Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La Lune — 3.1867

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0131

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
I

par la porte du Vaudeville ; on vous montrera encore, 5, rue Cor-
neille, au petit hôtel qui porte ce grand nom, la chambrette où
Feuillet, alors étudiant en droit, écrivit pour Ravel je ne sais
plus quelle pochade en un acte, revue et corrigée par Dumersan
et Xavier, et jouée au théâtre de la Mantansier... trois soirs de
suite.

C'est à cette occasion que Paul Bocage, son ami de collège et
son collaborateur dans Echec et mat et La Nuit du Vendredi saint,
s'écria : Je n'irai plus au théâtre du Palais-Royal, ses calembours
m'ont tant scié!...

Octave Feuillet, avant d'être mis en quarantaine au Palais-Ma-
zarin, a écrit et signé cet aphorisme :

« Un candidat à l'Académie est un animal triste. »

Feuillet, l'enfant de la Manche, l'ami des plages désertes et des
falaises ardues, le musicien des vagues harmonieuses, le dor-
meur aux étoiles... ces clous dorés du baldaquin céleste — n'a
eu qu'un rêve dans sa vie de jeune homme... non pauvre : Etre
employé des douanes!...

C'est pour cela qu'on lui attribue ce couplet dans l'œuvre na-
tionale du La ri fia, épopée gigantesque à laquelle médecins, ma-
gistrats, généraux, avocats, avoués, poètes, pharmaciens et vété-
rinaires, ont tous collaboré à l'heure des vingt ans :

Dans le corps de» douaniers,
Lorsqu'un douanier doit nier
Chaque douanier doit nier
Dans le corps des douaniers.

(La suite au prochain Lunéro.)

Justin Lakglois.

FAITS DIVERS... ET AUTRES

A la manière de nos

Grands journaux,
S'ils veulent bien le permettre,
Nous offrons des faits divers

En six vers,
Qu'en musique on pourra mettre.

La Patrie en donne,hélas!

Qu'on est las
De lire, lire et relire ;
Mais tous ceux de ce recueil

Comme l'oeil
Seront frais, — c'est assez dire.

— Un sac d'argent très-dodu

Fut perdu
Par un vieux rentier obèse;
Quiconque le retrouvera

S'en ira
Le rendre rue au Lard, 6eizc.

On le priera, sans surseoir,

De s'asseoir
Et de boire une cannetlc,
Puis de partir tout à fait

Satisfai L
De la récompense honnête.

— Un garçon charcutier

Mourut hier
Au passage Viutimille
D'un excès de saucisson j

Ce garçon
Etait père de famille.

— Un malfaiteur inconnu

Est venu
Déposer des paperasses
De la Banque — chez de» yens

Indigents.
La justice est sur ses traces.

— Un moutard au biberon

jfiul le front
De soustraire à sa nourrice
Tout son pauvre argent qu'il bût.

Beau début
Dans la carrière du vice I

— L'on dit que Ricber est mort

D'un asthme, or,
La nouvelle n'est point fausse.
Depuis longtemps l'on savait

Qu'il avait
Un pied au bord de la fosse.

— L'Etat réduit de beaucoup

Tout à coup
La troupe (et l'on en est aise).
Mais cette nouvelle-là

Est pour la
Plupart des bonnes... mauvaise.

— On lira prochainement

Un roman
Ecrit du style facile
. Auquel vise en vain Babou,
Par About
Qui n'est pas un imbécile.

— Le gros baion Drisse étant

Mécontent
(Selon ce qu'on nous révèle)
D'avoir mis dans des rognons

Trop d'ognons,
S'est fait sauter la cervelle.

— De Ponson, un feuilleton

Fut, dit-on,
Découvert par aventure
Dans un endroit reculé —

Maculé...
Un se perd en conjecture.

— Louis Veuillot l'ultramontain,

Hier matin,
Tartinant dans sa gazette,
N'a traité Garibaldi

De bandit
Que trois fois. — Quelle fltazette k..

— 11 nous faut de tous ces faits

Contrefaits,
Interrompre ici la chaîne
Et dire à nos abonnés

Consternés ;
A la semaine prochaine !

HlPPOLYTB BhlOLLET.

PRIMÏ DI luA LUNft

Toute personne qui prendra un abonnement d'un
an à la Lune recevra gratuitement en prime tous les
numéros parus depuis le 1er avril jusqu'au 15 août.

Envoyer directement le montant de l'abonnement
en mandat ou timbres-poste, à M. Daniel Lévy, direc-
teur du journal, 5, cité Bergère, à Paris.

GAZETTE AU VILLAGE

V... — par Montereau — Seine-et-Marne.
Me voici en pleine campagne !

J'y suis arrivé jeudi soir, à l'heure où — à Paris — les Bouffes
du camp de Châlons effectuaient leur réouverture...

Certes, je ne nie point qu'Otfenbach's-Passage ne soit un des
vide-poches les plus attrayants de la capitale, — et Mlle de Gérau-
don me paraît, sans contredit, une pittoresque créature...

Mais il ne faudrait point calomnier les paysages du Gatinais et
les vaches de Villoiseau.

V...,— où je campe pour le moment, — est un gros bourg assis
sur les frontières de la Brie, comme une vedette de cavalerie
qui, sans se dresser sur ses arçons, pourrait, du haut de sa selle,
apercevoir Sens, Montargis, Fontainebleau et Montereau.

La campagne — à l'entour — est blonde de blés, vertes de vi-
gnes. Le chignon si couru de Zulma-Bouffar ferait difficilement
concurrence aux épia qui moutonnent en flots d'ambre sous ma
fenêtre ; quant à l'absinthe du café de Madrid, elle me semble
trop panachée d'eau, de gomme et de beaux discours, pour qu'elle
puisse lutter d'émeraudes avec les feuilles qui s'enroulent autour
des ceps de Blennes, de Fôrottez et de Thoury.

* *

A la descente de la patache, j'ai éprouvé le besoin de me faire
raser...

Comme si je ne sortais pas des mains de la Commission
d'Examen !

Je suis entré — à cet effet — chez le Lespès (Edmond) de la
localité...

— Aie! me suis-je écrié, vous me coupez !

— Jamais, bourgeois. On connaît ses mentons, que diable!
J'ai arraché la serviette de mon cou, et, la fourrant sous le nez

de mon Samson de village :

— Qu'est-ce que c'est que ces taches rouges, alors?

— Ça? Faites pas attention. C'est la serviette qui saigne.

V... qui compte, je crois, de mille à douze cents âmes. — sans
comprendre un curé, un huissier, un notaire, un brigadier de
gendarmerie et ses quatre Pandore — fait tache dans la plaine
comme une mouche de craie sur un tapis de billard.

On dirait d'un troupeau de bâtisses, — blanches, ensoleillées,
souriantes, — parqué sous la tourelle trapue d'uue église maus-
sade, renfrognée et farouche.

L'ensemble sue par tous les pores le calme, le silence et l'u-
nion.

Eh bien, décalottez ce pâté de maisons ainsi qn'on enlève la
coupole appétissante, dorée et savoureuse d'un vol-au-vent de
Félix, de Lesage ou de Guerbois : A l'intérieur, les boulettes se
font la guerre, les quenelles s'entretuent, les champignons ba-
taillent et les écrevisses se dévorent. Il y a là-dedans des Capulet
et des Montaigu, des Weiss et des Duruy, des Vermorel et des
Cassagnac !...

Un notable me disait :

—- Nous avons fondé un Cercle...

— Pourquoi ?

— Afin d'en exclure le docteur.

*

* 0

Ce docteur est un fidèle de la Lune, Je ne pense pas que la
lecture de notre feuille suffise pour le mettre à l'index. Savant
sans prétention et sans système, ce n'est pas lui qui aurait tué
notre pauvre Lambert Thiboust ou notre cher Auguste Polo. Sa
bonhomie gouailleuse est pourtant quelquefois mortelle...

Un personnage, — haut juché dans l'Etat, — qui a ses domai-
nes aux environs, lui disait, dans la familiarité de la villégia-
ture :

— Croyez-vous que mon nom aux affaires a été accueillie à la
Bourse par vingt-cinq centimes et demi de baisse ?

— Oh ! Excellence, répartit le docteur, vous valez certainement
mieux que cela.

Vimitas vuuitatuiu

... En vérité, les individus ou les choses pour lesquels nous
nous passionnons — en bien ou en mal — à Paris, ressemblent à
une chandelle des six posée dans un goulot de bouteille sur une
table du café des Variétés.

S* flamme vacillante éclaire la table et le café...

qui, perchés sur les beauprés, au-dessus de l'abîme bruyant, hur-
laient comme pour leur plaisir particulier.

Le docteur réglait la marche d8 son canot sur les rares fanaux
qui éclataient çà et là dans les mâtures vibrantes. Les lumières
de3 ponts, à moitié éteintes dans le brouillard et sous les hachures
serrées de la pluie, lui venaient en aide également, mais faible-
ment.

Il fallait que ce diable de Bugg eût une bien grande habitude
de ces expéditions nocturnes, pour ne pas aller s'échouer à cha-
que instant sur les trains de bois, ou donner en plein contre les
chaînes et les câbles tendus dans toutes les directions.

Enfin, après deux longues heures d'une navigation hérissée de
dangers, le canot se rangea le long d'un petit embarcadère en
planches, un peu au-dessus du pont de Waterloo.

Le docteur et ses deux élèves mirent (ces derniers non sans un
vif plaisir), le pied sur le sol sacré de la patrie. Ils se chargèrent
même avec joie du long paquet que les matelots restés à bord
leur passèrent, tandis que M. Bugg glissait une assez lourde
bourse dans la main du plus âgé des marins, en lui disant : «Eh!
toujours «Au petit chien dans le bonnet, » n'est-ce pas?

— Oui, monsieur, à votre service.

— Adieu, garçon ! à une autre fois.

La barque quitta le bord de nouveau, et se perdit bientôt au
milieu des groupes sombres des navires et des steamers.

— Allons, en route, reprit le docteur après un instant de si-
lence, et, se tournant vers ses deux acolytes :

— En route, eu route ! hurla le docteur. Mille parapluies d'a-
cier! nous sommes en retard.

— Oui, monsieur, mais il est diablement lourd celui-ci, répon-
dirent-ils, en soulevant avec peine ce long paquet, enveloppé de
toile cirée, que de loin on eut pu' prendre pour un fantôme taillé
dans de la houille de Newcastle.

A l'instant où le cortège bizarre se mettait en marche, trois
rayons d'une lumière éblouissante, partis de trois points diffé-

rents, tombèrent brusquement sur le docteur et sur ses élèves,
illuminant leurs visages et les aveuglant. En même temps, trois

watchmen se précipitèrent sur eux, leur lanterne sourde à la nuin.

— Au nom du roi, arrêtez !

— Messieurs, répondit avec calme le docteur, en saluant d'un
mouvement de tête les trois gardiens de nuit, je suis le docteur
Bugg, du Strand. Je fais porter chez moi un « sujet d'études »
que le Calcutta, arrivé cette nuit, m'a ramené des sources du Nil.

Les trois watchmen se consultèrent de l'œil, et montrant le
paquet :

— Qu'est-ce ce sujet d'études ?

— Toby, Snob, décousez l'enveloppe, reprit le docteur.

Les élèves exécutèrent promptement l'ordre de leur profes-
seur. Les trois watch-
men se penchèrent ;
un triple cri sortit de
leurs poitrines, et ils
bondirent sn arrière.

Ils venaient d'aper-
cevoir un gigantesque
crocodile à travers les
larges ouvertures fai-
tes dans la toile cirée-

— Messieurs, poursuivit le docteur avec volubilité, cet alligator
musqué sera l'honneur de la collection anglaise; le Jardin-des-

Plantes des Français n'en possède point de pareil, et je compte
l'offrir, lorsqu'il sera préparé, à S. M. Guillaume IV. ,

— Mais pourquoi le portez-vous dans votre demeure au milieu
de la nuit? demanda l'un des watchman, un peu revenus de leur
épouvante. L'heure est singulièrement choisie.

— Si j'avais traversé les rues de Londres eu plein jour, la vue
d'un si horrible animal, bien qu'il soit mort, aurait pu troubler
à jamais la santé des charmantes ladies dont la position intéres-
sante réclame tous les égards.

— Oh ! Shocking ! soupira le watchmen qui avait pris la pa-
role. Mais votre observation est très-juste. Allez-en paix. Et vous
dites que les Français n'auront jamais un animal semblable dans
leur Muséum ?

— Non, par le bistouri des Parques !

— Alors, hourrah, pour la vieille Angleterre !

— Hourrah ! hurlèrent en chœur les deux autres watchmen,
auxquels se joignirent Toby et Snob.

— Hourrah 1 God save the king ! entonna à son tour le docteur,
en se découvrant.

— Hourrah ! God save the king ! Hourrah ! For old England, ré-
pétèrent tous les autres.

— Encore un grognement, messieurs ? demanda le docteur. Et
malgré la pluie diluvienne, les six anglais grognèrent avec en-

emble en l'honneur de leur pays.

Puis on se sépara. Les watchmen tirèrent à droite. Le docteur
et ses esclaves prirent à gauche en remontant vers le Strand.
(La suite au prochain numéro.) Eknbst u'Hbrvjllt.
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Les trente-deux dents du pendu
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Régamey, Félix
Entstehungsdatum
um 1867
Entstehungsdatum (normiert)
1862 - 1872
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 3.1867, Nr. 75, S. 75_3

Beziehungen

Erschließung

Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg
 
Annotationen