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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

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No. 50 (Novembre)
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Mauclair, Camille: Albert Bartholomé
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0357

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NOVEMBRE 1902

stèle triangulaire au creux de laquelle, sous
une large coquille, se dissimule une nymphe
au galbe digne de Goujon, dont la trou-
blante chair ondule, diaphane et ferme, avec
une inexprimable pudeur, tournée vers
l'ombre elle aussi, vers l'ombre pensive
chère à M. Albert Bartholomé.
Il est l'homme des gestes retombants et
des lassitudes averties; la figure qui domine
le tombeau de Meilhac est une leçon pour
tous ceux qui tenteraient ce genre d'hom-

l'attestation elle-même de l'àme évadée du
corps et apparaissant au-dessus de lui pour
se dire, suprêmement, telle qu'elle fut. Quant
à la sépulture dont on vit l'exécution au
Salon dernier, elle semblera tout alexandrinc
malgré l'orthodoxie de la ligure angélique
qui se ploie au-dessus d'elle : inscrite au
noble quadrilatère des colonnes doriques, et
telle qu'au lieu des pluies du Père-Lachaise
on lui souhaite la bénédiction du ciel d'A-
thènes, elle n'est que rectitude, silence,


Je S.

mages posthumes, entre tous ingrat. On ne
l'a pas vue au Salon, et c'est tant mieux :
sous des feuillages auxquels elle fut destinée,
le promeneur pieux la rencontrera avec
émotion, et comprendra d'un seul regard la
fatigue pensive avec laquelle elle laisse glisser
une couronne sur la dalle funèbre, tandis
que son autre main ne peut s'élever que
jusqu'à ses yeux. Sur la tombe de l'homme
qui, dit-on, fut si triste tandis qu'il faisait
rire, cette intervention de marbre semble

douceur, et promesse d'une vie élue qu'at-
teste, au rebord du fronton, l'innocente
main levée et ouverte pour un serment.
Au poème de la pierre tendre et des
demi-teintes légères ainsi l'art de M. Albert
Bartholomé sut ajouter quelques strophes
que l'on n'oubliera pas, et auxquelles je ne
connais pas d'analogues dans la sculpture
contemporaine. On songera plutôt à cer-
tains fragments de Augexxe, à des chorals
pour orgue de César Franck, et à Puvis de

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