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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

DOI issue:
No. 47 (Août 1902)
DOI article:
Jourdain, Frantz: La Villa Majorelle à Nancy
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0233

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H. SAUVAGE

VILLA MAJORELLE, A NANCY

rie, mais eiie pare l'œuvre entière d'une fan-
taisie pleine de saveur. Grâce à la franchise
de l'artiste, le regard suit la montée de l'es-
calier, pénètre dans l'atelier par sa vaste
verrière, devine l'intimité des chambres à
coucher, s'arrête aux petites baies des cabi-
nets de toilette, s'attarde aux dimensions
étoffées d'une hospitalière salle à manger, ins-
pecte à l'aise le vestibule, vestibule un peu
campagnard, ne pastichant pas l'antichambre
citadine, vestibule bon-enfant qu'on ne
craint pas de salir en rentrant du jardin, les
pieds boueux, et où la fraîche senteur des
Heurs et des arbres a élu domicile.
En juxtaposant les façades sur les
plans, en laissant les premières tributaires
des seconds, l'architecte renoue, ën somme,
la tradition sacrée du style grec et du
style gothique, la tradition du véritable
style classique qui n'admet ni tricherie, ni
mensonge. Ce respect de la vérité, il l'ap-
plique aussi rigoureusement dans sa décora-
tion, qui se montre impeccablement ration-
nelle, qui a été conçue en même temps, d'un
seul jet, avec la construction , comme la con-

séquence d'une idée et le corollaire d'un
théorème.
Qu'on ne s'y trompe pas, pareille théorie
bouleverse l'enseignement donné et accepté à
l'Ecole des Beaux-Arts. Que nous sommes
loin en effet de ces immenses et séduisantes
images où le pauvre élève dépense sans
compter son temps, sa jeunesse, son imagi-
nation et son talent à s'efforcer de marier la
carpe et le lapin, en amalgamant les éléments
les plus disparates, en gonHant sans mesure
un détail qui devrait rester délicat, en
appauvrissant un motif dont la raison d'être
serait la robustesse, en saupoudrant, au ha-
sard du crayon, l'ensemble de la composi-
tion d'une avalanche de sculptures, de fron-
tons, de pilastres, de cartouches, de consoles,
de modillons d'une incohérence folle, en
plaçant, en un mot, la charrue avant les
bœufs : concevoir une œuvre architecturale
sans se préoccuper de la décoration, et l'or-
ner ensuite au petit bonheur, comme un
enfant colle des pains-à-cacheter multico-
lores sur une feuille de papier blanc ! M.
Henri Sauvage a tenu, au contraire, à ne

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