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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Chennevières, Henry de: Exposition universelle de 1889: cent ans de gravure (1789 - 1889), [IV]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0198
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172

L'ART.

Royal dédiée au Roi, publiée par M. J. Vatout, imprimée
par Charles Motte, éditeur, lithographe du roi et du duc
d’Orléans. Une suite de quarante-cinq images, en regard
d’autant de pages de texte, déroulait les principales scènes
du riche berceau de la famille. Les lithographes employés
trouvèrent là une occasion particulièrement ménagée pour
l’étal presque exclusif de leur facture, car ils n’eurent pas
à se préoccuper de compositions personnelles : on leur
donnait à rendre des sujets et des portraits, la plupart,
hélas! d’après des peintres du jour. Un véritable histo-
rien eût bondi d’horreur, à l’aspect de ce petit Musée de

Versailles. de la branche régnante, mais.à la Cour

comme à la Cour; personne n’y voyait malice et les litho-

graphes étaient évidemment payés pour être les derniers
à faire les difficiles. D’ailleurs, ils traduisaient des artistes
à la mode, Heim, Eugène Devéria, Scheffer, Steuben,
Mauzaisse, Alfred Johannot, Montvoisin, Schmit, Cot-
trau, Horace Vernet, Debay, Blondel, Gassies, Gosse.
Des pierres faites ainsi sous le couvert de ces noms, et
avec l’avantage de l’unique préoccupation du métier, riva-
lisaient de perfection technique. Garnier, Lafosse, Weber,
Léon Noël, Marin-Lavigne, Chasselat, Fragonard, Jourdy,
Llanta, furent les signataires de ces traductions.

Grevedon. — Henri Grevedon peut être présenté comme
le prototype du lithographe de profession. C’est l’homme de

Jeune Fille brodant une écharpe.
Lithographie d’A. de Lemud.

la.pierre, de la pierre précieuse, devrait-on dire. Ce mau-
vais jeu de mot conviendrait, au mieux, en effet, à la
qualification du genre de travail de cet impeccable prati-
cien. De lui purent se réclamer les deux ou trois généra-
tions de lithographes de métier, car il est leur ancêtre et
par la date de ses productions et par sa manière d’entendre
les procédés manuels. Il ne faudrait pas le croire néan-
moins un esprit d’arrière-plan, modeste par nécessité,
c’est-à-dire trop heureux de se confiner dans les menus
soins techniques du crayon pour échapper ainsi subrep-
ticement aux embarras de l’originalité : il eut, au contraire,
un beau rôle d’homme de transition, et versa dans le culte
excessif du grenu sans abdiquer sa part de personnalité
créatrice. Bien plus, il s’attacha presque exclusivement au
portrait de femme, et ce n’était pas là un thème à bana-

lités. En feuilletant son œuvre, on se demande même si
la nature de ces portraits féminins ne fut pas la cause
irrésistible de sa pente aux coquetteries du faire. En réalité,
aucun genre de gravure, ni le pointillé, ni la manière
noire, ni le physionotrace, n’ont valu la lithographie
comme mode d’expression de la grâce et de l’épiderme de
la femme. Nulle part la légèreté de main, la fraîcheur de
touches sans repentirs d’aucune sorte, le moelleux inhé-
rent à la matière ne pouvaient offrir pareilles conditions
de rendu féminin. Il y avait certes là un ensemble d’élé-
ments de succès trop favorables pour ne pas inspirer à un
artiste la résolution de se faire le galant de toutes les
belles, lithographiquement parlant. Le mariage de Greve-
don avec une actrice du Gymnase avait peut-être aussi
contribué à cette détermination. Les actrices étaient alors
 
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