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Ars: časopis Ústavu Dejín Umenia Slovenskej Akadémie Vied — 41.2008

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Vargin, Olivier: Regards sur l'art de "l'Autre" Europe: L'art contemporaine est-européen après 1989
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https://doi.org/10.11588/diglit.51713#0264

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ŠTÚDIE / ARTICLES

ARS 41, 2008, 2

Regards sur l’Art de «FAutre» Europe.
L’art contemporain est-européen après 1989

Olivier VARGIN

«Toutes sortes d’évènements sont là, imprévisibles. Ils ont
déjà eu lieu, où ils sont en train de nous parvenir. Tout ce
que nous pouvons faire, c’est de braquer en quelque sorte un
projecteur, maintenir l’ouverture télescopique sur ce monde
virtuel, en espérant que certains de ces évènements auront
l’obligeance de s’y laisserprendre. Ta théorie ne peut être que
cela: un piège tendu dans l’espoir que la réalité sera asseq
naïve pour s’y laisser prendre. T’essentiel est de braquer le
projecteur dans la bonne direction. Mais nous ne savons pas
où est la bonne direction. Ilfautfouiller le ciel...»’ voilà ce
que Jean Baudrillard écrivait dans son essai sur Ta
Transparence duMalfSTM). Visionnaires ou modernes,
aux intonations proches de l’examen de conscience
voire de la repentance, ses mots retiennent notre
attention et invitent nos consciences à braquer nos
regards au-delà de nos centres.
C’est une image qui traduit ce fait que l’on ne peut
échapper aux limites de la perception et de la récep-
tion du monde dans lequel on vit, plus que limitée,
confinée, pour ne pas dire étranglée par l’inconnu, cet
environnement obscur — parce qu’oublié ou ignoré
— qui l’entoure. Une image mettant en exergue les
faiblesses d’un comportement sujet à l’oisiveté et
la paresse, ayant accès et recours aux solutions de
facilité comme celle que nous décrit la philosophe et
artiste slovène Marina Gržinič dans un de ses essais,
concernant l’Europe de l’Est et son interprétation
(Occidentale) consistant à «regarder mais ne pas voir,
entendre mais ne pas écouter» r
Une attitude qui est devenue une habitude, trou-
vant sa raison d’être dans les préceptes du confort
qu’elle engendre, à savoir le narcissisme, l’intérêt

1 BAUDRILLARD, J.: Læ Transparence du Mal. Paris 1990.

particulier, le refus de se risquer et/ou celui d’être
choqué par l’image de l’horreur, du chaos, le reflet
ou le miroir de ce qu’il (Occident) est ou de ce qu’il
peut représenter. Attitude ayant perdurée pendant
les guerres en ex-Yougoslavie et en Tchétchénie
entre autres, qui ont vu des populations mourir par
milliers et demander refuge par millions. Attitude
faisant le lit du concept d’«Etranger», de la notion
de l’«Autre».
L’«Autre» a pris une dimension historique et
mondiale au XXe en devenant un qualificatif dé-
terminant de part et d’autre du Rideau de Fer. Un
substantif revêtant en Europe de l’Est un caractère
particulier, si ce n’est plus important, du fait de sa
prolongation au-delà de l’effondrement soviétique et
de la disparition d’un des deux mondes. Un terme
faisant de l’Est pour l’Ouest, un étranger, un espace,
une histoire du «nulle part» que seuls les météorolo-
gues et scientifiques les plus éclairés connaissent. Un
vocable édifié, de part et d’autre, sur la séparation, la
méfiance, l’animosité et la tension, le ressentiment
et la déception, la mystification et la diabolisation,
l’image artificielle et manipulatrice de l’étranger et de
l’ennemi, du bon et du mauvais, du progressif et du
régressif, de l’humain et de l’anti-humain, enfantant
une séparation absurde, irrationnelle, tragi-comique
et erronée de l’Europe, comme une schizophrénie
dangereuse et burlesque.
Un «Autre» falsificateur voire machiavélique pré-
sentant la séparation comme un fait éternel, intempo-
rel, inchangeable, irrévocable et irréversible, menant
droit à la destruction de la pensée historique, ainsi
2 Art en Europe 1990 — 2000. Dir. G. MARANIELLO. Paris
2003.

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