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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

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No. 50 (Novembre)
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Mauclair, Camille: Albert Bartholomé
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0352

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L'ART DECORATIF

M. Bartholomé. L'organisme humain, s'it le
veut, signihe toute l'àme. Les combinaisons
de mouvements cherchées par le scuipteur
sont plus psychologiques encore que plas-
tiques. Le corps lui sert tour à tour à
exprimer la fatigue, la résignation, l'amour,
l'espoir, le regret, sans horreur et sans hé-
roïsme. Et il sort de ces nudités une telle
puissance suggestive que nous ne les voyons
presque plus matérielles. La chasteté de telle
jeune hile nue, désirable encore, est inimi-

sueile et crispée de Rodin n'ont guère lait
que grimacer. Pareillement la tranquille
gravité de M. Bartholomé ne s'imitera pas.
Il y a là une sorte d'élégance triste qui est
à mille lieues de l'élégance académique.
Jamais l'amenuisement des formes, la mai-
greur, la subtilité des modelés, n'empêchent
de deviner les organes intérieurs, la vitalité,
le jeu naturel du sang et des nerfs : ce sont
là des etres nus tels qu'on les voit, et non
des momies vidées de leurs viscères et enjo-


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table: cette chair est défendue contre le
désir présent par l'ombre future à laquelle
elle est vouée. Elle est vivante et déjà intan-
gible. Et sur presque toutes les figures de
M. Bartholomé il y a ces ombres psycho-
logiques, ces presciences, ces reflets de sa
contemplation douloureuse et calmée, envi-
sageant le destin avec une grâce étrange,
poignante comme un baiser dans l'obscurité.
Rien, dans les nus de M. Bartholomé,
ne rappellera l'Ecole, et pourtant rien n'est
plus raisonnable et plus ennemi de la re-
cherche pittoresque, du saillant imprévu, de
la cambrure originale. Ceux qui ont cherché
ces choses, auprès de l'œuvre ardente, sen-

livées, rendues propres de cette affreuse pro-
preté d'embaumeurs qui est, pour les gens
de l'Ecole, « l'ennoblissement " de la créature.
La grâce des nudités de M. Bartholomé ré-
sulte, comme celle des graciles baigneuses
de Degas, de la franche vérité de leur étude,
du charme réel de leurs épaules minces, de
leurs torses où transparait la fine ossature,
de leurs tètes pensives et douces qui ne
visent pas à la c beauté <> canonique. Voilà
vraiment nos frères, voilà ce que nous
sommes, voilà l'enveloppe dans laquelle,
depuis cinquante siècles, nos pensées ont
germé. Et ces êtres restitués dans la scrupu-
leuse plénitude du vrai sont complets, de
 
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