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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

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No. 51 (Décembre 1902)
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Sedeyn, Émile: Les principes de décoration à Sèvres
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0408

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L'ART DECORATIF

Manufacture de Sèvres en ces dernières années.
- Nous en avons déjà dit notre pensée à
plusieurs reprises. Il s'y mêle beaucoup de
joie, et comme un semblant de triomphe.
La Manufacture de Sèvres a donné une forme
tangible aux théories qui nous sont les plus
chères; à l'heure de l'anarchie, CL a réa-
lisé ; à l'heure du doute, elle a prouvé. Son
oeuvre persévérante, qui fleurit en grâces
fortes, est comme le produit de l'idée mo-
derniste dans ce qu'elle a de plus définitif

satisfaction, en 1900, de voir la Manufacture
française de porcelaines se réhabiliter d'un
long passé de médiocrité artistique, et s'en
réhabiliter de manière à égaler, sinon à éclip-
ser ses redoutables concurrentes de Copen-
hague, de Stockholm et de Meissen, en Saxe.
Car Meissen, on s'en souvient, Meissen,
patrie des petits bonshommes Louis XV,
des Lancret et des Watteau en kaolin,
Meissen avait voulu montrer en 1900 sa
compréhension du style moderne. Et ce fut


KANN
et de plus français aussi. Tout ce que peu-
vent la liberté et l'indépendance disciplinées
et instruites, la Manufacture de Sèvres nous
l'a donné en quelques années. Grâce à elle,
grâce aux artisans qu'elle a groupés, il y a
aujourd'hui en France une manifestation
indiscutablement nationale du style mo-
derne; et ce n'est pas un mince résultat,
pour nous tous, que pouvoir montrer des
œuvres d'art, décoratives ou usuelles, qui
ne rappellent ni le XVIIL siècle ni la Re-
naissance, et dont on ne peut pas dire ce-
pendant qu'elles ne sont point, — par leur
beauté, par leur élégance, par leur principe,
— françaises et bien françaises.
Car il faut constater, et répéter très
haut que Sèvres n'a imité personne. En sui-
vant l'évolution communiquée aux industries
d'art, mieux que cela, en prenant la tête de
cette évolution, la Manufacture Nationale
s'est sagement gardée des influences étran-
gères, elle a pris toutes ses ressources et
tous ses moyens d'action en elle-même et
autour d'elle. Et nous avons eu cette rare

Service à ca/e
une avalanche de symboles conformes à
l'esprit allemand, idéaliste et matériel. A
côté, Rœrstsand montrait des formes amples
et solides, décorées sobrement, vases déco-
ratifs et services de table portant bien l'em-
preinte d'un pays où la vie de famille, le
calme du « chez-soi » acquièrent leur plus
complète expression. Autre pays, autre sens
de la beauté : fond blanc, décor le plus sou-
vent bleu sombre : c'était Copenhague, et
c'était bien là l'rt;4 d'un peuple
contemplatif et robuste, un peu triste, mais
dont l'esprit enregistre avec force des im-
pressions profondes.
A côté de ces manifestations si diverses,
Sèvres vint apporter une note inattendue, —
sa note, qu'il a gardée et développée, enri-
chie, depuis. C'est encore de la grâce, comme
il convient à ce pays de sourires qu'est le
nôtre, mais non plus la grâce mièvre et
comme affolée du XVIIR siècle, ni l'adreux
sourire trop orné, trop lardé, dont la vieille
budgétivore de Sèvres nous avait gratifiés
durant tout le XIX" siècle : une élégance

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