L'ART DÉCORATIF
casion d'une œuvre qui marque dans la car-
rière de M. Ponscarme, tandis que les deux
allégories qui doivent décorer les deux mé-
dailles données en concours retiennent par
leur significative simplicité.
Mais voici qui est mieux encore : en
i8bp, il a l'honneur de graver la médaille
décernée aux exposants de l'Exposition Uni-
verselle. Cette médaille est trop répandue et
par conséquent trop connue pour qu'il soit
nécessaire de la longuement commenter.
Néanmoins on doit insister sur l'effigie de
Napoléon III qui en décore l'avers. Le
profil est noble tout en restant véridique.
Ce n'est pas la basse silhouette rêvée par
les caricaturistes, mais bien la ligure d'un
homme habitué à vouloir et à gouverner.
Napoléon a trouvé un portraitiste idéal.
Aussi , sans que le médailleur recoure
à la flagornerie ni aux intrigues, il se voit
choisi, de préférence à tout autre, chaque
fois que l'effigie impériale entre en jeu.
C'est ainsi qu'en vue d'une médaille où
les profils de l'empereur, de l'impératrice et
du prince impérial se trouvent superposés,
M. Ponscarme fut appelé à modeler le mé-
daillon du prince impérial que nous repro-
duisons. Que de vie, d'expression et de ju-
vénilité dans ce fin profil d'un modelé si
délicat. Véridique, certes, mais avec cette
allure attique qui ne se découvre dans les
œuvres modernes que lorsqu'elles sont par-
faites. Jusqu'alors, M. Ponscarme n'a fait
que suivre, avec goût et liberté il est vrai,
les errements de ses confrères. Il a marqué
toutes les médailles sorties de sa main de
l'empreinte de ses dons, sans oser se libérer
cependant de certaines conventions, si ce
n'est pourtant dans ses médaillons, dont le
délicat modelé avait été pour les artistes les
mieux doués, comme Chapu, une révélation.
Que l'on compare, au musée du Luxem-
bourg par exemple, les médaillons de
M. Ponscarme et ceux exécutés à Rome par
Chapu, les portraits de femme notamment,
et l'on sentira vite la parenté évidente des
œuvres, expliquée au reste par les relations
amicales et très anciennes des deux artistes.
Iis s'étaient connus à leurs débuts, c'est-à-
dire avant i855, année où M. Ponscarme
obtint le second grand prix de gravure en
médaille et M. Chapu le premier grand prix
de sculpture.
Voici l'heure venue où le maître dont
nous nous occupons va libérer la médaille
des entraves qui gênaient son essor. L'effigie
d'un vieux savant, Josephus Naudet, en est
le prétexte.
K Une révolution, cette médaille! a fort
justement écrit M. Roger Marx. Le graveur
ne s'était pas borné à 77?<3^<?r le fond pour
obtenir l'unité, l'harmonie ; la délicate sou-
plesse du modelé y protestait avec éloquence
contre l'exagération habituelle des saillies et
la dureté des contours. Bien plus, M. Pons-
carme s'aventurait à s'affranchir du cadre
d'un listel inutile; puis, renonçant à l'emploi
des caractères typographiques vulgaires, sans
convenance, il contraignait la légende, par
le style approprié des lettres et la variabilité
de leurs dispositions, à prendre le rôle orne-
mental de l'écriture arabe ou japonaise, à
participer pour l'effet au pittoresque de l'en-
semble. H
Devant cette œuvre, public et profes-
sionnels hésitent un moment. Beaucoup
parmi ces derniers sont encore hantés par
la virtuosité d'outil qui avait fait le succès
de Galle; la médaille est toujours pour eux
le bibelot sec que certains comparent à un
bouton de métal. Mais le graveur Oudiné,
qui se double d'un sculpteur, sent vite la
légitimité de la révolution provoquée par
M. Ponscarme, et on le verra, à la fin de
sa carrière, faire son profit de cette liberté
prise par un autre que lui. Dans un autre
ordre d'idées, le savant J. B. Dumas apporte
son approbation à la médaille de Naudet et
l'empereur lui-même fait connaître qu'il lui
serait agréable que d'autres médailles fussent
faites à l'image de celle-ci.
Avec de tels encouragements, M. Pons-
carme n'a plus qu'à suivre la voie où il
s'est si opportunément engagé. Mais, au lieu
de s'en tenir à cette première victoire, il ne
cessera d'améliorer sa technique, de chercher
à réaliser cet idéal qui est au fond du cœur
casion d'une œuvre qui marque dans la car-
rière de M. Ponscarme, tandis que les deux
allégories qui doivent décorer les deux mé-
dailles données en concours retiennent par
leur significative simplicité.
Mais voici qui est mieux encore : en
i8bp, il a l'honneur de graver la médaille
décernée aux exposants de l'Exposition Uni-
verselle. Cette médaille est trop répandue et
par conséquent trop connue pour qu'il soit
nécessaire de la longuement commenter.
Néanmoins on doit insister sur l'effigie de
Napoléon III qui en décore l'avers. Le
profil est noble tout en restant véridique.
Ce n'est pas la basse silhouette rêvée par
les caricaturistes, mais bien la ligure d'un
homme habitué à vouloir et à gouverner.
Napoléon a trouvé un portraitiste idéal.
Aussi , sans que le médailleur recoure
à la flagornerie ni aux intrigues, il se voit
choisi, de préférence à tout autre, chaque
fois que l'effigie impériale entre en jeu.
C'est ainsi qu'en vue d'une médaille où
les profils de l'empereur, de l'impératrice et
du prince impérial se trouvent superposés,
M. Ponscarme fut appelé à modeler le mé-
daillon du prince impérial que nous repro-
duisons. Que de vie, d'expression et de ju-
vénilité dans ce fin profil d'un modelé si
délicat. Véridique, certes, mais avec cette
allure attique qui ne se découvre dans les
œuvres modernes que lorsqu'elles sont par-
faites. Jusqu'alors, M. Ponscarme n'a fait
que suivre, avec goût et liberté il est vrai,
les errements de ses confrères. Il a marqué
toutes les médailles sorties de sa main de
l'empreinte de ses dons, sans oser se libérer
cependant de certaines conventions, si ce
n'est pourtant dans ses médaillons, dont le
délicat modelé avait été pour les artistes les
mieux doués, comme Chapu, une révélation.
Que l'on compare, au musée du Luxem-
bourg par exemple, les médaillons de
M. Ponscarme et ceux exécutés à Rome par
Chapu, les portraits de femme notamment,
et l'on sentira vite la parenté évidente des
œuvres, expliquée au reste par les relations
amicales et très anciennes des deux artistes.
Iis s'étaient connus à leurs débuts, c'est-à-
dire avant i855, année où M. Ponscarme
obtint le second grand prix de gravure en
médaille et M. Chapu le premier grand prix
de sculpture.
Voici l'heure venue où le maître dont
nous nous occupons va libérer la médaille
des entraves qui gênaient son essor. L'effigie
d'un vieux savant, Josephus Naudet, en est
le prétexte.
K Une révolution, cette médaille! a fort
justement écrit M. Roger Marx. Le graveur
ne s'était pas borné à 77?<3^<?r le fond pour
obtenir l'unité, l'harmonie ; la délicate sou-
plesse du modelé y protestait avec éloquence
contre l'exagération habituelle des saillies et
la dureté des contours. Bien plus, M. Pons-
carme s'aventurait à s'affranchir du cadre
d'un listel inutile; puis, renonçant à l'emploi
des caractères typographiques vulgaires, sans
convenance, il contraignait la légende, par
le style approprié des lettres et la variabilité
de leurs dispositions, à prendre le rôle orne-
mental de l'écriture arabe ou japonaise, à
participer pour l'effet au pittoresque de l'en-
semble. H
Devant cette œuvre, public et profes-
sionnels hésitent un moment. Beaucoup
parmi ces derniers sont encore hantés par
la virtuosité d'outil qui avait fait le succès
de Galle; la médaille est toujours pour eux
le bibelot sec que certains comparent à un
bouton de métal. Mais le graveur Oudiné,
qui se double d'un sculpteur, sent vite la
légitimité de la révolution provoquée par
M. Ponscarme, et on le verra, à la fin de
sa carrière, faire son profit de cette liberté
prise par un autre que lui. Dans un autre
ordre d'idées, le savant J. B. Dumas apporte
son approbation à la médaille de Naudet et
l'empereur lui-même fait connaître qu'il lui
serait agréable que d'autres médailles fussent
faites à l'image de celle-ci.
Avec de tels encouragements, M. Pons-
carme n'a plus qu'à suivre la voie où il
s'est si opportunément engagé. Mais, au lieu
de s'en tenir à cette première victoire, il ne
cessera d'améliorer sa technique, de chercher
à réaliser cet idéal qui est au fond du cœur