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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

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No. 44 (Mai 1902)
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Bénédite, Léonce: Quelques souvenirs sur Falguière
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0060

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L'ART DECORATIF

bondissant du divan sur lequel nous étions
assis, il reprit brusquement son travail.
« Regardez-moi cette petite, s'écriait-il,
est-elle jolie ? est-elle vivante ! est-elle jeune !
Regardez-moi ce corps! comme c'est lin et
distingué!)) Et tandis que la jeune lille riait
en rougissant, il m'oubliait tout à fait ainsi
que le sujet qui m'amenait, et pétrissait de
nouveau sa glaise d'une main fiévreuse et
impatiente. Puis, se reprenant tout d'un
coup : « Oh ! je vous demande pardon ;
voyons, causons sérieusement ! )) et il reve-
nait se rasseoir, mais pour se lever peu
après encore au milieu d'exclamations en-
thousiastes, et le manège dura jusqu'à ce que
je prisse congé de lui, me demandant ce
qu'il aurait retenu de ce que je lui avais dit.
Je voudrais qu'on me permît de rappe-
ler aussi un voyage que nous fîmes en-
semble en Bretagne. C'était une petite partie
qui avait été organisée très gentiment par
mon excellent ami Armand Dayot, à l'oc-
casion d'un concours monumental à Brest : MODÈLE VIVANT POUR UNE «JEANNE D'ARC»


MODÈLE VIVANT POUR UNE «JEANNE D'ARC»

marins ou soldats bretons morts pour la
patrie — il en meurt ainsi depuis trente ans
dans tous nos départements, pour la gloire
des comités locaux et la grande joie des
sculpteurs. Dayot nous avait fait désigner
comme jurés, Falguière et moi.
Nous avions, au départ, fait un bon petit
diner chez Lavenne, de qui Falguière esti-
mait la cave et pour qui il avait sculpté une
tète de Bretonne, enchâssée dans la muraille
du restaurant et récompensée par l'hôte d'un
panier de vieux rhum extra-fin. Le voyage
avait été très gai, entremêlé de sommes légers,
de bavardages et de chants, car Falguière ne
cessait de se gargariser le gosier avec la
alors en pleine vogue et qui,
justement, était dédiée par l'auteur à Davot.
son parrain près du public.
On projetait l'emploi de ces trois jour-
nées que nous devions passer ensemble.
Nous serions débarrassés de nos obligations
officielles le premier jour à midi ; nous tini-


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