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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 5,1.1903

DOI article:
Thomas, Albert: La sculpture aux Salons, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.34207#0260

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LA SCULPTURE AUX SALONS


Je tiens toutefois à citer ici, à côté de telles
oeuvres, les petits médaillons dus à Antoi-
nette Vallgren, d'un modelé sensible, dignes
de la femme sincère et raTnée qui soutient
l'artiste dans son travail, lui
donne le spectacle d'une ac-
tivité sœur et qui crée,
avec quelques plaquettes de
bronze, avec de curieuses
gravures sur bois, de rares,
de délicates, de somptueuses
reliures.
Au Salon de la Société
Nationale l'idée de la mort a
inspiré d'autres sculpteurs
que MM. Bartholomé et Vall-
gren. Le tombeau de M'^e
Clément-Carpeaux est fort
impressionnant. Une femme
en peignoir repose, la tète à
l'oreiller, tandis qu'une se-
conde, vêtements épars, à
genoux, s'appuie contre la
couche funèbre, étend une
main vers le corps avec une
expression d'indicible stu-
peur. Sur le visage de la morte
on lit tous les signes qui an-
noncent la fuite de la pensée,
qui présagent l'imminente
destruction, le pincement de
la bouche et des narines, la
détente des joues, l'horrible
dépression des tempes. Il y
a là un réalisme un peu pé-
nible, aggravé, je crois, par
l'élégance moderne du cos-
tume, les dentelles ornant
les manches, le col, le devant
du peignoir. L'œuvre est
certainement émouvante ,
mais on y souhaiterait
moins de précision, une
piété plus discrète et plus
immatérielle. A l'àpre souci
de vérité qui guidait les A- BARTHOLOMÉ
artistes du moyen âge et de
notre renaissance, je préfère, quant à moi,
lorsqu'il s'agit de la Mort, la réserve quasi
religieuse des anciens. Comme les auteurs
tragiques qui évitaient de répandre le sang
sur la scène, qui épargnaient au spectateur
toute image inharmonieuse et violente ;
comme les poètes qui se gardaient de toute

laide description, les sculpteurs hellènes s'in-
géniaient à trouver des euphémismes pour
désigner celle qu'on ne devait pas explicite-
ment nommer. Je ne crois pas qu'il existe en

grec un mot correspondant au mot « la
camarde H, et je suis sûr que Praxitèle n'eût
pas goûté le groupe où M. Mulot nous mon-
tre une femme étendue, aux bras d'un spec-
tre dont on aperçoit sous le suaire l'odieux
sourire décharné. «Divine Mon H, ainsi
s'intitule l'œuvre de M. Mulot. Il ne flotte

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