L'ART DECORATIF
tendresse pour les formes observées dans la
nature: l'art italien est naturellement expansif;
il tient du tempérament méridional, et il
n'a point à contraindre son vrai caractère.
Les excès de ce tempérament, on les
connaît. Notre Exposition de igoo nous a
mis en face de ces œuvres de minauderie,
taiilées et ajourées dans un marbre anémié,
comme elles le seraient dans un savon ou
un navet, sans accent, sans que l'on per-
çoive sous les plis de l'épiderme la vigueur
d'une ossature. Les pires fadaises d'une ro-
mance ressassée et resucée ont inspiré ces
sujets à airs penchés et à petites mines, sur
lesquels on voyait s'épingler sans lin les
cartes d'acquéreurs. Te7?ÙM ù*oA yhA/
L'ÆMILIA ARS PORTE (BOIS SCULPTE)
L'ÆMILIA ARS GRILLE
c'était le triomphe du carrare mécanique, où
la pierre, gardant l'éclat du sucre, voulait
jouer la transparence des dentelles ou le
papier froissé. Les mignardises d'exécution,
les tours de passe-passe avaient seuls tenté
l'ouvrier, constituaient tout son art.
C'est encore la même prétention qui
s'étale sur les figures funéraires des c<377?yo
xu77?u modernes, à Gènes, par exemple, ou
même à Nice, resté comme un vestibule de
l'Italie. Les belles dames en robes de moire
et en broderies, les chapeaux haut de forme
sohicitent le statuaire, et tous ces person-
nages de marbre, dans leurs attitudes pathé-
tiques, n'ont l'air que de pierrots enfarinés,
de statues du Commandeur mimant quelque
farce macabre.
La sculpture n'est pas seule à ne mettre
en valeur que cette habiieté funeste. Les
plus beaux exemples des arts anciens tombent
238
tendresse pour les formes observées dans la
nature: l'art italien est naturellement expansif;
il tient du tempérament méridional, et il
n'a point à contraindre son vrai caractère.
Les excès de ce tempérament, on les
connaît. Notre Exposition de igoo nous a
mis en face de ces œuvres de minauderie,
taiilées et ajourées dans un marbre anémié,
comme elles le seraient dans un savon ou
un navet, sans accent, sans que l'on per-
çoive sous les plis de l'épiderme la vigueur
d'une ossature. Les pires fadaises d'une ro-
mance ressassée et resucée ont inspiré ces
sujets à airs penchés et à petites mines, sur
lesquels on voyait s'épingler sans lin les
cartes d'acquéreurs. Te7?ÙM ù*oA yhA/
L'ÆMILIA ARS PORTE (BOIS SCULPTE)
L'ÆMILIA ARS GRILLE
c'était le triomphe du carrare mécanique, où
la pierre, gardant l'éclat du sucre, voulait
jouer la transparence des dentelles ou le
papier froissé. Les mignardises d'exécution,
les tours de passe-passe avaient seuls tenté
l'ouvrier, constituaient tout son art.
C'est encore la même prétention qui
s'étale sur les figures funéraires des c<377?yo
xu77?u modernes, à Gènes, par exemple, ou
même à Nice, resté comme un vestibule de
l'Italie. Les belles dames en robes de moire
et en broderies, les chapeaux haut de forme
sohicitent le statuaire, et tous ces person-
nages de marbre, dans leurs attitudes pathé-
tiques, n'ont l'air que de pierrots enfarinés,
de statues du Commandeur mimant quelque
farce macabre.
La sculpture n'est pas seule à ne mettre
en valeur que cette habiieté funeste. Les
plus beaux exemples des arts anciens tombent
238