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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Soldi, Émile: La sculpture égyptienne, [2], Marché de l'art et considérations générales
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0198
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LA SCULPTURE ÉGYPTIENNE, 179

La sculpture était déjà en pleine décadence en Egypte quand les Grecs s'inspirèrent des
principes de l'art de ce pays et de celui de l'Assyrie ; ils n'en subirent pas longtemps le joug, ceux-ci
ne donnant pas à leur caractère léger, voluptueux, vaniteux, les satisfactions qu'ils voulaient tirer de
toutes choses ; sans politique déterminée, voyageurs et, par conséquent, très-tolérants, ils laissèrent
facilement s'implanter chez eux, mais en les façonnant à leur image, les dieux des Égyptiens, des
Syriens et d'autres peuples. Leur religion en devint plus riche, plus étendue et plus variée; les
prêtres, étant poètes, purent lui donner une souplesse sans exemple dans les autres pays, et l'art put
chercher à sa guise et créer des types nombreux.

Sans doute, toute religion nouvelle chez un peuple crée aux arts une source d'expressions qui, par
le mouvement donné aux esprits, atteint très-vite son point culminant ; mais en revanche, le progrès
n'est jamais plus menacé que lorsque, tout le pouvoir étant tombé dans les mains des nouveaux
dominateurs, ceux-ci laissent s'écouler des siècles sans favoriser les évolutions nécessaires à toute
société. Nous en serions nous-mêmes aux discussions des scolastiques et aux peintures byzantines,
si le goût nouveau, avivé par la découverte et l'étude des antiques et des classiques, n'était venu
donner un mouvement et amener une révolution calme et lente, mais assez puissante pour permettre
à la science et à la critique de protestèr contre la plus grande de toutes les décadences : l'immobilité.
L'art surtout subit cette loi : si la religion ne se modifie pas en même temps que la société,
l'expression artistique ayant été trouvée et perfectionnée, on tombe dans les redites. Même chez les
peuples les plus doués de vitalité et d'originalité, comme les Grecs, le christianisme a été nécessaire
pour leur faire retrouver une nouvelle expression artistique. Aujourd'hui, l'art chrétien ne fait plus
que reprendre lès traditions de ces deux dernières époques.

Le grand danger, c'est que le jour où la masse s'aperçoit qu'elle est restée en arrière des progrès
de ses voisins, une révolution, violente à l'excès, attaque ce passé. L'Égypte, après une longue
décrépitude où l'art, la langue, l'écriture sont en pleine décadence, devient une préfecture romaine.
La religion chrétienne fut impuissante à y opérer une révolution artistique. Il faut attendre que le
Coran apporte, à son tour, une nouvelle transformation pour que l'art entre dans une nouvelle phase
en Égypte ; mais, par-cette loi curieuse qui fait qu'un excès en amène un autre, la sculpture, après
avoir joué un rôle prépondérant dans la première religion, sera complètement éliminée dans la
troisième, et aujourd'hui, après avoir produit des chefs-d'œuvre, voici sej>t mille ans, la sculpture
égyptienne n'existe plus.

Emile Soldi.

Captifs employés a bâtir un temple d'Amon, a Thèbes.
D'après une peinture égyptienne de la XVIIIe dynastie.
Fac-similé d'un dessin de H. Valentin.
 
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