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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 5,2.1903

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Riotor, Léon: La soierie, 2, La soierie dans l'ameublement et le costume
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https://doi.org/10.11588/diglit.34208#0202

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L'ART DECORATIF

Chaque couleur a sou effet moral, toutes
sont une joie, hors le blanc et le noir ; le
bleu a du calme et de la pureté, le rouge
est magnifique et noble, le jaune est la
lumière par excellence, le soleil fixé. L'ombre
onctueuse des plumes atténue la sécheresse
des arêtes et s'associe parfaitement à la soie.
La répétition des verticales allonge le corps,
celle des horizontales l'élargit, celle des

LEBORGNE
diagonales la déforme. 11 faut prendre garde
aux pans droits, tombants ou bouffants,
comme aux parties naturellement plates ou
rondes, aux attaches des membres et des
différentes parties du costume, à leurs
raccords et leurs solutions de continuité. La
symétrie doit se subordonner aux côtés sem-
blables et aux organes doubles, en un élé-
gant équilibre.
Exagérons les effets de ces théories pour
les mieux comprendre. La femme étant une
fervente de la soierie, le dessin de robe doit
se concevoir à l'échelle de son être, avec les
souplesses de sa moelleuse démarche. Son
vêtement variera suivant sa corpulence, sa

taille et ses formes, le teint de son épiderme,
ses cheveux, sa marche et ses gestes. Les
couleurs s'associeront aux lignes, s'oppose-
ront en d'habiles contacts, pour mettre en
valeur les qualités et masquer les défauts.
On graduera les complémentaires, le rouge
et le vert, le bleu et l'orangé, le jaune et le
violet, le blanc et le gris, avec harmonie
sinon avec franchise. Bref, on associera un
cadre un peu moins beau à un
tableau admirable, on complétera
cette beauté mouvante du corps
féminin en considérant que la
simplicité et l'unité en sont les
éléments les plus habituels. «Un
dessinateur d'étoffes qui veut com-
poser le dessin d'une robe en
employant la Heur devrait tout
d'abord se préoccuper de la pro-
portion moyenne de la femme,
et ne pas choisir des motifs d'une
dimension exagérée. Il ne devrait
pas, non plus, traiter la Heur na-
ture en trompe-l'œil ; mais, au
contraire, l'ayant choisie à l'échelle
humaine, la styliser et l'inter-
préter de façon que son œuvre
éveille bien dans l'esprit l'idée de
la Heur choisie, tout en se fon-
dant comme trait et comme cou-
leur dans un ensemble harmo-
nieux qui ne vienne pas détruire
les formes gracieuses de la per-
sonne qui portera cette robe. )>
(Hédin).
M. Aynard a constaté jadis
que le couturier et la couturière
ajoutaient à la robe de soie le dé-
cor approprié que le dessinateur
ne savait plus lui donner, et qu'ils rempla-
çaient par des effets de galons, de passe-
menterie, de dentelles et de rubans, par
toutes sortes d'ingénieuses manipulations,
l'arabesque légère et toute la Hore de fan-
taisie que l'artiste était désormais impuissant
à créer. Les fabricants copient fort habile-
ment, mais servilement, d'anciens modèles,
ou bien s'adressent trop souvent aux cabinets
de dessin de Paris, qui ignorent le tissage.
D'autres fois ils ne vont même pas si loin :
une nouveauté faisait rage il y a quelques
années, on l'appelait la pluie de diamants;
elle était simplement produite par des
gouttelettes d'une misérable matière, lancées


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