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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

DOI Heft:
No. 43 (Avril 1902)
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Thomas, Albert: René Ménard
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0017

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AVRIL 1902

les muses de l'artiste, ce sont ses propres
pensées. Il les mène douces et plaintives,
parmi les ruines et les tombeaux, à travers
l'insensible nature. Il tient à chacune d'elles
de tendres, de tristes et merveilleux discours,
les discours qu'Alfred de Vigny tenait na-
guère à la ((Voyageuse insolente)) de la
(( Maison du Berger )) :
Nous marcherons ainsi ne laissant que notre ombre
Sur cette terre ingrate où les morts ont passé;
Nous nous parlerons d'eux à l'heure où tout est
[sombre,
Où tu te plais à suivre un chemin effacé,
A rêver appuvée aux branches incertaines,
Pleurant, comme Diane au bord de ses fontaines,
Ton amour taciturne et toujours menacé !
En parlant de M. René Ménard, on ne
peut s'empêcher de citer des poètes. Son
œuvre est si vaste, si complexe, <( faite de
l'essence de tant de choses )), qu'elle évoque
à tout moment le souvenir de vers graves et
majestueux, comme elle rappelle d'autre part

les toiles des plus grands peintres. Mais son
intime attrait ne réside pas dans cette double
évocation. Il naît d'une observation directe
du monde, d'une compréhension de la nature
sincère et passionnée.
Touriste robuste, infatigable, M. René
Ménard a visité non seulement l'Italie, la Sicile
et la Grèce, mais la Palestine, les Pyrénées, les
Alpes, les Causses des Cévennes, la Bretagne,
la Forêt de Fontainebleau. Il a vu, du mont
des Oliviers, le soir embraser les montagnes
de pourpre qui bordent la mer Morte ; il a
vu le vent faire courir sur la nappe de
l'Odet de Unes risées d'azur laiteux; il a vu
contre des ciels d'émeraude, de grenat sombre
et velouté, se dresser des pics où la clarté
traînait son adieu féerique; l'aurore dénouer
dans les flots son bouquet d'exquises nuances
et les nuages voguer à l'horizon, noncha-
lamment, comme des galères chargées de
roses. Avec l'audace des plus audacieux im-
pressionnistes, il a tenté de hxer ces prodiges.
Il les a fixés réellement. Quelques traits de


TERRE ANTIQUE (LE TEMPLE D'AGRIGENTE)
 
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