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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

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No. 50 (Novembre)
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Vignaud, Jean: Lévy-Dhurmer
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0368

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L'ART DECORATIF


du maître florentin; les écrivains le consi-
dèrent comme une sorte de dilettante, doue
d'une pénétrante intelligence et d'une rare
culture; le public déméle dans sa production
le caprice heureux de quelque magicien.
Les uns et les autres étaient plus éblouis
encore que charmés. Subjugués par le rêve,
ils ne devinaient pas le
sens des réalités qui le fai-
saient naître. Ils ne savaient
pas que l'auteur de cette
œuvre qui les ravissait était
un céramiste, qui, entre deux
fournaises, songeait pour
eux, le pastel aux doigts.
Ils ne pouvaient pressentir
le laborieux obstiné que
devait être ce magicien dont
ils saluaient les visions
prestigieuses.

Les années passées au
golfe Juan, dans l'entreprise
de M. Clément Massier,
furent profitables à M. Lévy-
Dhurmer. Les surprises du
feu lui avaient enseigné la
patience; ayant subi les mé-
faits du hasard, il s'appli-
qua, plus tard, à les corriger.
Aussi, lorsque se combinent
en un même tempérament
des dons innés et le souci
d'une perpétuelle recherche,
ne peut-il y avoir que progrès
incessants tant dans la façon
devoir que dans celle de
peindre. De bonne heure,
M. Lévy-Dhurmer posséda
son métier jusque dans ses
moindres détails, et ce n'est
pas un banal mérite de le
constater aune époque où les
hommes ont plus à cœur de prendre une
place que de la mériter. Le peintre s'était
formé dans la méditation, la vision d'un
pays où l'atmosphère imprègne d'art les na-
tures les plus frustes, et l'admiration des
maîtres. Évidemment il fait songer, dans
sa première manière surtout, aux dis-
ciples de l'école florentine, mais dans ses
toiles il les rappelle par l'harmonie élégante
de sa composition; dans ses dessins, par

de silence et dont les regards poursuivaient
durant de long jours. Il s'était assimilé la
phrase de la Bruyère : « un visage est un
paysage^, et traitait les lignes arrêtées d'un
front, le fin contour d'une joue, la souplesse
ardente d'une chevelure avec la divination
d'un psychologue qui met une pensée au bout

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de chaque coup de pinceau. Le Vinci lui
avait enseigné le charme des sourires équi-
voques et le délice des regards inquiétants.
Le peintre ne cachait pas le culte qu'il pro-
fessait pour son dieu, il l'évoquait même
avec une délicieuse sanguine intitulée ((Sou-
venir de Léonard)).
Dès lors, certains critiques, loin de re-
connaître le prix de cet aveu, ne voient dans
le nouveau venu qu'un des disciples attardés

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