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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Requin, Henri: Le tableau du Roi René au musée de Villeneuf-lès-Avignon
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0036

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A l’extrémité du fameux pont d’Avignon, en face de la
ville papale, la petite cité de Villeneuve s’endort dans ses
maisons en ruines et ses palais croulants. Au temps des
papes elle était prospère; les cardinaux y venaient en vil-
légiature, les rois de France y avaient des représentants
et y battaient monnaie, plusieurs ordres religieux, — les
Chartreux et les Bénédictins entre autres, — y avaient
bâti leurs monastères. Tous y avaient appelé et occupé de
nombreux artistes, et l’avaient ornée d’œuvres d’art de
toute sorte. Aussi, même aujourd’hui, malgré le temps et
malgré les hommes, pires que le temps, Villeneuve peut
montrer encore de nombreux vestiges de son ancienne
splendeur.

Un administrateur, comme il en faudrait beaucoup,
eut la bonne pensée, il y a vingt ans environ, de réunir
dans une grande salle de l’hôpital les sculptures remar-
quables, les tableaux de prix ou simplement curieux, les
gravures anciennes, en un mot, tous les objets d’art dissé-
minés dans sa ville natale. C’est à ce patriotisme intelli-
gent que nous devons la formation d’une collection inté-
ressante appelée du nom, peut-être un peu ambitieux, de
Musée de Villeneuve.

Parmi les œuvres sauvées ainsi d’une destruction à peu

près certaine, une grande toile de 2 m. 20 cent, de large
sur 1 m. 85 cent, de haut, marouflée sur bois, a particu-
lièrement attiré l’attention des artistes et des critiques.
Mérimée 1 en parle avec admiration ; Michiels lui consacre
un long article dans l’Art flamand dans le Midi de la
France; Waagen l’estimait beaucoup, il avait même fait
offrir une forte somme à la municipalité de Villeneuve si
elle voulait s’en dessaisir2.

Le sujet est assez complexe et il serait assez difficile de
le déterminer en un seul mot; aussi le tableau a-t-il été
appelé tour à tour le Jugement dernier, la Sainte Trinité,
le Couronnement de la Vierge, la Sainte Cité, la Divine
Comédie, et il mérite à la fois tous ces titres. C’est une
sorte d’encyclopédie comme l’œuvre de Dante : Dieu et
les Hommes, le Ciel et la Terre, le Paradis, le Purgatoire,
l’Enfer, même les Limbes, tout y est représenté.

Au sommet, le Père et le Fils, de grandeur mi-nature,
dominent toute la scène ; entre eux plane une colombe,

1. Voyage dans le Midi de la France, p. 163.

2. Il était alors admirablement conservé; malheureusement, un
peintre avignonais voulut en raviver le coloris, d’ailleurs très brillant,
et lui enleva toute sa fraîcheur. Un artiste habile ne pourrait-il pas
lui rendre sa splendeur primitive?
 
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