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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

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No. 44 (Mai 1902)
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Mauclair, Camille: L' ame d'Eugène Carrière: (à propos d'un livre sur lui)
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0080

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L'ART DECORATIF


musicales, prenantes, fortes, et si bien faites
qu'on ne saurait en déplacer une syllabe.
J'en ai montré à des écrivains, et l'un d'eux
m'a dit : «Je dirais que ce que vous me ci-
tez est de Flaubert, s'il n'y avait là une vi-
bration de l'àme que Flaubert n'a jamais
révélée. » Je copie par exemple ceci de la
petite préface que Carrière Ut au catalogue
d'une exposition de ses œuvres chez Boussod,
en i8q6 :
«Je vois les autres hommes en moi et
« je me retrouve en eux, ce qui me pas-
« sionne leur est cher. L'amour des formes
« extérieures de la nature est le moyen de
« compréhension que la nature m'impose.
« Je ne sais pas si la réalité se soustrait
«à l'esprit, un geste étant une volonté
« visible : je les ai toujours sentis unis.
« L'émouvante surprise de la nature aux
«yeux qui s'ouvrent sous l'empire d'une
« pensée enfin voyante, l'instant et le passé

« confondus dans nos souvenirs et notre pré-
«sence... tout cela est ma joie et mon in-
« quiétude. Sa mystérieuse logique s'impose
« à mon esprit, une sensation résume tant
«de forces concentrées! Lex yhzvzzgx ^zzz ;?<?
« xo/z^ yux jfuz* e//ex-zzz<?'z7zex, 77zu;'x jpuz' /ezzzvy
« 7?ZZzRz'p/eX Z'UpjfOzVX, ^OZZ^, hu77X Z77Z /oLz^A
« 7*eczz/, zzozzx 7'(?;oz77^ yu7' he xz/Dz/x yzuxxugex .*
« tout est une confidence qui répond à mes
« aveux... H
Il y a une magie, la magie de Mallarmé,
dans cette définition que j'ai soulignée. Mais
voyons encore cette petite préface au cata-
logue de l'exposition Rodin (tqoo), qu'il faut
transcrire entière:
«L'art de Rodin sort delà terre et y
« retourne, semblable aux blocs géants, ro-
« chers ou dolmens, qui affirment les soli-
« tudes, et dans l'héroïque grandissement
« desquels l'homme s'est reconnu.
« La transmission de la pensée par l'art,
« comme la transmission
«de la vie, est œuvre de
«passion et d'amour.
«La passion, dont
«Rodin est le serviteur
« obéissant, lui fait dé-
«couvrir Es lois qui
«servent à l'exprimer,
«c'est elle qui Di donne
«R sens des volumes et
«des proportions, le choix
« de la saillie expressive.
«Ainsi la terre pro-
« jette au dehors ses formes
« apparentes, images, sta-
« tues, qui nous pénètrent
« du sens de sa vie inté-
«rieure.
«Ce sont ces formes
« terrestres qui furent les
«initiatrices véritables de
«Rodin. Ce sont elles qui
«l'ont libéré des traditions
«d'école, c'est en elles
« qu'il a retrouvé son être
«et l'instinct créateur des
« hommes dont l'humanité
« se réclame.
« Les arbres, les plantes
«lui ont révélé leur analo-
«gie avec ces belles jeunes
« femmes aux jambes lisses
L'ENFANT MALADE « montant en frêles co-

EUGÉNE CARRtÉRE

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