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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0155

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LA LUNE

le marquis de boissv. — S'ils n'en sont pas, ils devraient en
être.

Baudelaire. — Marquis, votre voix a le son des crécelles ; pour-
quoi voua brisez-vous des piles d'assiettes dans le gosier : Vous
manquez du ton doux et discret de la supériorité.
ponsard. —

J'en jure par les Dieux, cet homme a bien parlé!
g. planche. — Qu'est-ce que vous dites, vous?
ponsard. — Je dis :

.t'en jure par les Dieux !. ..
g, PLANCHE. — Voulez-vous vous taire!

(En ce moment les rangs s'ouvrent et Voltaire S'avance en
s'iijipuyant sur sa canne.)
voltaire. — Messieurs, je vous salue.

lamsbrt THiBotmî, lui tapant sur le ventre.— C'est donc vrai
que tu as existé? Quel âne tu dois faire? Veuillot m'a dit que tu
ne savais rien de rien, et que Houdon ne t'avait sculpté une sta-
tue que pour se moquer du Théâtre-Français... Allons, c'est égal,
je nè t'en veux pas, donne-moi une prise.

vadé. — Qui est-ce çà, Veuillot ?

lambert thiboust. — Ton éditeur, p.rbleu ! Tu saie bien que
c'est lui qui a remis à la mode ton Catùhisme poissard !

voltaire. — C'est donc un collègue dd Fréron et un admira-
teur de l'abbé Desfontaines?

ponsard. —

J'en jure par les Dieux, cet homme ..

Gustave planche, lui mettant la main sur la bouche. — Ponsard,
ayez l'obligeance de vous taire.

voltaire. — Et que l'ait-on à Rome maintenant?

Baudelaire. — On canonise deux inquisiteurs espagnols.

voltaire. — Ce Veuillot en est-il ?

baudklairk. — Non, Dupanloup est contre lui.

voltaire. — Dupanloup ?

Baudelaire. — Oui, un prélat académicien.

voltaire. — L'Académie revient donc ad vomitum?

Baudelaire. — Que voulez-vous, à son âge!

molière. — Vous n'en étiez pas, Baudelaire?

Baudelaire. — Non, elle m'a refusé, et même, quand j'ai fait
mes visites, M. Viennet m'a pris pour Jud.

eaul-Louis courier. — 11 y avait donc un prince sur le tapis?

Baudelaire. — Précisément. Le duc de Broglie, impotent et
goutteux, ne bougeait plus de son fauteuil : l'Académie pria son
fils aîné de venir lui fermer les yeux.

voltaire. — Mais cependant il me semble que

Ce n'est pas la naissance;
C'est la seule vertu qui fait la différence.

baudklairk. — Voltaire, vous n'êtes jamais à bout.

lambert thiboust. — Mais si I

voltaire. — Comment, Mais si?

lambert thiboust. — Oui Abouti... Edmond!...

voltaire. — Qu'est-ce que c'est que ça !

lambert thiboust. — Farceurl pourquoi renier votre fils!

KEGN'AKl). -

Et même tout bâtard à qui Dieu fa»se paix
S'il en reste quelqu'un quand vient voire décès.

voltaire. — Moi ! des bâtards !

léon rossignol. — Je vais vous dire ce que c'est : About est
un bon garçon au fond, mais les amis l'ont gâté. Un jour, dans
un coin de l'Ecole normale, il avait trouvé une culotte du papa
Arouet : il s'en revêtit...

gresset. — La place et les remparts.,..

léon rossignol. — Et alla se promener dans les bureaux des

journaux. J'eus beau crier : ça, un Voltaire! jamais? Qu'on me

l'avance, que je m'assoie dessus! Il a trouvé ce haut-de-chausses

dans la défroque du vieux ! Mais Sarcey m? ferma la bouche et

dit au peuple naïf en montrant About:

La culotte doit êlre à lui,
C'est la culotte de son père.

voltaire. — Mais par tous les papegots passés et futurs...

ponsard. —

J:en jure par les Dieux 1...

Gustave planche. — Ah çà, voulez-vous vous taire à la lin !

(Deux ombres s'approchent du groupe en se donua?d le bras.)
Baudelaire, en désignant la femme. — Quelle est cette âme?

voltaire. — C'est monsieur Sapho.

baudiîlmre. — Madame, je vous présente mes hommages, on
parle beaucoup de vous sur la terre... Et Monsieur?...

piron. — C'est mon compère, M. le marquis de Sade.

Baudelaire. — Monsieur, je baise les pieds à votre monomanie.
La bizarrerie est radieuse dans sa truculence ; le cynisme est
doux et imperturbable; l'ignominie a ses aurores comme l'inno-
cence ; la vertu est bête et maladive ; les pendus, en tirant la
langue, se raillent sans doute de leurs juges. ...

dorât, tirant sa bonbonnière. — Voulez-vous une pastille?

baudelaire. — Non.

dorât. — .... Crème de pistache à la vanille,
baudelairb. — Me prenez-vous pour un Feuillet?
lambert thiboust. — Est-ce qu'il sait ce que c'est, cet imbé-
cile?

Baudelaire. — C'est juste. Je poursuis.— Donc le ma^ est ac-
tuellement roi .du monde sublunaire. Je l'ai dit, pas un mot de
plus! Les hommes sont grotesques, supprimons-les; il est néces-
saire de faire des trouées dans ce bouillonnement de médiocrités
fainéantes et sinistres.

le moine schwXrtz. — Alors, lu poudre à canon,..

léon rossignol. — Tais-toi, Burnichon de l'humanité.

BAUDELAtRE. — Tu l'as dit, moine, la poudre à canon est la
chose la plus utile à la société moderne, assemblage scanialeux
d'êtres goulus et affamés de matérialités, sans nul souci des
phénomènes psychiques ; pour créer l'humanité, il faut la dé-
truire !

ponsard. —

J'en jure par les...
Gustave planche. — Décidément, Ponsard, vous êtes un cuis-
tre !

Eugène Vermérsch.

PRIME DE LA LUNE

Toute personne qui enverra directement en
mandat ou timbres-poste à M. Daniel Lévy, directeur
du journal, 5, cité Bergère, à Paris, —le montant
d'un abonnement d'un an à la Lune, — aura
droit à l'une des deux primes suivantes :
1" PRIME

Tous les numéros de la I.ime parus depuis le 15 avril
jusqu'au 15 septembre.

Cette prime, complètement ^i-atuite, s'adresse
surtout aux personnes qui désirent collectionner les charges
d'And. Gill.

2e PRIME

Une charmante boîte en cartonnage or et couleur, fabriquée
spécialement pour la I>uiio par la maison Susse, place de la
Bourse, et contenant dix exquises reproductions d'aqua-
relles par Élie dr: Beaumont.

Pour recevoir cette prime dans les départements, on devra
joindre au prix de l'abonnement KO centimes, montant
des frais d'envoi.

AVIS

1° Avoir soin de bien indiquer celle des deux primes qu'on
choisit;

2° Les personnes qui désirent avoir les deux primes de-
vront ajouter une somme de £2 francs au prix simple de
l'abonnement d'un an.

GAZETTE A U, ÉklË

N'en déplaise à Garibaldi — et à monsigiior Dupanloup — pour
les neuf dixièmes de la France, les lièvres et les perdreaux sont
encore les lions du jour!

11 y a bien aussi un autre héros de la saison qui pa6SO avant
le S force moderne, avant le Lamoricière de l'épiscopat, dans l'é-
tonnement des populations, dans leur admiration, dans leur re-
connaissance...

Ce héros-là, c'est le Soleil, — le Soleil qui, sur l'injonction du
Calendrier, aurait dû faire ses malles depuis une quinzaine et
qui s'obstine à manquer le coche!...

Qu'importent, en effet, le Congrès de Genève, le Congrès de

Malines et les deux éloquents braillards à des gens qui— comme
moi — cheminent leur automne dans la plaine, entre les vignes
qui lougeoicnt et le gibier qui gagne au pied?

Que, par une erreur volontaire, le général et l'académicien
aient changé de rôle en cette circonstance ; que le sabreur fasse
le casuite en Suisse, que le prélat fasse le zouave en Belgique, en
tuerons-nous un lapin de plus, en cueillerons-nous une grappe de
moins?

Croyez-mni, Parisiens, mes frères :

Les bulletins de la santé du docteur Véron ne font pas tortir le
chevreuil, ne font pas mûrir le raisin.

* ■

Qliuè ! pove.ro dottore ■'

Mettra-t on sur son corbillard, avec le cordon rouge de la Lé-
gion d'honneur, le cordon bleu de la cuisinière Sophie?

Çà! vite! avant qu'il soit passé de faux-col a linceul, rappelons
une anecdote qu'il serait peut-être inhumain de répéter au cime-
tière :

*

* *

L'illustre rédacteur du Constitutionnel ee sentit, un matin, des
velléités de lègilimisme.

Aussitôt, il part pour Frohsdorff et dépose ses hommages aux
pieds du comte de Chambord.

Au retour de ce pèlerinage, il rencontre Roger de Beauvoir et
l'abordant avec un geste familier qui consiste à remonter sa cra-
vate pour cacher, ussure-t-on, certaines cicatrices :

— Ah! mon cher, j'ai vu le prince! Il est charmant ! 11 m'a
louché !...

— Il'vous a touché? riposte Roger. Eh bien, alors, vous êtes
guéri?

On me raconte qu'il y a quelques années, monseigneur Dupan-
loup s'aventura, — en excellente compagnie du reste, — au con-
cert des Champs-Elysées.

On y jouait la polka des Baisers, de Musard, vous savez, celle
ou une partie de l'orchestre figure avec ses lèvres le bruit de
deux bouches qui ee becquotteut.

L'Evêque d'Orléans parut l'écouter avec un plaisir évident.

— Monseigneur, lui demanda Mme de M... pour l'embarrasser,
comment trouvez-vous ce morceau?

— Très-amusant, madame. Ces musiciens imitent supérieure-
ment le chant des oiseaux.

La dunie <jul ferme »oh pei*nienneta

Vous venez do la rencontrer aux environs d'un chemin de fer
quelconque;..

Elle était en toilette de. voyage : la robe poussière des routes
retroussée sur un jupon écarlate, la bottine de cuir fauve, la
plume- au feutre, l'aumôjuère à !a ceinture, le plaid à l'épaule.
Elle vous a souri P. P. C.

— L'heure du départ a.sonné. liade est en fleurs, Biarritz en
féte. Nous nous reverrons en décembre, aussitôt que l'Hiver
rouvrira ses salons. J'emporte le strict superflu : aussi n'aurai-jc
guère à payer que vingt-cinq louis de supplément pour mes
bagages...

*

* *

La dame s'est promenée dans la gare toute la journée.,.

A la nuit close, elle est rentrée chez elle en faisant !ous les ef-
forts imaginables pour ne pas être aperçue de ses voisins, de son
portier...

Sa bonne avait fermé hermétiquement les persiennes de son
appartement...

C'est derrière ces persiennes que la dame restera trots mois...
Trois mois !
Misère et Mazas !

Il fait nuit! On n'allume pas! Elle est seule!...

L'air, la lumière, la vie viennent se briser contre les lames de
bois cadenassées au mur!...

Un cercueil serait moins muet, moins sombre, moins lugubroque
ce salon cellulaire su r lequel pèse, plus que six pieds de terre, l'é-
crasr.nte vanité d'une femme!

Cette saehette moderne est une lionne pauvre ou une cocotte
honteuse...

yous la retrouverez le mois prochain à la première, représen-
tation de Geneviève de Brabant aux Menus-Plaisirs...

— Tiens ! vous dira-t-elle, vous n'avez donc pas quitté Paris
cet automne ?

— Mais si : je suis allô à la mer, H-bas, en Normandie...

— Nous, nous étions en Allemagne Peuh ! votre mer! l'em-
bouchure du ruisseau de la rue du Bac!...

Si, au contraire, vous avez répondu :

— Je suis allé là-bas, sur le Rhin, en Allemagne...

— Nous, nous étions en Normandie. Pi! votre Bhin! le canal
Saint-Martin des burgraves et des ondines!...

Bordeaux est certainement la mare — pardon — la ville de
l'Empire où barbottent le plus de canards.

En voici deux nouveaux en bris de coque : l'Homme gris et le
Fouet. „

rences d'un vieillard de haute taille, vêtu d'une redingote longue"
boutonnée soigneusement. Un ruban rougo
fané ornait sa boutonnière supérieure.

I ne canne de jonc, à pomme terrible,
pendillait le plus souvent au croc de fer
qui terminait le moignon de son bras
coupé.

Un chapeau à ailes retroussées, incliné

sur l'oreille gauche, protégeait son crâne
dénudé contre les intempéries des saisons.
Sur l'œil absent, un bandeau inamovible
étalait son tafetas noir. Diverses balafres
hachaient de part en part ses traits rudes
et bronzés. Sa barbe, d'un poil roussàtre et
dru, blanchie par places, sortait de l'inté-
rieur d'une oreille pour alltr sengouffrer
de nouveau dans l'autre, après avoir cô-
toyé les pommettes, rampé sur le bord des
lèvres et pénétré dans les narines.

L'œil unique du colonel Foudrebleu flam-
boyait constamment, amer et provoca-
teur, dans les broussailles d'un sourcil

irrité. . •

Son menton rasé, bleu, était englouti dans un col de satin noir,
véritable instrument de torture, d'une hauteur de vingt centimè-
tres, qui, après avoir étreint le cou du guerrier, se perdait dans
les profondeurs du collet de la redingote.

Ainsi coiffé, ainsi vêtu, redressant le buste et fumant un excel-
lent cigare — le seul luxe du colonel — ce respectable débris de
Wagram et de Montmirail se rendait au café Hainsselin, au bou-
levard du Temple.
Une modeste tasse de chocolat, suivie dans sa der re de-

meure par un petit pain dévoué, composait le repas du miWTaire
en retraite.

Après quoi, arpentant les boulevards, la canne au cjmc, le co-
lonel Foudrebleu allait à ses occupations. Ces dernières consis-
taient, faut-il l'avouer, en un jeu sans
frein, entre compagnons de gloire.

Le jeu était le péché mignon de ce vieux
brave. Le colonel n'aimait pas le vin.
Quant aux » belles » — à part Mlle Ul--n-
che Rivoli, sa nièce, à laquelle il comp-
tait un jour confier ses vieux ans et son

humeur atrabilaire, en même temps que son honneur, — le dra-
gon valétudinaire ne leur accordait qu'une estime médiocre.

XI

ftltideiiiolaelle Blaneli» Rivoli

Oui, le colonel adorait les cartes. Mais il avait encore uDe autre
passion. Rencontrer un Anglais, l'appeler en combat singulier et
lui arracher l'àme, après l'avoir ruiné complètement, telles étaient
les dernières joies de ce cœur essentiellement français.

Le nombre des malheureux insulaires auxquels il fit mordre la

poussière —
sur le gazon
du bois de
Vincennesy
est incalcula-
ble. On doit
attribuer à
ces hétacom-
bes humai-
nes, un engrais puittant co nn r
savez, —la fertilité particulière d
bles de ce lieu de plaisance.

Boulogne avait eu sa petite part de cadavres britanniques. Et
je suis porté à croire que les squelettes qu'on retire quotidien-
nement aujourd'hui des puits de la banlieue doivent leur tombe
humide à l'épée valeureuse du colonel Foudrebleu.

Si le colonel était heureux au jeu, pas n'est besoin de le dire !
Mais en amour, il n'avait pas tout à fait la même chance.

Mlle Blanche Rivoli, une jeunesse fantasque, recevait les sou
pirs de son oncle avec un ennui qu'elle no cherchait pas à dissi-
muler. Le manque de respect, c'est encore de la franchise.

Erstst d'Hkrvilly.

{La suite au prochain numéro).
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Les trente-deux dents du pendu
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Régamey, Félix
Entstehungsdatum
um 1867
Entstehungsdatum (normiert)
1862 - 1872
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
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Digitales Bild
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Public Domain Mark 1.0
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La Lune, 3.1867, Nr. 81, S. 81_3

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