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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

DOI issue:
No. 50 (Novembre)
DOI article:
Mauclair, Camille: Albert Bartholomé
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0348

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L'ART DÉCORATIF

sujets les plus poncifs de l'École, il nous
en donnerait la même impression. Ce n'est
pas de Léda ou de Biblis que nous sommes
excédés, mais seulement des médiocres qui
les ont traduites.


Ao7?/Y7;*ne Ar/x Décormi/A
Un grand artiste apporte avec lui le don
de rajeunissement ; toute belle chose crée
ses propres poncifs, mais sous eux on la
retrouve, et si après des siècles un homme
se présente aussi grand que son créateur, il
la montre souriante et vivante comme au
premier jour. Elle n'est plus la même, elle

est vue sous un autre aspect, mais cette
vision l'augmente sans la travestir, et nous
apprenons sur elle quelque chose de plus.
Ainsi serait-il intéressant au plus haut degré
qu'un sculpteur comme Rodin, suivant la
pente de son esprit tel qu'il se montre
depuis quelques années dans ses petits mar-
bres, en vînt à donner au public la plus
frappante des leçons en traitant tous les
sujets de concours ou d'envois de Rome —
et quels chefs-d'œuvre ne verrions-nous pas !
Et quelle qualité d'émotion fraternelle à la
nôtre n'y mettrait-il pas ! C'est qu'il n'y
prendrait que ce qui est permanent. Nous
verrions alors que les accessoires seuls ont
vieilli, et que la mythologie, comprise non
dans sa lettre mais dans son esprit, comme
l'a fait l'exégèse de ce siècle, est un des plus
beaux cycles du symbolisme naturel et une
des plus profondes et magnifiques conden-
sations d'idées générales qui aient paru dans
le monde.
Spécialement le nu reste le dernier rem-
part de l'École, et l'excuse adroite qu'elle en
tire en s'y référant a prolongé son existence.
Sans les symboles et sans le nu, sans l'ad-
mirable vitalité qui s'y concentre, l'École
n'aurait pas pu durer jusqu'aujourd'hui. Il
est impossible à un moderne de penser aux
mots École ou Académie sans les associer
vaguement à des images vieillottes et pous-
siéreuses ; pour moi, je me souviens qu'il y
a des années je ne pouvais m'empêcher de
mêler ces mots à l'idée de citadines à caissons
jaunes, de crinolines et de gardes nationaux
coiffés d'oursons, non certes par intention
délibérée de ridicule, mais par le sentiment
d'institutions mortes avec la mode Louis-
Philippe. Je n'ai compris que plus tard
combien ces institutions surannées étaient
encore puissantes et dangereuses.
« Le nu, me disait récemment Rodin,
est, comme la gamme, l'alphabet, les nom-
bres, une source de combinaisons illimitées, v
Ces combinaisons du mouvement humain,
il a montré qu elles pouvaient suffire en effet,
seules et sans accessoires, à signifier une
foule de sentiments. Les sculpteurs actuels,
ceux du moins qui témoignent d'une àme
neuve et d'une technique originale, Pont
compris : c'est en montrant ce que le nu
n'a pas encore donné, ce que l'Ecole a
négligé de lui faire exprimer, qu'ils mon-
treront que là même elle n'a plus la priorité,
 
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