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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 2)

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Gauthiez, Pierre: Exposition universelle de 1889: la danse - les théatres
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Hustin, A.: Exposition universelle de 1889: les peintres du centenaire 1789-1889, 10
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https://doi.org/10.11588/diglit.25868#0116
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L’ART.

le public ne se trompe pas ; Lavastre est un maître qu’eût
acclame' Eugène Delacroix; on sait l’admiration que pro-
fessait si justement, pour les peintres de décors, l’illustre
auteur de la Barricade et du Massacre de Scio. Chéret a
bien moins de succès. Il travaille surtout pour un cénacle
d’artistes. Et puis, sa verve est plus à l’aise dans les pres-
tigieuses affiches qu’il sème sur nos murailles. C’est là
qu’il donne en son brio surprenant toute sa couleur, la
fantaisie de son dessin et l’endiablement de ses groupes.

Quelques autographes illustres, pris aux bibliothèques
publiques, complètent cette exhibition assez maigre. Elle

est peu goûtée. Ne nous en plaignons pas. La place du
théâtre et des acteurs est assez grande. Si l’Exposition l’a
restreinte et si le public s’en détourne, puissions-nous voir
dans cette indifférence l’approche d’un temps où la vie, la
société, le pays tout entier et l’esprit public ne seront plus
encombrés et corrompus par le souci et les exemples de
ceux qui furent autrefois les serviteurs de nos plaisirs et
qui, si nous n’y mettions bon ordre, deviendraient nos
maîtres et nos tyrans.

Pierre Gauthiez.

EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889

LES PEINTRES DU CENTENAIRE

178g-i88g[

(suite)

X

GROS -!- 1835.

e 26 juin 1835, vers sept heures du matin, des
pêcheurs du Bas-Meudon, deux cousins, Joseph et
Pierre Contesenne, suivaient à pied le bord de l’eau
pour rentrer chez eux. Arrivés en face de 1 île Saint-
Germain, à la jonction du chemin des Charbonniers
au quai de Javel, chemin appelé aujourd’hui Route
n° 35 de la rive gauche et situé sur le territoire d’Issy,
ils aperçurent sur la berge un chapeau d’homme en
soie noire. Dans ce chapeau était soigneusement pliée
une cravate blanche marquée de l’initiale G. Tout
près, un papier triangulaire portait les quelques lignes
au crayon que voici : « M. Sionnet suppliera ma
femme. Je n'ai rien de plus à dire qu’adieu, ma chère
femme. » Sur une carte de visite à moitié déchirée,
on lisait encore : Baron Gros.

Point de doute. Le baron Gros s'était jeté à l’eau.

Où était son corps ?

Une poche de toile noire surnageant l’indiquait. Qui tenterait le repêchage? Henri Conte-
senne hésitait. Joseph lui proposa de tirer à la courte paille. Le sort désigna Henri. Il plongea
tout habillé et trouva le corps de Gros allongé, la face dans la vase, à un mètre de profondeur
et à trois du rivage.

Le cadavre fut étendu sur l'herbe, puis transporté dans un hangar du chantier de bois, situé
actuellement encore rue de Vaugirard, 60, au Bas-Meudon. On y dressa un lit de paille, et c’est
là que le docteur Obeuf, appelé à constater le décès, reconnut que la mort du noyé remontait à
vingt-quatre heures.

Ce n’étaient point les querelles d’un ménage, troublé depuis l’aveu de la naissance d’une
hile issue de ses relations avec Françoise Simonier, qui avaient poussé Gros au suicide. C’était
l’amour-propre d’un maître blessé par une critique sans merci qui l’avait déterminé à la mort.

1. Voir l’Art, i5e année, tome 1", pages 145, 168, 23i, 206 et 289, et tome H, pages 13, 28, 47 et 65.
 
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