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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

DOI Heft:
No. 51 (Décembre 1902)
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Saglio, André: Lucien Simon
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0396

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L'ART DÉCORATIF



croyait être devancière en répétant que
nature devait être Tunique éducatrice et
seule inspiratrice. Zola laissait bien
loin Flaubert dans le dépeçage brutal
de l'humanité et faisait surgir des dis-
ciples qui l'exagéraient; on ne ren-
contrait plus dans les musées que les
seuls fervents de Gustave Moreau copiant
les tableaux de maîtres. Les <( ultras »
de la peinture avaient en résumé
l'illusion qu'on retrouve dans toutes
les révolutions : que les traditions du
passé n'étaient qu'une routine qu'il
importait de briser net et qu'il leur
était donné, à eux les premiers, de
marcher vers la vérité. C'était oublier,
une fois nouvelle, ce vieil adage qui
est le plus profondément vrai de la
sagesse des nations, que la nature ne
fait point de saut et que tout effort
tenté pour s'arracher d'un seul coup à
la tutelle de l'expérience est voué à la
stérilité. C'était méconnaître surtout le
glorieux mécanisme de l'art français,
qui sans arrêt a fait renaître des ((écoles')
sur la décadence des précédentes, en
puisant leurs éléments dans les chefs-
d'œuvre passés, formant le patrimoine
national ou celui des peuples voisins.

Simon avec quelques camarades d'a-
telier, très peu, eut l'intuition de l'erreur
commune. Il se rappellera sans doute, en
lisant ces lignes, avec quel étonnement
mutuel René Ménard et lui se rencontrèrent
un jour de ces temps lointains dans le Salon
carré du Louvre. Chacun de son côté avait
découvert qu'il y avait un singulier profit à
délaisser de temps à autre la quotidienne
académie, même les judicieuses corrections
de MM. Bouguereau et Robert Fleury, poul-
ies muets mais lumineux enseignements des
vieilles toiles illustres. Ils s'y trouvèrent des
affections qui allèrent jusqu'à la passion
unique et extrême, comme on en a dans la
jeunesse. Simon fut pris par Franz Hais.
La franchise du maître hollandais dans son
métier, l'incroyable sûreté avec laquelle il
.apparaît saisir sur le fait la vie dans sa
forme et dans sa couleur en même temps,
son insouciance même d'une psychologie
bien profonde de personnages choisis, d'ail-
leurs, certainement parmi ceux dont l'àme
était la plus simple : tout répondait aux
goûts du débutant. Il aimait en littérature
la les mots sobres, aigus et justes, qui résument
la à l'esprit une pensée ou un geste; il ne

JACQUES BLANCHE de Larve/; -S;77707;
 
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