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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 5,1.1903

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Karađorđević, Božidar: La toilette féminine: comprise par les artistes
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https://doi.org/10.11588/diglit.34207#0040

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L'ART DÉCORATIF

genoux ne suffit plus, ne montrent plus que
ta moitié de leur visage, le menton mangé
par la ruche, le front disparu sous les ban-
deaux ébouriffes imposés par la mode.


G. DE EEURE ,-f(?M<3re//e

Les chapeaux toujours disgracieux, en
opposition absolue avec la coiffure à la
mode, après les petits cabossés de l'empire,
prennent des velléités de Babel, s'échafaudent

en amas de plumes, en spirales de fleurs
enroulées autour de cônes de feutre ou de
paille, s'aplatissent ensuite en galettes, re-
montent, redescendent, mais toujours se
maintiennent aussi loin que possible du goût,
du seyant, de l'art. La manche à gigot réap-
paraît soudain, déforme pendant trois sai-
sons les tailles féminines, donne aux mieux
faites de faux airs de polichinelle. La toi-
lette féminine tombe aux mains d'ouvriers
en couture, n'est plus une recherche de
beauté ou de perfectionnement; l'art en est
à tout jamais exclu, et l'unique préoccu-
pation des ouvrières en mode est le chan-
gement. Peu importe ce qu'il donnera et
de qui viendra l'idée nouvelle, pourvu que
ce que l'on portait l'année dernière puisse
être déclaré importable, ridicule, le contraire
absolu de ce qu'on va porter cette saison.
La couturière, et avec elle — plus qu'elle
même — la cliente est satisfaite.
Enfin, ces temps sont passés, classés
eux aussi au rétrospectif pour l'amusement
de nos petits-neveux. Voilà quelque dix ans,
Grasset, de Feure, Lalique, Lefaurichon,
Prouvé, Yoni, Isaac et tant d'autres grands
artistes se sont mis à faire de l'art féminin,
à chercher en étoffes, en bijoux, en dessins
de broderies les choses les plus seyantes,
les plus gracieuses, ont ramené la mode,
tombée aux seules mains des ouvrières en
couture, au niveau de l'art. La femme est
redevenue la dame de beauté des temps de
naguère. Je ne veux pas dire que la mode
d'aujourd'hui soit inchangeable, parfaite,
définitive, mais il y a un tel effort d'art,
nous sommes si loin de la crinoline, de la
tournure, des manches à gigot, des jupes
en pluie ou en parasol, des bustes-guérite,
de tout le trop court ou trop long dont les
femmes s'affublaient docilement, parce que
«cela va beaucoup se porter cette saison",
qu'on ne peut qu'admirer la mode régnante
et applaudir les artistes qui ne dédaignent
pas de s'en occuper. Grasset, le rénovateur
de l'art décoratif, a le premier dessiné pour
la femme des merveilles de goût, des man-
teaux somptueux aux ornements d'une ri-
chesse discrète, des étoffes légères, fleuries
de guirlandes pâles, des motifs de brode-
ries. Il a fait école, créé d'innombrables
élèves, et grâce à lui les étoffes, les den-
telles, les moindres bibelots du costume
féminin d'aujourd'hui sont des œuvres d'art.

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