L'ART DÉCORATIF
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sacrifice des détails au renforcement de
l'expression, le choix se reportant sur l'in-
dication la plus significative. Mais cette in-
dication est faite avec une sincérité presque
naïve qui a un charme très grand, le charme
même de la race Aamande. Il ôte aux oeuvres
de M. Van Rysselberghe le caractère de
théorème d'optique, de démonstration chro-
matique qui choque dans les toiles des
autres pointillistes, notamment dans celles
de M. Paul Signac, où il y a un incontes-
table talent, une fine perception des nuances,
mais où l'on sent toujours le désir de prou-
ver la légitimité d'un procédé. Rien de pa-
reil chez M. Van Rysselberghe. On sent
toujours qu'il est à l'aise dans cette tech-
nique, qu'elle s'adapte naturellement à sa
vision, et qu'il n'y tient pas pour d'autres
raisons distinctes du fait de peindre. L'exa-
men d'une seule de ses œuvres expiique
conceptions parailèles : pleinement impres-
sionniste par son coloris et pointilliste par
sa technique, il se montre dessinateur strict,
classique au sens de Degas et d'Ingres. La
forme lui apparaît distincte de la couleur.
Le fond de sa nature est extrêmement calme
et équilibré, avec un grand besoin de pré-
cision qui se traduit souvent par des souli-
gnements et des contours cernés. C'est seu-
lemeni après les avoir établis qu'il y inscrit
la couleur, par superpositions de taches
symétriques dont les successions sont dis-
posées en arabesques modelant les plans.
Ses sanguines, ses études dessinées sont
«sages H. Elles seraient même académiques
si l'on n'y constatait le caractère anti-
scolastique par excellence, c'est-à-dire le
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