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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

DOI issue:
No. 51 (Décembre 1902)
DOI article:
Saglio, André: Lucien Simon
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0398

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L'ART DÉCORATIF

d'cté en Bretagne, dans le Finistère, sur la
limite du territoire où vit une des popu-
lations les plus primitives de France et sans
doute d'Europe, les Bigoudins. Ces gens
simples, exclusivement cultivateurs, portent
des costumes violents, noirs brodés d'o-
range ou de rouge ; les femmes mettent des
tabliers et des rubans de couleurs brillantes

Mais d'année en année, l'interet pictu-
ral, le côté purement physique si je puis
dire, de ces peintures de gens étranges se
hausse d'un poignant intérêt moral. Il était
impossible, en effet, que la nature très sen-
sible et généreuse de l'artiste ne fût pas tou-
Mme de la grandeur mélancolique de cette
race, immuable depuis des milliers d'années


Fd7/ex de Ao/n-Cdèèé
et des bonnets brodés de soie passant sous
leur double cornette blanche. Il est inutile
de dire combien le peintre fut enthousiasmé
par le spectacle journalier de l'harmonie
forte de ces tons mouvant dans un cadre
toujours admirable, entre le ciel balayé de
nuages par le grand vent du large et la
terre cendrée et blonde que sèment, comme
des gouttes de lait, les petites maisonnettes
identiques, crépies à la chaux. Chaque année
il rapporta de ses vacances un bagage d'aqua-
relles gouachées, notes excellentes prises sur le
vif, et il en ht ces tableaux bretons que le public
a pris une sorte d'habitude de trouver chaque
printemps au Salon de la Société Nationale.

probablement, mm cette terre de roc et de
tempêtes. Sans meme s'en rendre compte, il
est arrivé, avec un métier singulièrement
élargi, à faire de ses paysans de Bretagne
des types d'humanité, qui reflètent de la façon
la plus émouvante les fatales lois du labeur
pour prolonger la vie de souffrance jusqu'à
une destinée incertaine. Si l'on se souvient
de la Trocaxx/on qu'il exposa en i8q5 et de
celle qu'il ht il y a deux ans, on appréciera
ce que je veux dire.
Il faut observe!* d'ailleurs que les por-
traits et les tableaux de famille, que Simon
n'a cessé et ne cesse de faire en même temps
que ses Bigoudins, ont toujours été les œu-
 
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