L'ART DECORATIF
A. RENOIR LA PETITE BOUQUETIÈRE
Boucher que remonte cette simplification des
formes, exprimant ies voiumes des corps et
réduisant au minimum le détail intérieur de
ces volumes, soulignant à peine un nombril
ou l'aréole d'un sein dans un torse vu de
face, et se préoccupant avant tout de sa valeur
sur le fond. C'est à Boucher enfin que s'ap-
parentent ces harmonies acides, certains
bleus vifs, la pâte de Saxe de ces nudités
heureuses. Mais l'apport personnel de M. Re-
noir, c'est la franche recherche du clair sur
clair, l'identification presque absolue des va-
leurs aux fonds, et l'accentuation des ccr-
nures des silhouettes, où se précise déjà le
souvenir des estampes japonaises. Ces Æut-
g'netMM sont stylisées dans un sentiment
décoratif très volontaire, qui ne permet à la
recherche de la vie que de s'exprimer en
second. Elles sont animés par un coloris
tendre, où le rose domine avec quelques
bleus et des tons ivoi-
rins, selon un parti-
pris décoratif les ra-
menant à une har-
monie unitaire.
Auprès de cette
conception picturale,
on peut en discerner
une seconde, qui
marque le rapproche-
ment de M. Renom
vers la vie réelle et
vers la vision de ses
amis. C'est celle de
ses paysages, de ses
fleurs et de ses portraits.
On y sent la parenté
directe de Manet et de
Claude Monet. Les
paysages s'expriment
par des hachures de
couleurs , massées ,
juxtaposant les tons du
spectre, s'accumulant
mut à fait selon le
procédé impression-
niste supprimant le ton
local, peignant moins
les objets que leur
transparence à travers
l'atmosphère, et décom-
posant les colorations
apparentes de la vie
en isolant leurs élé-
ments naturels sur la toile pour les recom-
poser à distance sur la pupille du spec-
tateur. Les portraits de M. Renoir, parallèle-
ment, se transforment, et sont profondément
apparentés à ceux de Manet par la largeur
de l'exécution, la franchise de la présentation,
le volontaire mépris du détail fignolé, cher
à tant de peintres. L'artiste recherche avant
tout les volumes exacts et la justesse des
valeurs, où il voit la vraie science que l'aca-
démisme renferme dans l'exécution également
poussée des détails sur toute la surface d'un
tableau : il comprend l'illogisme de cette
pseudo-perfection qui s'intéresse autant à un
bouton d'habit qu'à un œil, il se préoccupe
de graduer l'intérêt de la peinture qui doit,
tout en exécutant avec justesse toutes les
parties, guider le regard du spectateur au
point essentiel, soit psychologique, soit pic-
tural. Ce choix, qui est la vraie preuve du
A. RENOIR LA PETITE BOUQUETIÈRE
Boucher que remonte cette simplification des
formes, exprimant ies voiumes des corps et
réduisant au minimum le détail intérieur de
ces volumes, soulignant à peine un nombril
ou l'aréole d'un sein dans un torse vu de
face, et se préoccupant avant tout de sa valeur
sur le fond. C'est à Boucher enfin que s'ap-
parentent ces harmonies acides, certains
bleus vifs, la pâte de Saxe de ces nudités
heureuses. Mais l'apport personnel de M. Re-
noir, c'est la franche recherche du clair sur
clair, l'identification presque absolue des va-
leurs aux fonds, et l'accentuation des ccr-
nures des silhouettes, où se précise déjà le
souvenir des estampes japonaises. Ces Æut-
g'netMM sont stylisées dans un sentiment
décoratif très volontaire, qui ne permet à la
recherche de la vie que de s'exprimer en
second. Elles sont animés par un coloris
tendre, où le rose domine avec quelques
bleus et des tons ivoi-
rins, selon un parti-
pris décoratif les ra-
menant à une har-
monie unitaire.
Auprès de cette
conception picturale,
on peut en discerner
une seconde, qui
marque le rapproche-
ment de M. Renom
vers la vie réelle et
vers la vision de ses
amis. C'est celle de
ses paysages, de ses
fleurs et de ses portraits.
On y sent la parenté
directe de Manet et de
Claude Monet. Les
paysages s'expriment
par des hachures de
couleurs , massées ,
juxtaposant les tons du
spectre, s'accumulant
mut à fait selon le
procédé impression-
niste supprimant le ton
local, peignant moins
les objets que leur
transparence à travers
l'atmosphère, et décom-
posant les colorations
apparentes de la vie
en isolant leurs élé-
ments naturels sur la toile pour les recom-
poser à distance sur la pupille du spec-
tateur. Les portraits de M. Renoir, parallèle-
ment, se transforment, et sont profondément
apparentés à ceux de Manet par la largeur
de l'exécution, la franchise de la présentation,
le volontaire mépris du détail fignolé, cher
à tant de peintres. L'artiste recherche avant
tout les volumes exacts et la justesse des
valeurs, où il voit la vraie science que l'aca-
démisme renferme dans l'exécution également
poussée des détails sur toute la surface d'un
tableau : il comprend l'illogisme de cette
pseudo-perfection qui s'intéresse autant à un
bouton d'habit qu'à un œil, il se préoccupe
de graduer l'intérêt de la peinture qui doit,
tout en exécutant avec justesse toutes les
parties, guider le regard du spectateur au
point essentiel, soit psychologique, soit pic-
tural. Ce choix, qui est la vraie preuve du