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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Mannheim, Jules: L' exposition rétrospective d'objets d'art français au palais du Trocadéro, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0133
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L’EXPOSITION RETROSPECTIVE D'OBJETS D’ART FRANÇAIS AU TROCADERO. 119

penser qu’on les doive à un autre artiste qu’à un Italien
ayant étudié la céramique en Italie et dont rien ne prouve
un bien ancien établissement à Nîmes. Les ateliers de
Lyon seraient donc les seconds, Rouen tenant la tête.

Si nous avons autant insisté sur eux, c’est que le public
n’en a que de vagues notions ; nous serons plus brefs avec
les Rouennais, dont on a beaucoup écrit et qui ont eu la
gloire de créer une céramique nationale, obtenant des cou-
leurs que les Italiens n’avaient pu reproduire qu’acciden-
tellement, n’empruntant leurs motifs de décoration, les
périodes de tâtonnements une fois franchies, qu’à des
Français et, en fin de compte, détrônant, à leur profit, les
Italiens de leur monopole dans le domaine de la faïence.

Du xvie siècle, l’Exposition n’offrait pas de pièce rouen-
naise; les deux autres siècles étaient largement et brillam-
ment représentés; en voici quelques exemples, un peu
dans chaque genre :

Dans la série des ocres jaunes, tons bénis des amateurs,
mais infiniment moins de leur bourse,
un plat, à M. Laniel, ocre jaune, bleu et
rouille, décoré d’amours ; un autre, à
M. Antiq, à grotesques, ocre jaune et
bleu ; un plateau, à M. Josse, ocre jaune,
bleu et rouille, orné d’amours musiciens ;
trois sucrières à couvercles en forme de
sphère outre-passée et repercée à jour, à
M. Antiq, mêmes couleurs.

Parmi les bleus et rouille :

Deux plats hors ligne, l’un à la ba-
ronne Lambert, l’autre à M. Maillet du
Boullay, l’organisateur de la salle, tous
deux en bleu et rouille, avec amours à
califourchon sur des tonnelets émaillés
jaune clair ;

Une paire de vases à couvercles simu-
lant les flammes, à M. Giraudeau;

Une paire de hanaps en forme de
casque à l’antique, à M. Gérard.

Parmi les polychromes, enfin ;

Un plateau à six lobes, aux armes de
Monseigneur Toussaint de Forbin, car-
dinal de Janson, lesquelles permettent
de lui assigner la date de 1689, à M. Le-
roux ;

(Un plat ou se voient les quatre Sai-
sons sous les traits de trois femmes et
d’un vieillard, à M. Laniel;

Une bannette, à M. Antiq, de décor
chinois, de même qu’un pot à eau à fond bleu lapis, à
M. du Sartel.

Puis, une foule d’assiettes, gourdes, vases, potiches,
chauffe-mains, plats, boîtes à épices, etc., de tous les
types de.la fabrication rouennaise ; une mention spéciale
pour une assiette à Mm= Gille, au fond de laquelle est
peint un port de mer, et qui est le seul échantillon de cet
atelier de Levavasseur, de la fin du siècle dernier, où,
rompant avec les vieilles et illustres traditions rouennaises
tombées en discrédit, on imitait les produits de Sceaux
ou de Lorraine alors en pleine vogue.

Les poteries de Sinceny ressemblent trop à celles de
Rouen pour que nous ne donnions pas en leur faveur un
léger accroc à l’ordre chronologique, afin de ne pas les
séparer de leurs sosies. Les plus anciennes ne datent que
de 1735 environ, mais qu’elles appartiennent au début ou
à la décadence survenue à la fin du règne de Louis XV, le
diagnostic n’en est jamais bien aisé à établir; il n’y en avait
que trois exemples au Trocadéro : un mortier avec son
pilon, à M. du Sartel; deux pichets, l’un armorié, l’autre

à scène galante, à M. Antiq, tous trois à décor polychrome
et de la première période, le goût lorrain ayant fait son
apparition à Sinceny vers iy55.

Il existait au Trocadéro un spécimen de presque tous
les types de faïences de Nevers.

Veut-on de la première époque, celle des Conrade, qui
se prolonge jusque vers 1660, avec l’imitation des majo-
liques italiennes, sauf l’emploi du manganèse au lieu du
bistre dans le trait ; voici deux plats, à M. du Sartel, Per-
sée et Andromède, Mercure et Argus ; ou bien une grande
vasque, au même, offrant au fond Diane et Actéon ; ou
encore, deux aiguières, à M. Gérard, l’une à sujets de
satyres, l’autre de bacchants.

Préférez-vous le genre persan, qui est peut-être tout
simplement le genre « pers », c’est-à-dire bleu, et qui succède
au précédent pour être abandonné au début du xviiic siècle ?
Nous avons deux plats, à M. Antiq; deux aiguières, à
M. Leroux; deux gourdes, à M. Guérin.

Voici le goût rouennais avec deux
bustes en couleurs, l’un d’homme, l’autre
de femme, vêtus à l’antique, à M. du
Sartel, rappelant en petit les fameuses
Saisons du Musée du Louvre; et le goût
nivernais avec un buste de sainte femme,
à M. Antiq.

La fabrication de Marseille se divise
en deux périodes bien distinctes, sépa-
rées par un laps de temps qui ne dure
pas moins de quarante ans.

La première était représentée entre
autres par un plat à M. Giraudeau, en
bleu et manganèse, avec l’Adoration des
rois, où on lit les mots : Fait à Marseille
che\ F. Viry 1681, et par un plat, à
M. du Sartel, où se voit au fond le roi
David au milieu d’une ronde d’amours.
Ce genre primitif est considéré généra-
lement comme sortant de ce quartier de
Marseille appelé Saint-Jean-du-Désert,
à cause d’un plat signalé par le baron
Davillier où se trouve ce nom à côté de
celui de A. Clérissy et de la date 1697,
pièce qui a servi de prototype à cette
série. Nous ne découvrons pas d’incon-
vénients à user de cette attribution pour
le plat de M. du Sartel qui n’est pas
signé. Mais le plat de M. Giraudeau
prouve bien qu’il ne faut pas être si
exclusif et que, si A. Clérissy travaillait dans ce genre à
Saint-Jean-du-Désert, F. Viry suivait les mêmes errements
dans un faubourg de Marseille qui pouvait parfaitement
ne pas être ce Saint-Jean-du-Désert, qui est un grand mot
ne servant qu’à dérouter les gens peu ferrés sur la céra-
mique.

La seconde période commence en 1749 seulement avec
Honoré Savy ; de cette époque datent un joli pot à eau avec
cuvette, à motifs rocaille en dorure et fleurs polychromes
sur fond vert pâle, peut-être de l’atelier de ce potier, à
M. Antiq; puis, deux grands légumiers, à Mme Flandin,
offrant des paysages animés émaillés en couleurs à l’imi-
tation de la faïence de Strasbourg et de la plus grande
finesse, probablement de la fabrique de la veuve Perrin.

Moustiers a-t-il précédé Marseille ? Marseille a-t-il le
pas sur Moustiers? Ce n’est pas le lieu ici de nous pro-
noncer, la question est trop obscure ; dès 1632, Moustiers
compte un Clérissy ouvrier en terre; nous venons de ren-
contrer un Viry en 1681 à Marseille; mais le titre d’ouvrier
en terre est bien élastique : il y en a eu de tous temps, sans

Vase

en ancienne porcelaine tendie de Sèvres
de l’époque Louis XVI,
appartenant à Mlle Grandjean.

Dessin de J. Hugard.

(Exposition Universelle de 1889.)
(Section rétrospective d’objets d’art français.)
 
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