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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Chennevières, Henry de: Exposition universelle de 1889: cent ans de gravure (1789 - 1889), [IV]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0197

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EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1SS9. — CENT ANS DE GRAVURE (1789-1889). 171

bien, il est vrai, le plus extraordinaire ensemble de la
gravure universelle à toutes les époques, mais, outre les
difficultés d’approche de la Bibliothèque nationale et la
nature de ses aménagements intérieurs tout à fait inaptes
aux expositions permanentes d’un peu d’étendue, il y a,
entre le prestige consacré du Louvre et la somnolence
honnête de la Bibliothèque, la différence du monde des
vivants au monde des morts. Le Louvre, c’est la survie
sans fin avec le rôle de rayonnant modèle ; le Cabinet des
Estampes, c’est le repos, un repos trop peu troublé au
fond des cartons !

Des publications luxueuses et mondaines, déjà nom-
breuses sous le règne de Louis-Philippe, l’Artiste fut natu-
rellement le recueil le plus hospitalier aux productions
lithographiques. Son titre, son but, son ardeur roman-
tique, les exigences de
sa périodicité : tout lui
faisait une douce con-
trainte de l’usage de la
pierre. La nouveauté du
genre, jointe à son mode
le plus expéditif du
monde, r a v i s s a i t en
même temps rédacteurs
et directeur. Aussi la
belle période de l’Artiste
tira-t-elle l’un de ses plus
francs éclats de la conti-
nuité de collaboration
des lithographes en vue.

Avant de mériter d'Ar-
sène Houssaye, son spiri-
tuel dernier propriétaire,
le titre de « l'Artiste,
journal qui parait quel-
quefois », le sérieux de
cette revue résidait exclu-
sivement dans la partie
de l'illustration. Le texte
compta toujours assez
peu, et il est même facile
de sentir, au style cava-
lier des auteurs, combien
les idées, même les plus
graves, faisaient peu
question. L’importance
était aux images, et l'ef-
fort au maintien d’une
excellente moyenne li-
thographique. On peut
ouvrir l’Artiste, au ha-
sard, de 1835 à 1865,
sans crainte de la moindre mauvaise rencontre comme
gravures. Les lithographies surtout forment des suites
irréprochables et bien de nature à expliquer, en partie du
moins, le long succès relatif du recueil. Feuilletons, par
exemple, l’année i85o, point à peu près central de l’exis-
tence du journal. Beaucoup de noms inédits s’y présentent
en fort bonne mine : A. Lemoine avec Y Alexandre et
Aristote de Lehmann, Delbarre avec un paysage de Rous-
seau et le Décaméron de Diaz, Louis Marvy avec le Pont
rustique et le Meunier, son fils et l’dne, de Decamps;
Chaplin, le Chaplin d’aujourd’hui, avec une Nymphe
bocagère de Jeanron et des œuvres originales; Debacq
avec la Leçon d’équitation de Decamps, Jahyer avec la
Grafella de Charles Lefebvre, Ghémar avec le Christophe
Colomb de Lies, des pierres originales de Cherelle, Per-
roquets, Canards et Coqs, deux délicats Lamy d’après

Villain ; Fischer avec le Matin d’Armand Leleux, des
Femmes mauresques de Chassériau, Leray avec un Saint
Sébastien de Tabar, G. de Lafage avec un Effet du soir
de Chintreuil, la Rosée de Tinthoin, du Penauille, du
Charles Nue, du Bourdeau, du Bracquemond et nombre
d’autres. Aucun ne manquait d’une science réelle : il y
avait même plutôt bravade de savoir, de la part d’un peu
tous, comme si ce champ libre de l’Artiste devait être une
tribune ouverte aux mille fantaisies de la dextérité. D’ail-
leurs, où donc est le peintre, l’aquafortiste, le lithographe,
à n’avoir pas collaboré soit d’une manière, soit d’une
autre, à ce recueil joyeux ! Toute la collection serait là
pour faire défiler les groupes complets de l’art du siècle,
car l’accueil du journal a toujours été « gracieux », sinon
lucratif. On ne saurait même trop conseiller aux gens de

loisir l’étude détaillée de
chacun des tomes de
l’Artiste. Les surprises
et découvertes réservées
à pareille révision d’ama-
teur compenseraient
grandement l’effort de
patience nécessaire à l’en-
treprise de ce volumi-
neux feuillettement. Les
années 1848, 1849 y

éclatent, entre autres, en
jets de liberté et comme
les images émancipa-
trices de l’art nouveau.
Des Arabes guerriers de
Chassériau, des Paysa-
ges de J. Michelin, le
Ruisseau de Aze, Cons-
tantinople de Rogier, le
Labourage nivernais de
Rosa Bonheur par Anas-
tasi, la Normandie de
Dupré par Marvy, le
Portrait d’Horace Ver-
net de A. Scheffer par
Menu, le Pic de Pau de
Henri Place par Eugène
Ciceri, les Lavandières
de Tesson par Loutrel,
le Café maure de G. Bou-
langer par Fischer, le
Comme il vous plaira de
Gavarni et les Commères
normandes de Tesson,
lithographiés par le
même Marvy. Puis, en
outre, la reproduction des tableaux les plus en vogue à
ces deux Salons coïncidant avec la renaissance de l’eau-
forte alors en pleine résurrection.

La Direction des Musées royaux, sous M. de Cailleux,
avait fait preuve, nombre de fois, d’une sollicitude vraiment
officielle envers la lithographie et l’Art eut occasion, lors
d’un article sur les Archives de la Chalco graphie du Louvre ',
de préciser le mode spécial des encouragements en visage.
L’habitude était de souscrire pour des sommes plus ou
moins fortes à chaque pierre sérieuse, et Louis-Philippe et
Mesdames donnaient l’exemple de la protection aux œuvres
lithographiques. Aussi les éditeurs de la cour s’avisaient-ils
des publications les mieux de nature à fournir de travaux
l’art favori. L’entreprise la plus alléchante et la plus person-
nellement flatteuse fut l’Histoire lithographiée du Palais-
1. Voir l’Art, 14e année, tome II, pages 49 et 225.

Le Prisonnier.
Lithographie d’A. de Lemud.
 
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