L'ART DECORATIF
et que d'autres visages, moitié ironiques,
moitié apitoyés, m'ont abordé avec l'inévitable
question : — Eh bien, mon pauvre ami, où
en est-il, votre style moderne?
Je ne suis pas du tout inquiet sur les
destinées du «style modernes et je ne crains
pas beaucoup, à cet égard, l'opinion des
«amateurs)) qui pensent que l'art est mort
le même jour que Louis XVI. Pourtant, je
ne saurais me dissimuler que les Salons de
1902 apporteront plutôt la déception que
l'enthousiasme aux très nombreuses per-
sonnes qui, non sans impatience, attendent
de nos architectes et de nos artisans des
révélations enhn décisives. Il faut avoir la
franchise de dire que les tentatives s'y
montrent de faible envergure et sans aucune
cohésion, avec de nombreuses fautes de
goût et de logique, un penchant trop accentué
pour la fantaisie et une certaine timidité par
contre à aborder les travaux d'ensemble. La
prédominance du bibelot, de «l'objet d'art))
inutile et de l'objet usuel prétentieux, trop
luxueux, trop décoré, donne à l'ensemble un
caractère de futilité qui déconcerte. Et comme
le jugement du public va rarement de lui-
méme au fond des choses, on peut dire
qu'une déception attend aux Salons de cette
année quiconque y vient avec l'espoir d'y
constater des progrès tangibles dans l'art
appliqué.
A. DAMMOUSE PLAT EN PATE DE VERRE
Voici donc, traduites, je crois, asse'z
fidèlement, deux impressions différentes:
celle des gens attirés seulement par le désir
de voir des objets d'art, et celle des visi-
teurs qui viennent se renseigner sur la tour-
nure que prend un mouvement artistique.
Si, pour ces derniers, comme je viens de le
E. GALLE VERRERiE DE TABLE
et que d'autres visages, moitié ironiques,
moitié apitoyés, m'ont abordé avec l'inévitable
question : — Eh bien, mon pauvre ami, où
en est-il, votre style moderne?
Je ne suis pas du tout inquiet sur les
destinées du «style modernes et je ne crains
pas beaucoup, à cet égard, l'opinion des
«amateurs)) qui pensent que l'art est mort
le même jour que Louis XVI. Pourtant, je
ne saurais me dissimuler que les Salons de
1902 apporteront plutôt la déception que
l'enthousiasme aux très nombreuses per-
sonnes qui, non sans impatience, attendent
de nos architectes et de nos artisans des
révélations enhn décisives. Il faut avoir la
franchise de dire que les tentatives s'y
montrent de faible envergure et sans aucune
cohésion, avec de nombreuses fautes de
goût et de logique, un penchant trop accentué
pour la fantaisie et une certaine timidité par
contre à aborder les travaux d'ensemble. La
prédominance du bibelot, de «l'objet d'art))
inutile et de l'objet usuel prétentieux, trop
luxueux, trop décoré, donne à l'ensemble un
caractère de futilité qui déconcerte. Et comme
le jugement du public va rarement de lui-
méme au fond des choses, on peut dire
qu'une déception attend aux Salons de cette
année quiconque y vient avec l'espoir d'y
constater des progrès tangibles dans l'art
appliqué.
A. DAMMOUSE PLAT EN PATE DE VERRE
Voici donc, traduites, je crois, asse'z
fidèlement, deux impressions différentes:
celle des gens attirés seulement par le désir
de voir des objets d'art, et celle des visi-
teurs qui viennent se renseigner sur la tour-
nure que prend un mouvement artistique.
Si, pour ces derniers, comme je viens de le
E. GALLE VERRERiE DE TABLE