Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La Lune — 2.1866

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.6785#0147

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LÀ LUNE

â

sente année mil huit cent soixante-six, nous aurons une

Pluie d'étoiles.

Remarquez, s'il vous plait, lecteurs, que je n'ai pas ap-
pelé 186G : on de grâce, car celte déplorable année, qui nous
a donné la peste, la guerre, la famine aux Indes, les inon-
dations, les tremblements de terre et des crimes de toutes
nuances, ne mérite guère qu'une parole de malédiction.

Je la lui épargne parce qu'elle va bientôt mourir, mais
l'appeler an de grâce, jamais !

Ce sera un splendide spectacle.

Dans la nuit noire on verra courir de tous côtés des
lames de feu. Les étoiles lancées dans l'espace, comme par
la (ronde d'esprit géants, s'entrecroiseront par milliers.

Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
sera décuplée, centuplée. Tous les hommes le nez en l'air,
tous les astronomes l'œil dans leurs lunettes s'extasieront,
s'ébaubiront et feront peut être des calembours.

Comme un foyer dans lequel on jette des grains de poudre,
le ciel s'illuminera soudain de tous les côtés. Jamais spec-
tacle plus ext aordinaire et supercoquentieux n'aura été
contemplé____

A moins cependant que les astronomes anglais ne se
soient moqués de nous, ce qui serait bien mal, ou que le
ciel soit brumeux, ce qui est à craindre.

Dans ce dernier cas, il faudra en prendre philosophique-
ment notre parti et du ciel noir reporter nos regards affa-
més de splen "eurs vers notre globe sublunaire.

Les étoiles qui filent, disparaissent par douzaines depuis
quelque temps et cette petite dégringolade — a laquelle les
astronomes ne pensent jamais, je parie — vaut bien ce re-
mue ménage d'astres volagts que nous ne connaissons pas.

Pas un mot du théâtre auvergnat dirigé par M. Bagier. A
la salle Ventadour les étoiles ne peuvent plus filer pour
cette raison bien simple qu'il n'y en a plus. Elles sont par-
ties depuis longtemps.

Si les Anglais ne nous ont pas trompé — et ceci est un
conseil gratuit que je donne à M. Bagier — ce directeur
devrait bien saisir c-tte occasion du 12 novembre pour aller
à la provision et, puisque pluie il y aura, favoriser le public
d'une gouttière, quand même celle-ci aurait une rétention.

Attention. On va éteindre le luminaire Je commence.

Q lelle est cet astre bizarre qui décrit une parabole du
côté du boulevard Sébastopol? Eh I mon Dieu ! c'est Paulin
Meni r qui va tomber lourdemenc dans le cercueil de Robert
Macaire.

Une autre lueur qui décroit et va s'éteindre : l'usurier
Mauvergnat-Got qui cède à la Contagion et revient en fils
prodigue au Théâtre-Français.

Devant Offenbach, étoile fixe de première grandeur, voici
Clairville qui passe, traversant le brouillard d^s Parisiens à

Londres.

Ce gros météore ayant la forme d'une veste et qui va se
cacher avec taut de rapidité, c'est le nommé Cid-Hugelman
■—j'en instruirai ma mère.

Immédiatement après lui voici venir le Gendre qui file, file
plus lentement, retenu qu'il est dans sa chute par un astre
volumineux qui se nomme Victorien Sardou.

Et les ténors : Montjauze, Jaulain, Gueymard, et même
Montaubry.

Heureusement qu'il nous reste les délices de Capoul.
Et les chanteuses : Mesdames Marie Cabel, Gueymard,
Dupuy.

Même, ô douleur ! ne voyez-vous pas cette splendide étoile
qui accomplissait sa révolution, versant des torrents de lu-
mière sur... tout le monde. Elle va disparaître aussi.

On la nommait l'Evénement! regrets superflus. C'est un
fait accompli.

Plus bas, les planètes des chansons populacières dispa-
raissent à leur tour, Thérésa ou la Laryngite inexplicable,
Suzanne Lagier, chut 1... ne l'offensons pas.

Et là-bas, au faubourg du Temple, une étoile se lève qui
les remplacera et que ce pâle rayon protège. Elle] s'appelle
Angélina.

Boursiers, négociants, écrivains, avocats, artistes, ca-
licots.....amours, regret', espérances, tristesses.....écus,

bonheur, repos.....voilà les étoiles qui filent, pendant que

la Lune promène majestueusement son disque sur les popu-
lations égayées et reconnaissantes.

v'^V; "' Ora- • ■

GAZETTE A LA MAIN

La lettre qui suit a été adressée par nous à MM. Plunkett et
Dormeuil, — directeurs du théâtre du Palais-Royal :

*

« Messieurs,

» La Lune, — qui ne tire pas à moins de trente mille exem-
plaires, — ayant dans son dernier numéro publié la charge d'Of-
f'enbach, l'un des auteurs du grand succès de la Vie Parisienne, et
désirant appuyer la biographie du maestro à la mode de quelques
lignes sur la musique do la pièce, je me suis présenté vendredi,
à midi, au théâtre du Palais-Royal, porteur d'une lettre de notre
rédacteur en chef.

» — Pour MM. Plunkett et Dormeuil, s'il vous plaît... A quelle
heure la réponse, jo vohs prie ?

» — Il n'y en aura pas, de réponse.

» — Comment?

» — C'est une demande de places, hein ? De la part dè qui
est-ce ?

» — De la part du journal la Lune.

» — Fouillez-vous ! Les journaux qui devaient avoir leur service
l'ont eu. Tout ce que je puis faire pour vous, c'est de flanquer votre
lettre sur le bureau de l'administration...

*

» Telle est, messieurs, la photographie sans retouche du col-
loque qui s'est échangé entre votre serviteur et le concierge femelle
de votre établissement.

» N'y remarquez-vous pas certaines observations de langage
qui épouvanteraient le baron de Gondremark lui-même?

» Je passe sur: Fouihcz-vous. Cette locution a cours chez toutes
les Metella de Paris, et l'on prétend, non sans raison, qu'elle est
quelquefois adressée aux Bobinot de l'orchestre par vos plus
jolies pensionnaires.

» Je ne relèverai pas également le charitable : Tout ce que je
puis faire pour vous...

» Il est évident qu'une pipelette, qui vient de se plat-vaulrer
devant un Vestoncourt réclamant du haut d'un louis l'adresse de

l'actrice en vogue, doit faire état de magnanimité en face ."un
homme de lettres qui a oublié sa canne.

»_I1 est bien entendu, d'ailleurs, que l'homme de lettres qui
sollicite un billet de faveur, en a besoin pour attendrir son j.ou-
langer ou son bouclier...

» Et puis, les cannes sont prévues par les sergenti de ville!..,

*

» Oui, mais il y a le brin de phrase : Flanquer sur le bureaa de
l'administration !

» Si j'étais ce bureau, je me sentirais humilié jusqu'au fond de
mes tiroirs !...
» Crime de lèse acajou !

» L'irrévérence des salariés, écrit Bossuet, est le symptôme du
renversement des pouvoirs.
» Songez-y bien messieurs :
» C'est par les meubles qu'on commence...
» C'est par les directeurs qu'on finit!
» Veuillez agréer mes sincères salutations.

Emile Blondet. s

Gaîté

La vogue du Sonneur de Saint-Paul poursuivit autrefois Théo-
phile Gautier jusqu'en Espagne, où l'illustre écrivain de Tra los
montes raconte avoir rencontré son affîch» — FA campanert de
San-Pablo — sur les murailles mauresques du Généraliffe et .le
l'Alhambra.

Cette vogue s'explique par la poétique des pièces de Boucha, dy
qui peut être basée sur cet exemple :

— Toi ici! par quel prodige? Mais tu es mort depuis trente
ans...

— Silence ! c'est un secret que je remporterai dans la tombe !
Le personnage n'en dit pas plus — et le public n'en demande

pas davantage.

n

Il y & encore, dans Bcrtram le matelot, du même auteur .•

— Non, madame, non ; le fils du bourreau n'était pas le fils du
bourreau : C'ÉTAIT SON PÈRE ! ! !

Que je voudrais entendre dire cette phrase par Jenneval !
Car Jenneval joue, depuis dimanche, le Sonneur de Sainl-Fau
au square des Arls-el-Métiors.
Toutes les vitres du quartier en ont frémi !

* *

Un soir, à l'ancien Cirque, pendant une représentation de la
Prise de Pékin, un billet ainsi conçu fut trouvé au fond du f( ver

« Oh! madame, écoutez le cri de mon âme! Je crie vers vous,
je crie ma douleur! je crie ma folie! jo crie mon amcir.
L'entendez-vous ce cri? dites, l'entendez-vous? Je voudrais le
retenir, et pourtant, tout en moi me crie: Crie \ crie! crie]»

— De qui diable cela peut-il être? se demanda-t-on à la
rondo.

— Dame, riposta feu Colbrun, du moment qu'il crie toujours
ce ne peut être que de Jenneval.

*

Pour corser le spectacle et aussi pour offrir à Pauîin-Mérior
une revanche du Major Triclimann, la Gaîté a repris les Paysi as,
de MM. Dcnnory, Cormon et Grangé.

Le succès de cet antique mélodrame se résume dans une ai <c-
dote que j'ai donnée l'un des premiers et qui a été plusieurs As
reproduite :

Le soir delà première représentation des Paysans h. l'Ambiju,
Antony Béraud se promenait au foyer.

Ménier, qui ne remplit dans l'ouvrage qu'un rôle épisodique, y
de»cendit après s'être grimé et habillé,
Sa tète de vieux maraîcher rissolée par le haie ; son vêtemant

Je parle de ce cocher qu'on n'avait pas payé.
J'ai deux mots à en dire :
Il était trop petit.
Il aimait use femme trop grande.
Maintenant j'ôte mon chapeau et j'écoute le
vicomte :

— Un petit homme qui aime une grande femme
est capable de tout, dit le vicomte.

Ah ! mais — Ah ! mais, vicomte, dites-vous
ça pour Adrien?

Ah ! mais — Ah ! mais — c'est que si vous
disiez ça pour Adrien Marx !!!....

Mais vous ne l'oseriez pas, vicomte, n'est-ce pas?— moi non
plus.

Rassurons tout de suite les populations tremblantes :

Le vicomte dit ça pour le cocher.

Le cocher capable de tout dit tout à Rocambole.

Ca fait deux fois que Rocambole sait tout.

Décidément nous n'avons plus besoin de nous inquiéter.

La belle ange est restée par terre dans la pagode.
Elle n'a pas froid aux yeux, mais il ne fait pas trop chaud.
Nous allons remédier à cela.
La porte s'ouvre :
Entrent des Thugs et des bûches.

Des bûches pour un bûcher, des Thugs
Pour l'allumer.
A-t-on payé le charbonnier? — Mystère !
A part cela, tout va bien.
Si nous l'aisiors cuire quelque chose?...
Faisons cuire la belle an,L;c.
V'ian! On la flanque sur le bûcher.
Cric! uneallumette chimique...

Crac ! la belle ange est cuite ! — elle va cuire ! — elle cuit !
Bah ! bah ! pas si cuite que ça ; laissez-moi donc tranquille.

D'abord la fumée gêne les Thugs — et d'un !

Ensuite un coup do pistolet : Pan ! -- et do deux !

Et enfin (ouvrons l'œil, mes frères!) et enfin—et de trois!
la bande à Rocambole qui dégringole par le trou d'en haut.
La banda à Rocambole!... Tous pompiers !!!!
Le bûcher ne fait pas long feu, vous comprenez,

Tous pompiers III!

Et on retire la belle ange qui n'est qu'à moitié cuite. «

Sauvée! merci, mon Dieu!
Merci, vicomte I!

(La suite au prochain numéro.)

Anh. GILL.

PRIME DE LA LUNE

Toute, personne qui prendra un abonnement d'un n
à la Lune , aura droit :

1° Aux numéros parus depuis le 15 septembrejusqu' u
15 novembre 18GG.

2' A un mois d'abonnement gratis, c'est-à-dire que
l'abonné d'un an recevra le journal pendant treize-mois.

Envoyer directement le montant de l'abonnemen! n
mandat ou timbres-poste, à M. Daniel Lévy, directeur
du journal, 5, Cité Bergère ,|à Paris.
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
La dernière mort de Rocambole par Gill
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gill, André
Entstehungsdatum
um 1866
Entstehungsdatum (normiert)
1861 - 1871
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Rocambole, Fiktive Gestalt
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 2.1866, Nr. 36, S. 36_3

Beziehungen

Erschließung

Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg
 
Annotationen