DOI Heft:
No. 46 (Juillet 1902)
DOI Artikel:Rambosson, Yvanhoé: La sculpture aux Salons de 1902
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0180
L'ART DECORATIF
en langage d'atelier
leur professeur , pen-
sera de leurs produc-
dons, car H ne per-
mettrait pas qu'une
influence étrangère à
la sienne vienne guPer
son élève. Malheur à
qui, bouillant de jeu-
nesse et d'ardeur vers
la beauté inexprimée,
tenterait quelque origi-
nale création. Le «pa-
tron M verrait en lui
un révolté et un enne-
mi; sa carrière hono-
rifique serait brisée et
peut-être même le jury
l'empêcherait - il de
E. DERRÈ
LES LÈVRES EN FLEUR (MARBRE)
G. DEVREESE DENTELLIÈRE FLAMANDE
I 56
produire devant le public son
beau rêve solitaire, éclos dans
l'indépendance de sa pensée et
dans son fier vouloir. Avec une
sagesse obéissante et sans qénie,
vous gravirez au contraire avec
certitude les deqrés du hors-
concourat jusqu'à ce que vous
ayez acquis le droit d'imposer
à la vue universelle une nullité
reco7?7;?te. Quelques-uns se sont
dit: «Restons sous l'aile des
«patrons)) le temps qu'il fau-
dra pour arriver. Plus tard
nous pourrons ne relever que
de notre sensation devant la
nature. )) Ceux-là se sont per-
dus. Ils ont attendu des années,
dans la servitude artistique, le
jour de la délivrance, et ce
jour venu, il était trop tard.
Leur cerveau, leurs yeux, leur
main étaient apprivoisés sans
retour et leur sincérité s'était
falsifiée à la pratique des for-
mules surannées à travers les-
quelles ils verraient désormais
toujours , comme un enfant
dont on aurait de bonne heure
abîmé la vue par des lunettes,
mais qui ne pourrait plus s'en
passer arrivé à l'àqe d'homme.
Si j'ajoute que le chef d'un ate-
lier qui est membre du jurv a
en langage d'atelier
leur professeur , pen-
sera de leurs produc-
dons, car H ne per-
mettrait pas qu'une
influence étrangère à
la sienne vienne guPer
son élève. Malheur à
qui, bouillant de jeu-
nesse et d'ardeur vers
la beauté inexprimée,
tenterait quelque origi-
nale création. Le «pa-
tron M verrait en lui
un révolté et un enne-
mi; sa carrière hono-
rifique serait brisée et
peut-être même le jury
l'empêcherait - il de
E. DERRÈ
LES LÈVRES EN FLEUR (MARBRE)
G. DEVREESE DENTELLIÈRE FLAMANDE
I 56
produire devant le public son
beau rêve solitaire, éclos dans
l'indépendance de sa pensée et
dans son fier vouloir. Avec une
sagesse obéissante et sans qénie,
vous gravirez au contraire avec
certitude les deqrés du hors-
concourat jusqu'à ce que vous
ayez acquis le droit d'imposer
à la vue universelle une nullité
reco7?7;?te. Quelques-uns se sont
dit: «Restons sous l'aile des
«patrons)) le temps qu'il fau-
dra pour arriver. Plus tard
nous pourrons ne relever que
de notre sensation devant la
nature. )) Ceux-là se sont per-
dus. Ils ont attendu des années,
dans la servitude artistique, le
jour de la délivrance, et ce
jour venu, il était trop tard.
Leur cerveau, leurs yeux, leur
main étaient apprivoisés sans
retour et leur sincérité s'était
falsifiée à la pratique des for-
mules surannées à travers les-
quelles ils verraient désormais
toujours , comme un enfant
dont on aurait de bonne heure
abîmé la vue par des lunettes,
mais qui ne pourrait plus s'en
passer arrivé à l'àqe d'homme.
Si j'ajoute que le chef d'un ate-
lier qui est membre du jurv a