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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,1.1901/​1902

DOI Heft:
No. 37 (Octobre 1901)
DOI Artikel:
Bouyer, Raymond: La musique illustrée, 2, Steinlen
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https://doi.org/10.11588/diglit.34268#0014

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L'ART DÉCORATIF

Fragonard crispé )), selon la brève déAnition de
Camiiie Mauciair? Ces nuances sont tout un
langage, pour le regard de l'amateur. Lucien
Métivet, c'est i'optimiste qui vient de manifester
dans un tragique Ar?oMr au plus
intéressant de nos deux Salons, la même dex-
térité gracieuse avec laquelle il a décoré pour
1900 le <?M Rfyg, illustré Z.M ^?M.s y'of/M
Thîwg ou dessiné les costumes du
n'est-ce pas un aimable philo-
sophe? H est calme. Son désenchantement
même a des grâces.
Dès qu'il interprète à son tour le musicien
Delmet, le crayon de Steinlen adoucit son
âpreté sans renier sa fougue. Naturaliste il de-
meure, mais avec une délicatesse nouvelle dans
l'amour permanent de la vérité. Si Métivet reste
un Philinte en compagnie de la douleur, Steinlen
est toujours plus ou moins Alceste, même aux
prises avec un sourire. Plus de Bruant carica-
tural et cruel; mais un Delmet singulièrement
saisissant quand même! Plus de commentaires,
il est vrai, de ces refrains excentriques qui font
la grivoiserie navrante; mais une vision tou-


STEtNLHX tÉnoch & €'° èd.j l'HTiT MAKI

jours aiguë, véridique et fouilleuse en son ly-
risme. Et la sentimentalité devient sombre. La
nuit se fait sur les madrigaux des poètes. L'amer-
tume descend. Il a beau délaisser l'argot du trot-
toir pour les rimes des brasseries d'artistes, sa
C/3<T7M073 s'étire en son costume An de
siècle, ses se dramatisent dans
l'intimité blême, entre chien et loup, sa
h: <Ü037^<? s'allume d'une Aamme de punch et d'un
rire de fantôme. Da7?s /h lâche-t-il Brüant
pour Delmet? Voici toujours l'auteur deZ<?
cette « fresque de papier)) qui paraît le raccourci
d'un roman social.
C'est un art que de rester soi : Steinlen en
possède le secret, jusqu'à l'intransigeance. Sau-
vage et Aer, comme ses félins favoris, sans
concessions, on dirait que ce réaliste a lu la
romantique & C7iW3Wi?//, car il ne craint
point la laideur. Ses héroïnes ou ses messieurs
ne sont jamais flattés; mais ils conservent l'ex-
pression, qui vaut mieux que le joli. Et, peu à
peu, sa sensualité, son ironie reparaissent sur
la couverture hardiment charbonnée qui sert
d'enveloppe à la chanson menue. Elles s'ha-
billent d'une robe décente, elles se tempèrent
dans un regard ou dans un proAl, elles se blot-
tissent dans un coin d'ombre : on les reconnaît
sans tergiverser. C'est du Steinlen ! Campagnard
ou citadin, questionnant la ville douloureuse ou
l'imposant paysage, matant sa fantaisie dans les
hors-texte des recueils ou les variantes des
morceaux détachés, le dessinateur ne sort pas
de la société des violents qui préfèrent la nature
à l'idéal, la franchise à la convention; il reste
Adèle au genre artiste, encore et toujours très
étudié dans son vêtement de tous les matins:
les plis fanés de la vareuse ou du pantalon bouf-
fant ne sont pas d'involontaires négligences. Et,
sous son costume familier, interrogeons « l'âme
de Montmartre)), de ce Montmartre à la fois iro-
nique et triste, sans trêve narquois, même senti-
mental.
Les CAwMWM Afo7^77;ar/rg/ Nerveuse-
ment résumé dans sa noire couverture aux
énergiques rehauts de blanc, ce recueil musical
dépeint les gens et les choses. Les choses, ce
sont dix-huit croquis à la plume, titres lestement
et grassement encrés sur la page pour faire
contraste avec la lettre, VMM minuscules de la
Butte, un peu japonaises, dans leur perspective
sinueuse et paradoxale, avec la saveur des
contours brefs et justes, des formes ondoyantes
et déchiquetées, des lignes rapides et serpen-
tines : dès la première page, dès le faux-titre

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