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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

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Leroi, Paul: L' Exposition de Lille, [1]
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Heulhard, Arthur: Art dramatique, [8]: Comédie Française: L'Avare - Théatre Déjazet: Nos Fils - Comédie Parisienne: Léa
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https://doi.org/10.11588/diglit.18879#0322
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282

L'ART.

caisses franco en gare de Lille du 16 au 3i juillet, toute
caisse non affranchie serait impitoyablement refusée, de
même que tout envoi parvenant à la Commission après le
3i juillet. Ainsi le voulait rigoureusement l'article 5 qu'Herlin
mit à ne'ant pour rendre non seulement au Salon lillois, mais
encore à toute l'école française, le plus signalé service.

Les principales expositions de Londres — Royal Academy
of Arts et Grosvenor Gallery— ne se fermaient que le pre-
mier lundi d'août; Herlin qui voulait faire cesser l'abstention
systématique de nos voisins d'Outre-Manche, régulièrement
absents de toute solennité artistique du Continent, les grands
concours universels exceptés, Herlin à qui seul il était permis
d'atteindre ce résultat si fécond, grâce à ses relations per-
sonnelles, Herlin, s'assurant du puissant concours de notre
ami, M. J. Comyns Carr, est parvenu à réaliser ce miracle de
réunir à Lille toute une élite d'exposants anglais à la tête des-
quels triomphe glorieusement William Quiller Orchardson.
Les oeuvres du maître écossais suffiraient à elles seules pour
décider connaisseurs et artistes à faire le voyage. Il est le lion
du très brillant Salon lillois.

Pendant qu'il était en veine de modifications de détail,
Herlin — c'est le seul reproche à lui adresser — aurait bien
dû prendre sur lui de remplacer le susdit article 5, par une

rédaction nouvelle stipulant que le prix des oeuvres d'art
serait considéré par la Commission comme ne varielur et
qu'aucune proposition quelconque de rabais ne serait trans-
mise par elle aux artistes.

Herlin et ses collègues, qui tous sont gens de goût et de
progrès professant la juste horreur du dégradant marchan-
dage, fléau des expositions départementales, se seraient fait
honneur en inaugurant cette digne réforme et en donnant une
leçon méritée aux artistes qui acceptent sans rougir jusqu'à
des rabais de cinquante pour cent, sous prétexte que c'est
l'usage en province et qu'on force ses prix en conséquence !

La Commission lilloise a laissé échapper une magnifique
occasion d'enseigner aux peintres qu'il est grand temps de
savoir au moins imiter les épiciers; ceux-ci ne s'en tiennent
pas d'hier au probe système de l'invariable « prix fixe » . La
leçon, venant précisément de la province, eût, à coup sûr, été
entendue, sans compter qu'elle eût profondément réjoui et
fortifié le très petit nombre d'artistes dont la légitime fierté ne
s'abaisse jamais à répondre à une demande quelconque de
rabais.

Paul Leroi.

(La suite prochainement.)

ART DRAMATIQTJE

COMÉDIE-FRANÇAISE : L'AVARE — THÉÂTRE DÉJAZET : NOS FILS

COMÉDIE-PARISIENNE : LÉA

i











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^-

-—-B

a Comédie-Française, en manière de prélude à
la grande symphonie d'hiver, nous a fait entendre
dans de nouveaux rôles les meilleurs pension-
naires de sa jeune troupe. Le Bargy a paru dans
Valère de l'Avare et Féraudy dans maître

Jacques. La maison de Molière fonde à juste titre un bel
espoir sur ces deux jeunes gens qui, tous deux, savent jusqu'au
tu autem du métier : mais à tous deux la personnalité manque,
cette conscience de soi-même, cette juste balance de qualités
et de défauts sans lesquelles il n'est pas de véritable artiste.
Le théâtre a ceci de terrible qu'il y faut payer avant tout de
sa personne : on ne saurait s'y faire représenter par un tiers.
L'esprit d'imitation compte pour rien. Or, Le Bargy joue à
l'ombre de Delaunay comme Féraudy joue à l'ombre de Got,
c'est-à-dire à l'ombre du vrai. Ce sont deux surmoulages, très
exacts, très fidèles, si l'on veut, mais avec l'impassibilité du
surmoulage. Il est difficile de prévoir ce que l'avenir réserve à
ces Sosies.

L'avenir du Théâtre Déjazet est également ce qu'il y a de
plus difficile à pronostiquer. Cette petite scène vogue à l'aven-
ture, battue par les vents contraires, depuis que la mort de
Déjazet lui a pris sa boussole. Elle va du vaudeville à l'opérette
et de la comédie au drame^ sans pouvoir se fixer sur aucun
genre. Un membre extrêmement actif de la famille considérable
des Luguet, M. Henri Luguet, ancien administrateur de la scène
française de Saint-Pétersbourg, tente à son tour de ramener
le Théâtre Déjazet à la comédie sérieuse. Où est le public qui
l'accompagnera dans cette expédition délicate ? Je ne le connais
pas. M. Luguet, dont l'expérience est consommée, est peut-être
capable de briser ses répugnances, et je le souhaite vivement,
en présence des triomphes révoltants des pièces à cascades.
Toutefois, l'œuvre de M. Édouard Cadol, par laquelle il a

inauguré l'entreprise, ne me semble pas apte à déterminer ce
retour de l'opinion. Le talent de l'auteur aura sans doute séduit
le directeur par ses côtés honnêtes et consciencieux, mais
il n'est point de ceux qui éclatent en grands coups de foudre
et, au contraire, il fait souvent long feu. Nos Fils, tel est le
titre de la comédie nouvelle de M. Cadol, et si je la dis nou-
velle, c'est que je retranche de son âge les longs mois qu'elle
a passé dans les cartons de la Comédie-Française à qui elle
était originairement destinée. Elle a été médiocrement accueil-
lie, et M. Cadol est pour beaucoup dans ce malheureux
événement. Nous n'avons jamais su bien clairement où
il voulait nous mener : il flotte entre la pièce à thèse et la
pièce à péripéties, ne se décide point et nous harasse de
hors-d'oeuvre explicatifs. Le troisième acte a failli commencer
sans que les deux premiers aient dessiné le sujet et amorcé le
spectateur. Nous avons fini par percevoir le nœud de l'intrigue
au moment où nous y avions renoncé : il était trop tard et je
me dispense de vous narrer la chose. Il y a peu de chances
pour que Nos Fils résistent longtemps à l'accueil du premier
soir. Ils auront néanmoins servi à mettre en lumière quelques
talents frais éclos et dont le groupement nous fait bien augu-
rer de l'initiative de M. Henri Luguet. Le comique Noblet,
Maurice Luguet, Alice Guyon et Tony Seiglet sont tout à fait
propres à mener à bien un ouvrage mieux venu, et il ne tient
qu'à M. Cadol lui-même de leur en fournir l'occasion.

Il n'est point de Parisien qui ne sache par les Petites
Affiches la triste fin de la Comédie-Parisienne, ce théâtre élevé
par M. Dormeuil sur les ruines des Menus-Plaisirs. Il y a eu
dissolution de société, après quoi M. Dormeuil a racheté
immeuble et bail, résolu à lutter de nouveau contre la mau-
vaise fortune. En attendant la réouverture officielle, un certain
M. Jean Malus s'est présenté qui, à l'instar de M. Gustave
 
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