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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Des galeries et des musées de Florence, [2]: Lettre à M. le Directeur de L'Art
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0108
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ainsi que le collier, les bracelets, les boucles d'oreilles et le
bijou à tète de Me'duse qui boutonne la tunique. Sa main gauche
porte cinq bagues à l'une desquelles s'ajuste une petite clef, celle
apparemment de son e'crin. Des deux coussins sur lesquels elle
s'appuie, l'un est jaune à bandes rouges, l'autre violacé à
bandes blanches. Les longues franges jaunes et violacées et qui en
descendent sont travaillées avec une liberté, une hardiesse dont
l'art antique n'offre point d'autre exemple. — « Enfin il s'agit
là d'une découverte — c'est l'avis du savant archéologue
\V. Helbig — par laquelle l'étude de l'art libre étrusque pourra
faire de gigantesques progrès. » — Mais il est temps de nous
séparer de cette charmante Larthia Séjana, et de ce musée étrus-
que à l'inauguration duquel le ministre de l'instruction publique,
M. Correnti, présidait le 12 mars 1871 à l'ancien monastère de
Foligno, à côté du musée égyptien.

C'est en l'année 1866 que M. Gotti, directeur des musées
de Florence, songea à utiliser le curieux corridor construit par
Vasari en 1564. Ce corridor, traversant l'Arno sur le ponte
Vecchio, met en communication le palais Pitti et sa galerie avec
celle des Offices et avec le Pala^oVecchio, aujourd'hui palais
municipal. Dès lors ce passage a été ouvert au public, et les visi-
teurs peuvent se rendre de l'une à l'autre galerie en narguant
les intempéries de l'hiver et de la canicule, tout en s'oubliant à
chaque pas devant des merveilles de l'art. C'est là que vous
retient d'abord cette riche collection de dessins des grands
maîtres, où ils ont tout l'air de vouloir vous révéler le secret de
leur science et de leur génie. — Plus loin, comme pour apaiser
votre émotion et reposer votre esprit, une longue série d'an-
ciennes tapisseries françaises, flamandes et florentines, flatte
agréablement la vue, et vous permet d'avancer d'un pas moins
lent vers les chefs-d'œuvre qui vous attendent au bout de ce
trait d'union d'un bon kilomètre. Toutefois Bartolomeo Ligozzi
vous retient encore, et captive votre attention avec ses gouaches,
où la reproduction d'un grand nombre de plantes, de fleurs et
d'animaux vous fait l'effet d'une gageure que l'artiste aurait sou-
tenue et gagnée contre ses modèles. — Une annexe de ce cor-
ridor a été affectée aux estampes dont la riche collection avait
été jusqu'alors trop bien gardée en ses cartons.

Permettez, Monsieur, qu'au risque de par trop dépasser les
limites d'une simple lettre, je vous dise un mot des musées de
San Marco et du Bargello. Institués depuis une quinzaine
d'années, je n'en risque pas une menue description qui n'appren-
drait rien à plus d'un de vos lecteurs ; mais il en est sans
doute beaucoup qui ne sauraient s'accommoder d'un silence
complet.

Ce couvent de Saint-Marc si plein de souvenirs de Beato
Angelico, de Fra Bartolomeo, de Côme père de la patrie, de
Saint Antonino archevêque de Florence, et de cette grande
figure de Savonarola... ces couloirs, ces cellules, ce chapitre
décorés des fresques du Beato et d'autres peintres dominicains...
n'y avait-il pas là tous les éléments d'un musée sut generis où
tout ce qui se rattache à de tels souvenirs avait sa place marquée

RT.

d'avance ? C'est ainsi que dans la grande salle de la Bibliothèque
sont allés se ranger sur un double pupitre à vitre les livres
de chœur dont les précieuses miniatures sont pour la plupart
dues aux miniaturistes de l'Ordre, et que les manuscrits auto-
graphes de Savonarola, après trois siècles et demi, sont rentrés
en cette cellule où la main du réformateur les traçait avec la foi
ardente et le farouche patriotisme qui devaient le mener au
bûcher. Un buste de Savonarole décore son petit oratoire.
C'est une terre cuite imitant fort bien la manière des sculpteurs
florentins du xv° siècle, elle est l'œuvre de Basfianini, jeune
artiste d'un talent remarquable, et si l'on ne peut que déplorer
l'emploi qu'il en faisait en des contrefaçons que lui demandaient
des spéculateurs peu scrupuleux, véritables trompe-Pœil qui met-
taient en défaut les plus fins connaisseurs, on est d'autant plus
porté à regretter que la mort l'ait arrêté au seuil d'une nouvelle
phase de sa carrière, où son talent allait s'affirmer d'une façon
plus digne et plus personnelle. Le couvent de Saint-Marc, « l'un
des plus riches du monde en glorieux souvenirs », selon le mot
parfaitement vrai de M. Rio, se trouve ainsi transformé en un
musée qui, par le triple attrait de l'art, de l'histoire, et d'un cer-
tain prestige poétique, n'a certes pas son égal.

Le musée du palais du Podestat, dit aussi le Bargello, ne
cesse de recevoir d'importantes additions. C'est bien en cet ancien
édifice auquel Arnolfo donnait une si sombre et fière tournure,
que devait s'établir un musée du moyen âge ; et c'est avec le
plus heureux à-propos qu'il fut inauguré lors de la fête sécu-
laire de Dante Alighieri célébrée à Florence au mois de mai 1865.
Inutile de rappeler le portrait d'Alighieri découvert il y a une
trentaine d'années sur une paroi de l'ancienne chapelle du
Bargello, et attribué à Giotto.

Je ne m'arrête pas, Monsieur, à énumérer les différentes
collections réunies au palais du Podestat, à présent Musée
National ; ni à vous décrire la remarquable restauration de ce
monument, due à MM. Mazzei et Bianchi, deux noms qui sont
déjà revenus sous ma plume lorsque je me suis plu, ici-même, à
passer en revue ce que leur doivent les restaurations si impor-
tantes et si bien conçues de l'église de Santa Croce. ■— Mais je
ne saurais me dispenser de vous signaler la riche collection qui
fut inaugurée dans une salle de ce musée le ier octobre 1873.
Cette collection, qui compte près de 1,500 sceaux et cachets du
moyen âge, offre aux investigations et aux progrès de la sphra-
gistique des éléments d'une rareté et d'une importance exception-
nelles. Sa parfaite ordonnance a coûté une année de soins assidus
au savant Père Pellegrino Jonini, qui est parvenu à rendre faciles
toutes les recherches des savants.

C'est bien plutôt la longueur de cette lettre que le défaut de
matière qui me fait déposer la plume. Glisser et n'appuyer sur
rien, c'est tout ce que comportait mon programme, et vous ne
m'en voudrez pas, Monsieur, de ne pas avoir essayé de le
dépasser.

L. Mussini,

Directeur de lTAcadémie des beaux-arts de Sienne,
Membre correspondant de l'Institut de France.

Cul-de-lampe composé et gravé par Aug. de Saint-Aubin.
 
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