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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

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No. 22 (Juillet 1900)
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Thomas, Albert: La sculpture au Grand Palais
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https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0148

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L'ART DÉCORATIF

parmi tant d'autres comme les plus significatives ;
toutes comptent dans l'évolution accomplie par
la sculpture au cours du siècle qui Unit.
Les débuts manquent d'éclat et de flamme.
L'influence du XVIIL siècle se prolonge fort
avant dans le nôtre. Elle impose aux talents
la froideur et la prétention de formules sur-
années. La Révolution, qui a brisé toutes les
tyrannies sociales, n'a pas affranchi l'Art du
despotisme académique. Nos sculpteurs se
traînent dans l'imitation servile de l'Antiquité


CAMILLE LEFÈVRE LA PEINTURE

et bornent leur effort à la mise en oeuvre de
procédés d'école. Les plus habiles modèlent
de correctes et élégantes images, bien équilibrées
dans leur masse, bien rythmées dans leur
mouvement, parfois ingénieuses et piquantes
dans leur aspect extérieur, mais qui ne trahissent
pas d'existence intime, ne révèlent ni le frisson
de la pensée, ni la palpitation de la vie. Au-
près de ce que Milhomme affuble d'un
péplum et coiffe du casque de Thémistocle,

regardez cet N7770777' de Chaudet. Agenouillé,
l'enfant tient d'une main une rose et s'apprête
à saisir de l'autre un papillon que la fleur a
vite attiré. La fantaisie est assurément aimable ;
il s'en exhale une vague parfum d'anthologie.
Mais c'est la fantaisie d'un lettré qui n'apporte
point à ses traductions la fraîche naïveté d'un
Ronsard ou d'un Remy Belleau ; puis quelle
convention, quelle afféterie dans la pose ! le
visage est inerte ; la touche molle et lisse ne
donne qu'un incertain modelé. Voilà d'autres
souvenirs anacréontiques, un ^77777777' ^77^77777
de Lorta, l'v4777<7777' 7*C777'7777'77^77^ Aycéd de Du-
mont. Comme cette mythologie semble morte!
L'âme moderne, toute neuve, dévorée d'inquié-
tudes et de désirs immenses, refuse d'habiter
ces fornies étrangères, et l'âme adorable de la
Grèce, l'âme ailée des Myron, des Praxitèle,
des Phidias s'éloigne aussi de ces corps dégénérés
qu'elle ne reconnaît plus.
Une nature énergique etsingulièrementardente,
nourrie de cette sève bourguignonne qui sus-
cita les vieux sculpteurs gothiques, s'en vient
fort à propos rénover la statuaire. Le AAA7777'
de Rude, que nous rencontrons ici,
marqua ce retour à la vie. A côté des acadé-
mies pompeuses et roides, c'était la nature
même, avec sa grâce libre et familière. Vérité
incomparable de l'attitude, souplesse de la jambe
repliée, aisance du bras tendu, expression animée
du regard, il y avait tout dans cette figure
originale et charmante; le modelé exact et vif
rendait perceptible jusqu'au frémissement des
muscles et jusqu'à la moiteur de la chair.
L'œuvre ht prévoir un génie. Ce génie éclata,
véhément et lyrique, dans le haut-relief de l'Arc
de Triomphe, où la déesse des batailles pousse
le cri farouche de l'épopée, dans la statue du
maréchal Ney si puissamment héroïque, dans
cette y.TTRWT' Ar<777A?77? awïtr, grande,
maigre et gauche un peu, la bouche ouverte,
les yeux presque chavirés, au paroxysme de
l'exaltation nerveuse, dans ce T'.swAw <A*
yygy Chzwjg/tTtr, d'un sentiment si poignant,
si large, si profond. Le sens du mouvement
physique et des grandes passions de l'âme,
voilà ce qui fait la gloire de Rude, ce qui donne
à ses créations l'élan d'un geste immortel, ce
qui groupera toujours, dans l'admiration et

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