Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Ducuing, François [Hrsg.]
L' Exposition Universelle de ... illustrée (Band 2) — Paris, 1867

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.1336#0222
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
222

L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 ILLUSTREE.

Ne voyez-vous pas maintenant l'importance
de cette industrie, dontje n'ai pu vous montrer,
qu'un côté bien restreint, celui de la fabrica-
tion de luxe, et qui met cependant tant de bras
en mouvement, quialimentetant d'industries,
tantde professions? Aussi, à Paris, des quar-
tiers entiers sont presque exclusivement occu-
pés par des fabricants de meubles, la rue et le
faubourg Saint-Antoine, les quais avoisi-
nants, etc., tandis que les passementiers, les
quincailliers, les marchands d'étoffes, tous
les chefs de métiers qui travaillent pour les
tapissiers et les marchands de meubles, se
pressent dans les quartiers Saint-Denis, Saint-
Martin, du Temple, etc.

Tout en élevant les salaires, tout en don-
nant plus de soin, plus d'élégance à leurs
meubles, les fabricants ont néanmoins baissé
dans une proportion assez forte la moyenne
de leurs prix. Ils ont en cela suivi plus ou
moins une maison que la perfection de son
travail, l'étendue de ses opérations, les nom-
breux débouchés qu'elle s'est ouverts, le
nombreux personnel qu'elle emploie, placent
à la tête de l'industrie du faubourg Saint-
Antoine. Modeste encore sous la direction de
M. Krieger, le fondateur, cet établissement a
pris entre les mains de M. Racault, et de
son associé, M. Colin, toute l'importance
d'une usine de premier ordre. — Mais lt-s
lecteurs de l'Exposition universelle illustrée
n'ont pas oublié les quelques lignes con-
sacrées par un de nos collaborateurs à l'or-
ganisation et aux travaux de cette vaste
usine.

Il est difficile, en parcourant la galerie des
meubles, d'établir une diff rence bien accu-
sée entre les mérites des nombreux expo-
sants. Nous ne sommes plus au temps des
secrets de fabrication, des procédés particu-
liers que l'on se transmettait mystérieuse-
ment de père en fils. Les bois employés sont
les mêmes, l'outillage ne varie pas; reste le
dessin, la forme, les ornements; ici l'imagi-
nation, l'invention peuvent se manifester et
créer des différences sérieuses. Mais, je l'ai
dit, l'imitation des styles consacrés est pres-
que imposée aux fabricants par leur clientèle.

Comme dan3 toutes les industries, quel-
ques maisons s'élèvent au-dessus'des autres
par la richesse, le bon goût, l'élégance de
leurs meubles. Ainsi, les maisons Fourdinois
(qui a obtenu le grand prix), Racault, Beur-
deley, Grohé (hors concours), exposent des
lits, des tentures, des sièges que l'on ne trou-
vera certainement pas chez les concurrents.'
Mais, après ces importantes maisons, au-
dessus de- toute comparaison, je pourrais
compter une vingtaine d'établissements qui
se distinguent par des qualités semblables,
et méritent les mêmes éloges.

Je citerai, entre autres, MM. Guéret frères,
qui exposent un très-beau buffet-dressoir de
salle à manger, surmonté d'une tête de cerf,
et orné d'un beau panneau sculpté en relief.
Le tout en chêne. Ce meuble a obtenu une

médaille d'or; —M. Roux, qui a obtenu une
récompense semblable pour une belle biblio-
thèque à quatre panneaux vitrés, en bois de
rose, et une table à incrustations de cuivre,
dans le genre des marqueteries de Boule ; —
M. Lanneau (médaille d'argent), dont les
sièges sont d'une forme à la fois originale et
élégante; — M. Deville, qui expose un très-
beau lit orné de marqueterie et richement
drapé de velours rouge; — M. Buffet, pour
ses armoires à glace en bois de rose et en
ébène, et une bibliothèque en chêne, à trois
corps, d'un très-beau style; — M. Quignon,
dont les beaux travaux de tapisserie ont con-
sacré la réputation ; — MM. Mercier frères,
qui ont réuni dans leur compartiment le mo-
bilier d'une chambre à coucher, lit, armoire à
glace,chiffonnier, fauteuils, chaiseb;isse,etc,
le tout tendu de soie bleue et fort harmonieux
à l'œil.

Le jury a donné à M. Semey une médaille
d'argent pour une bibliothèque en ébène
sculpté, à cinq panneaux vitrés, que les
amateurs de beaux meubles ont tous remar-
quée.

M. Bontung est un des premiers en France,
je crois, à employer le bois de camacon, ré-
cemment découvert à Manille (Océanie). Ce
bois, d une assez belle couleur rouge, rap-
pelle par ses dessins les veines du thuya.
M. Bontung lVmploie pour ses panneaux, en
l'encadrant de bois d'amarante dont la nuance
violette fait ressortir le rouge du camacon.

Je n'aime pas beaucoup le buffet-dmsoir
de MM. Allard et Chopin, chargé de médail-
lons de faïence peinte et de terre cuite en
relief. Le jaune pâle du chêne ne s'harmonise
pas suffisamment avec les peintures bleu
foncé de ia faïence, et la couleur de la terre
cuite. Peut-être le. temps, en brunissant le
chêne, donnera-t-ii cette harmonie de tons,
que je chtrche vainement aujourd'hui, et
c'est, je pense, dms cette assurance que
MM. Allard et Chopin, dont l'expoàtion se
distingue par le bon goût et le choix heureux
des modèles, ont construit ce meuble.

Une exposition intéressante à plusieurs
points de vue est celle de l'association des
ouvriers menuisiers en fauteuils. Sous la di-
rection de M. V. Baron, cette association,
véritable type des sociétés coopératives, a déjà
obtenu une médaille de bronze en 1855. Et
en 1867, une nouvelle récompense est venue
encourager les efforts de cette réunion dont
l'exemple sera certainement suivi.

La société des Beaux-Arts appliqués à l'in-
dustrie, qui compte parmi ses membres des
artistes distingués, des fabricants de premier
ordre, des publicistes, des gens du monde,
expose dans un salon-bibliothèque, organisé
par M. Guichard, les œuvres ou la reproduc-
tion des œuvres de plusieurs sociétaires.
Ainsi, à côté des photographies rappelant les
toiles de quelques artistes, à côté d'une très-
belle bibliothèque en ébène ornée de statues
en bronze, de MM. Mazaroz-Ribailler, Mme la

comtesse de Dâmpierre expose de jolis écrans
en papier découpé et quelques terres cuites,
qui font pendant à de belles porcelaines
peintes envoyées par Mme la comtesse de
Saint-Albin.

Je ne connais pas un plus noble emploi
des loisirs qu'une grands fortune fait à ces
dames que celte active et directe coopération
donnée à cette Société, dont l'action peut être
si féconde pour le développement et les pro-
grès de nombreuses industries.

A mon grand regret, il m'est impossible
de citer tous les noms des exposants de la
classe 14. Je dois me borner à désignera
l'attention publique ceux que le jury a trou-
vés supérieurs à leurs concurrents, et quand
j'aurai nommé M. Lemoine, qui a obtenu une
médaille d'or pour ses meubles sculptés et
ornés d'émaux, d'incrustations de cuivre,
d'ivoire, et M. Roudillon (médaille d'or),
dont le lit exposé dans le grand vestibule est
bien connu des visiteurs, je devrai clore cette
liste.

Et maintenant, si je jette un coup d'œil
d'ensemble sur les produits de nos exposants,
je constate ee que l'on remarque dans tous
les arts, c'est le peu de chemin que nous
avons fait depuis nos ancêtres. — Les fabri-
cants modernes ont à leur disposition bien
des maiièrcs premières qui manquaient aux
artistesdessièclesantérieurs, leurs moyens de
fabrication sont plus rapiies, moins coûteux;
— l'emploi de nombreux bois da luxe, de
nombreuses étoffes, la soie, la laine, le velours,
le damas, la tapisserie, sans compter le crin,
le cuir, etc., leur permettent de varier les
couleurs, l'aspect de leurs meubles, d'en aug-
menter la richesse. Ces meubles en sont-ils
plus beaux? Non, ils sont plus luxueux, voilà
tout. Mais comparez les meubles modernes en
chêne, aux crélences, aux prie-Dieu, aux
bahuts, aux dressoirs des quinzième et sei-
zième siècles; comparez les meubles de mar-
queterie aux bonheurs du jour, aux chiffon-
niers, aux tables du dix-huitième, et vous
serez convaincus de celte triste vérité que la
question d'art n'a pas fait un pas. Y a-t-il
au moins progrès au point de vue industriel
et économique ? La classe 91 répondra oui.
Mais je réponds non pour la classe 14-. —
M. Munz expose un meuble de chambre
à coucher, composé d'un lit, d'une armoire,
d'un chiffonnier et d'une table de nuit, et
donne le tout pour la bagatelle de 8000 francs !
Combien l'eût-on payé il y a cent ans ?

Victor Cosse.

VII

Les Chaussures. — Classe 35.

Nous allons jeter un coup d'œil rapide sur
.'ensemble des exposants de la cordonnerie,
 
Annotationen