L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (5,1.1903)

LA PEINTURE
leur plan avec une scrupuleuse justesse,
laissent s'infiltrer en nous une délicate évo-
cation sentimentale. Le peintre sort un peu
de son domaine accoutumé dans ce tableau
du P7^7/e-7Z7^776, d'une note animée et grouil-
lante, où le morceau de nature, les verdu-
res et le ciel, est d'une excellente tenue.
M. Caro-Delvaille a émigré cette année
du côté de la Société Nationale des Beaux-
Arts; et il doit en effet se sentir mieux dans
son milieu, dans cet entourage de fr.^_

AUX SALONS
superbe morceau de facture, dénotant tou-
jours la même recherche de délicatesses et
de rapprochements harmonieux, témoigne
du travail sincère de M. Caro-Delvaihe, de
son dédain des esquisses faciles.
La nature champêtre, les sites d'où
l'homme semble presque absent, et qui gar-
dent par là une apparence primitive et hé-
roïque, tentent le peintre à l'égal de la
physionomie humaine, puisqu'il peut en
dégager une grandeur d'expression ou un

J. AVY
chise. Il a un sens très personnel des aspects
de la vie d'aujourd'hui qu'il cherche à sai-
sir à toutes ses heures, dans tous les lieux
de réunion où elle se manifeste. Il aura
peint notre élégance moderne, l'atmosphère
exacte de nos appartements, de façon à lais-
ser non point la trace de modes éphémères,
mais à reconstituer un milieu dans ses habi-
tudes, ses goûts, ses préoccupations. Le
Por/ruz/ he AfuuLwte P. A he .su yA/u res-
pire une grâce aisée et aimable, près de la
table à moitié desservie, où une corbeille de
fruits, à côté du miroitement gris des argen-
teries, ajoute à l'impression de quiétude heu-
reuse ; non loin, une étude de PUtwte 7?Me,

Bu/ &/U71C

charme d'autant plus imposants et mysté-
rieux que beaucoup n'y voient que des formes
inanimées. M. René Ménard, par exemple,
peut être considéré avant tout comme un
peintre de paysages. Ce sont les masses
d'arbres, les silhouettes de montagnes, les
courbes de golfes, les mouvements de nuages
qui lui donnent le sentiment de la muscu-
lature la plus forte, de la passion la plus
véhémente. Les figures d'hommes qu'il pro-
mène dans ces lieux émouvants ne sont plus
là que des éléments perdus, absorbés dans
l'ampleur des forces qui les entourent et les
débordent. P<?x Plmu/Ay, couchés le long de
la grève dans leurs manteaux, dominés par

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