.

Ce serait un spectacle qui aurait plus d'applaudisseurs
que Cendrillon, quoi qu'en pense M. Hostein.

Avant-hier, j'ai rencontré une bonne petite comédien ne
que j'estime. Elle sortait de chez un directeur de théâtre
de genre. Elle venait de solliciter un engagement.

— Avez-vous des recommandations? lui avait dit l'au-
tocrate peu dramatique.

— Oui, monsieur, voici quelques lettres.
Le directeur, après avoir lu :

— C'est fort bien. Vous êtes jolie.....Où avez-vous

joué ?

— A l'Odéon {motte de l'imprésario), au Gymnase
(accentuation de la moue), et j'y ai obtenu des succès
assez honorables pour pouvoir affirmer que je ne sui?
pas sans talent.

— Sans talent ! qu'importe. Faites-moi voir vos
jambes.

— Mais, Monsieur, je ne vois pas ce que l'art peut
avoir de commun....

—L'art ! d'où arrivez-vous, ma chère ? Montrez-moi vos
mollets [l'actrice se résigne), plus haut.... ce n'est pas
mal.... levez encore.... C'est très bien. Dansez-vous If
cancan ?

— Le cancan ?

— Oui, ne savez-vous pas ce que c'est que le cancan ?

— Pardon, Monsieur, mais je ne savais pas qu'il fallût
connaître le cancan pour....

LA DERNIÈRE MORT DE ROCAMBOLE

Ils lèvent la cruche

par GrlLL (suite)

Tout à l'heure, lecteur de mes rêves; mais auparavant faitus-
moi le plaisir de me dire si vous avez lu Notre-Dame de Paris
et le Mariage de Gringoire avec une cruche (comme chez nous),
nu avec une bohémienne au moyen d'une cruche, si vous aimez
mieux ?

Vous l'avez lu? Oui! Eh bien, je vous pardonne, mais ne re-
commencez plus; les œuvres du vicomte doivent vous suffire :
Quand on a fini Rocambole, on recommence, voilà !

Quant à
Notre - Dame
de Paris, on
lui dit : Zut!

C'est nous
qui marions
cruche,
seuls et
assez ,

a la
nous
c'est

n'est-ce pas,
cher vicomte?
Le seul, le vrai, le beau
mariage à la cruche,
c'est nous ! — Faux
mariages et fausses cru-
ches que tout le reste !

- A bas les contrefacteurs !.....

J'ai dit! — Marions Rocambole :
Rocambole prend la cruche:
La belle ange prend la cruciu:;

Et les Thugs ne veulent pas do ça; la belle ange ne doit pas
se marier; les Thugs disent que ce n'est pas convenable. —
Drôles de Thugs, va !...

Du reste, Rocambole non plus ne veut pas se marier tant que
ça (vertueux Rocambole!) — Mais suffit qu'il en ait l'air; vous
comprenez que ça va être terrible !

Terrible ! la situation est terrible comme toutes nos situations,
n'est-ce pas, vicomte?

Là dessus Rocambole prend la belle ange dans ses bras et

Ils lâchent la cruche.....

Et la cruche pette. — Crac !.

Et v'ian !... ça y est!

Ce n'est pas plus malin que
Ça — et c'est beau !

Oui — mais les Thugs?.....

On se marie, c'est très bien!
— Mais ce n'est pas tout ; pour
être bien marié, vous compre-
nez, il faut, il faut... tirlifaut,

tirlifaut........ tirlifaut — se

marier, quoi !

ses jambes à son cou.

Va bien ! cours toujours; —
allez voir!...

Pan ! un lacet autour du cou.

Pif! la belle ange tombe.....

Paf! un thugla ramasse...
Pouf! un coup de pistolet.

vous allez voir ce que vous
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
La dernière mort de Rocambole par Gill (suite)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gill, André
Entstehungsdatum
um 1866
Entstehungsdatum (normiert)
1861 - 1871
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Rocambole, Fiktive Gestalt
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 2.1866, Nr. 34, S. 34_2

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Erschließung

Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg
 
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