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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Énault, Louis: Le Mont-Saint-Michel, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0114
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LE MONT-SAINT-MICHEL

(suite et fin1.)

es traditions, sur l'autorité desquelles il serait
peut-être difficile de se prononcer, veulent
que le Mont-Saint-Michel, alors désigné sous
le nom de Tombe, à cause de sa forme exté-
rieure, ait été consacré par les Druides comme
un sanctuaire religieux. Ils auraient révéré cet
autel sublime à Légal de leurs dolmens et de
leurs menhirs les plus célèbres, et ses cimes
escarpées auraient vu, dans les grands jours
solennels, défiler le cortège des prêtresses
celtiques, les blondes sœurs de Norma et de
Velléda, portant la ceinture étoilée, couronnées
de gui et de verveine, et faisant sonner sur
leurs épaules les flèches enchantées, dans leurs
carquois d'or. Plus tard, les Romains, qui l'occupèrent à leur tour, le dédièrent à Jupiter, dont
il porta le nom, — Mons Jovis, lisons-nous dans les anciens historiens, — et ils y sacrifièrent
au plus puissant de leurs dieux.

Pendant la domination des rois mérovingiens, qui avaient englobé cette partie de la France
dans leur royaume de Neustrie, des moines s'étaient retirés sur ces hauteurs, et ils y servaient
Dieu, l'adorant en esprit et en .vérité. Le ciel leur prouva par un miracle qu'il agréait leur
prière ; car dans ce lieu, privé de tout secours, où l'on ne peut ni semer ni récolter, ils furent
nourris d'une façon surnaturelle, et sans avoir jamais à s'occuper du pain quotidien. Ce n'était
pas un corbeau qui leur apportait leur dîner, comme il arriva jadis au prophète Élie, dans les
grottes du Carmel; c'était un petit âne, qui, conduit par un esprit céleste, mais invisible, venait à
eux, malgré vent et marée, par des sentiers impraticables pour tout autre que pour lui, chargé
par des mains inconnues de tout ce qui pouvait être nécessaire aux bons ermites.

Cependant, un prêtre du nom d'Aubert, qui demeurait dans la ville d'Avranches, fut averti
par une révélation, dont il reçut la faveur pendant son sommeil, qu'il devait bâtir en ce lieu un
temple au bienheureux archange saint Michel, un des sept esprits lumineux qui se tiennent tou-
jours debout devant le Seigneur, et le vainqueur du démon dans la grande bataille que se livrèrent
les bons et les mauvais anges, au commencement des siècles; celui-là même qui est plus spéciale-
ment préposé à la garde du Paradis, et qui introduit les âmes prédestinées dans le séjour de
Léternelle félicité. Cependant comme Aubert, bien qu'il fût un saint homme, n'attachait pas une
très-grande importance aux visions, surtout à celles qu'il avait pendant son sommeil, il ne tint
pas compte des deux premiers avertissements — sans frais — qui lui venaient d'en haut. Mais la
troisième sommation fut accompagnée de moyens coercitifs qui lui donnèrent à réfléchir. L'envoyé
de Dieu lui fit un trou à la tête avec son doigt. Cette tète avec son trou, on peut la voir aujour-
d'hui encore dans l'église Saint-Gervais, une des églises paroissiales d'Avranches. Cette fois,

1. Voir l'Art, 4" année, tome Ier, pages 241 et 27;, et tome II, page 55.

2. La gravure que nous avons publiée page 59, les Tours du Châtelct, entrée de l'Abbaye, a été exécutée par Léveillé, d'après un dessin
de Léon Gaucherel.

Tome XIII. 15

VII

Lettre tirée d'un antiphonaire du xiv siècle.
Dessin de Léon Gaucherel 2.
 
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