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Thomas, Albert: À travers les expositions
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34207#0179
A TRAVERS LES EXPOStTlONS
Ÿ'VA.NS les galeries Durand-Ruel, rue Laffitte,
{/ la « Société Nouvelle de peintres et
sculpteurs s a tenu, du iq lévrier au y mars,
sa quatrième exposition. Elle nous a montré
cette fois encore un ensemble
d'œuvres fort curieuses, et
dignes de personnalités qu'a
réunies un même besoin d'art
noble et médité.
L'an dernier, j'ai eu la
joie de louer ici M. René
Ménard. J'ai dit, faiblement
sans doute, la noblesse de son
inspiration, son large style,
son pittoresque grandiose et
harmonieux. J'ai montré les
rapports de son œuvre avec
celles de Claude Gellée, de
Poussin, de Ruysdaël. EM
tenté de préciser aussi ce que
cette œuvre présente d'abso-
lument original: la piété du
souvenir, la grave douceur
du songe, un merveilleux par-
fum venu du fond des âges,
et, dans la représentation de
la nature sous ses aspects les
plus généraux, les plus im-
muables, la notation de telle
minute précise, unique en
l'infini du temps. Je ne dé-
crirai pas les six pastels dont
la discrète splendeur rayonne
dans les Salons de la rue
Laffitte. On y trouve, comme
dans tous les paysages de
l'artiste, des nuages marmo-
réens, des eaux rythmique-
ment balancées et, sur des
ciels d'or et de roses, M ML
houette des côtes, des pro-
montoires, des arbres et des
ruines qui révèle la ((Terre
antique s. On y goûte l'âme des siècles
défunts. Paysage historique! j'ai souvent
entendu caractériser ainsi le genre de
M. René Ménard. J'adopterais volontiers
l'expression, si je ne craignais qu'elle ne fit
songer malencontreusement aux pédantes
compositions d'école, aux sites laborieu-
sement architecturés par Valenciennes et par
Bertin, qu'elle ne fût pour beaucoup syno-
nyme d'artificiel, d'académique, de K pom-
piers. Mais vraiment cette K Corinthe s où
quelques cotonnes, surmontées de leur archi-
trave, debout dans l'herbe drue, attestent
seules devant le ciel et la mer l'existence
M. BOUTBL DE MONVEL
t 5 3
20
Ÿ'VA.NS les galeries Durand-Ruel, rue Laffitte,
{/ la « Société Nouvelle de peintres et
sculpteurs s a tenu, du iq lévrier au y mars,
sa quatrième exposition. Elle nous a montré
cette fois encore un ensemble
d'œuvres fort curieuses, et
dignes de personnalités qu'a
réunies un même besoin d'art
noble et médité.
L'an dernier, j'ai eu la
joie de louer ici M. René
Ménard. J'ai dit, faiblement
sans doute, la noblesse de son
inspiration, son large style,
son pittoresque grandiose et
harmonieux. J'ai montré les
rapports de son œuvre avec
celles de Claude Gellée, de
Poussin, de Ruysdaël. EM
tenté de préciser aussi ce que
cette œuvre présente d'abso-
lument original: la piété du
souvenir, la grave douceur
du songe, un merveilleux par-
fum venu du fond des âges,
et, dans la représentation de
la nature sous ses aspects les
plus généraux, les plus im-
muables, la notation de telle
minute précise, unique en
l'infini du temps. Je ne dé-
crirai pas les six pastels dont
la discrète splendeur rayonne
dans les Salons de la rue
Laffitte. On y trouve, comme
dans tous les paysages de
l'artiste, des nuages marmo-
réens, des eaux rythmique-
ment balancées et, sur des
ciels d'or et de roses, M ML
houette des côtes, des pro-
montoires, des arbres et des
ruines qui révèle la ((Terre
antique s. On y goûte l'âme des siècles
défunts. Paysage historique! j'ai souvent
entendu caractériser ainsi le genre de
M. René Ménard. J'adopterais volontiers
l'expression, si je ne craignais qu'elle ne fit
songer malencontreusement aux pédantes
compositions d'école, aux sites laborieu-
sement architecturés par Valenciennes et par
Bertin, qu'elle ne fût pour beaucoup syno-
nyme d'artificiel, d'académique, de K pom-
piers. Mais vraiment cette K Corinthe s où
quelques cotonnes, surmontées de leur archi-
trave, debout dans l'herbe drue, attestent
seules devant le ciel et la mer l'existence
M. BOUTBL DE MONVEL
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