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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 1)

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Dubouloz, John: Lettres anglaises
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https://doi.org/10.11588/diglit.16908#0090
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62 L'ART.

dernière plus qu'admirable. Un grand génie, ce Turner, et tout aussi grand dans ce qu'on appelle
les écarts de ses derniers jours que dans ses œuvres les plus faites.

Le fils de Constable a pieusement honoré la grande mémoire paternelle en exposant cinq
œuvres inédites de l'illustre artiste dont le souvenir, chose étrange, est peut-être plus vivace en
France qu'en Angleterre.

Je ne m'arrêterai pas aux tableaux anglais de Sir John Neeld, Bart. J'aime mieux vous
signaler son Metsu, le Corset bleu (n° 119), qui est de la grande peinture sur un tout petit
panneau; ce bijou daté de 15:77 n'est autre chose qu'un chef-d'œuvre; tout est à louer, mais la
tête de l'homme est peut-être plus extraordinaire encore qtie tout le reste. Fort beau aussi et bien
authentique son Alcade espagnol (n° 130) et rare, rarissime même. Que de gens croient posséder
un Velasquez quand ils n'ont qu'un Careno!

Un morceau bien précieux aussi, et non moins rare, c'est le Van der Meer de Delft de Lord
Powerscourt. C'est prodigieux de lumière et de finesse de ton ; malheureusement la peinture a été
bien écrasée au rentoilage ; mais quoiqu'elle ait souffert, c'est un morceau de délicat.

Le portrait de Rembrandt (11" 171) peint par le maître en 1661, n'est plus d'une pureté
absolue ; ce n'en reste pas moins une merveille, et tout le monde en jugerait ainsi si la toile de
Lord Kinnaird n'avait pas pour voisin immédiat ce Moulin de Rembrandt (n° 172), — au marquis
de Lansdowne, — œuvre inouie, inspiration grandiose, d'une inénarrable poésie, d'un art qui
tient tellement du prodige que, fasciné, vous restez fixé sur place et ne pouvez vous arracher à ce
sublime enfantement du génie. Parmi tant de richesses réunies à Burlington House je n'hésiterais
pas un instant, c'est ce paysage que j'aurais avant tout à cœur de conquérir.

Parler des Ruysdael après ce Rembrandt n'est point chose possible. Le maître de Harlem est
de trop haute lignée pour être apprécié par le contingent de cette exposition. Ce que nous voyons
ici de lui a subi l'atteinte de mains sacrilèges, ou a terriblement poussé au noir.

Je préfère m'arrêter devant la fort belle vue panoramique de Philip Koning à M. W. H. Grenfell,
et signaler l'Hobbema du baron Lionel de Rothschild et surtout son ravissant Adriaan van Ostacle,
un intérieur de son meilleur faire ; ce que je n'accablerai pas d'éloges, c'est son George Romney
—■ une Lady Hamilton (n° 92) — qu'avec la plus forte dose de bonne volonté il n'y a pas moyen
d'accepter ; c'est mauvais au possible et quand on possède tant de tableaux de choix, une collection
si justement renommée, il n'est pas permis d'y égarer une toile d'une valeur aussi contestable, pas
plus que Miss Hannah de Rothschild ne devrait admettre chez elle Un jeune homme qu'a pu
peindre autrefois Angelo Bronzino (n° 149), mais que des Vandales se sont, hélas ! chargés de
repeindre sans pitié ni remords.

Arrivons aux Italiens après avoir salué au passage l'intéressant Portrait de Louise de
Lorraine (n° 208) exposé par M. Alfred Morrison. Ce n'est point par leur parfaite conservation que
brillent un trop grand nombre de peintures italiennes que l'on rencontre dans les collections
anglaises. L'Académie a l'heureuse fortune de nous permettre d'étudier quelques belles exceptions :
avant tout un Portrait de jemme (n° 210) par Domenico Ghirlandaio, daté de 1488, du caractère
le plus élevé, du faire à la fois le plus simple et le plus précieux; un excellent buste de jeune
homme appartenant au duc de Devonshire qui le croit de Léonard ; il vaut mieux le restituer à
son véritable auteur, au Beltraffio; deux charmants panneaux d'Andréa del Sarto (nos 209 et 212)
au comte de Warwick, un fort important Paris Bordone de la plus puissante tonalité : Christ
disputing jvith the Doctors (n" 148), au baron Heath ; un Paul Véronèse (n" 142) à Lord Kinnaird,
un Titien-—le Mariage de Sainte Catherine (n° 141) — à M. W. H. Grenfell, un Tintoret (n° 133)
au vicomte Powerscourt dont j'ai eu le tort d'omettre un des meilleurs Jan Davidsz. De Heem
(n° 254) que je sache.

Je suis loin d'être au bout ; il resterait maintes peintures à signaler, mais je suis forcé de' me
restreindre aux œuvres principales. Je ne me suis déjà que trop laissé entraîner ; il est temps que
je me rappelle ma promesse de vous entretenir des institutions de South Kensington.

John Dubouloz.

{La suite prochainement.)
 
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