L'ART DÉCORATIF
Valenciennes invente les ybzzaU tû?
formés d'une sorte de guipure couverte de
pois très serrés, et qui donne une si belle
enveloppe, un toucher si agréable à cer-
taines garnitures de ce temps ; où Chantilly
devient le quartier général des meilleures
dentellières aux fuseaux, et commence à
asseoir sa réputation universelle dans la fa-
brication des dentelles noires; où, dans
toute la France dentellière, enfin, un même
effort pousse la production vers des genres
plus charmante et la plus touchante des
industries françaises.
Un des mérites de l'exposition actuelle
est de nous montrer comment la vraie den-
telle, ayant survécu malgré tout à cette crise
terrible où la céramique et la tapisserie
avaient partagé ses malheurs, put se relever
timidement au cours du XIX* siècle, en dé-
pit de sa nouvelle adversaire, la machine.
de plus en plus élégants, de plus en plus
fins, sans trop sacrifier la noblesse originale
des créations du siècle précédent.
Cette noblesse ne devait pas tarder,
malheureusement, à subir de dures atteintes.
Le règne de Louis XVI mit à la mode les
semis espacés sur fond de tulle, les fleu-
rettes, les corbeilles et les bouquets char-
mants encore, mais naïfs et sans envergure,
qui nous paraissent déjà revêtir la mélan-
colie inquiète des pressentiments. Il ne res-
tait plus guère de style, lorsque l'ouragan
révolutionnaire passa, emportant aiguilles et
tuseaux, et détruisant à plaisir, comme tout
ce qui portait une trace d'aristocratie, la
On ne saurait assez répéter que la fabri-
cation mécanique, tout en popularisant cer-
tains genres de dentelles, ce qui a évidemment
nui à la fabrication manuelle dans les genres
communs, ne s'est pas réellement élevée en
concurrente sur tous les terrains. Ainsi, la
plupart des femmes de goût, en état de sup-
porter des dépenses assez élevées, sont de-
meurées fidèles à la vraie dentelle, et si elles
ont recherché de préférence les productions
anciennes, c'est plus encore dans la crainte
d'être trompées que par un goût particulier
pour ces grâces surannées. Ce sont du reste
les exceptions à cette règle qui ont fourni,
durant le siècle dernier, à l'industrie den-
! 86
Valenciennes invente les ybzzaU tû?
formés d'une sorte de guipure couverte de
pois très serrés, et qui donne une si belle
enveloppe, un toucher si agréable à cer-
taines garnitures de ce temps ; où Chantilly
devient le quartier général des meilleures
dentellières aux fuseaux, et commence à
asseoir sa réputation universelle dans la fa-
brication des dentelles noires; où, dans
toute la France dentellière, enfin, un même
effort pousse la production vers des genres
plus charmante et la plus touchante des
industries françaises.
Un des mérites de l'exposition actuelle
est de nous montrer comment la vraie den-
telle, ayant survécu malgré tout à cette crise
terrible où la céramique et la tapisserie
avaient partagé ses malheurs, put se relever
timidement au cours du XIX* siècle, en dé-
pit de sa nouvelle adversaire, la machine.
de plus en plus élégants, de plus en plus
fins, sans trop sacrifier la noblesse originale
des créations du siècle précédent.
Cette noblesse ne devait pas tarder,
malheureusement, à subir de dures atteintes.
Le règne de Louis XVI mit à la mode les
semis espacés sur fond de tulle, les fleu-
rettes, les corbeilles et les bouquets char-
mants encore, mais naïfs et sans envergure,
qui nous paraissent déjà revêtir la mélan-
colie inquiète des pressentiments. Il ne res-
tait plus guère de style, lorsque l'ouragan
révolutionnaire passa, emportant aiguilles et
tuseaux, et détruisant à plaisir, comme tout
ce qui portait une trace d'aristocratie, la
On ne saurait assez répéter que la fabri-
cation mécanique, tout en popularisant cer-
tains genres de dentelles, ce qui a évidemment
nui à la fabrication manuelle dans les genres
communs, ne s'est pas réellement élevée en
concurrente sur tous les terrains. Ainsi, la
plupart des femmes de goût, en état de sup-
porter des dépenses assez élevées, sont de-
meurées fidèles à la vraie dentelle, et si elles
ont recherché de préférence les productions
anciennes, c'est plus encore dans la crainte
d'être trompées que par un goût particulier
pour ces grâces surannées. Ce sont du reste
les exceptions à cette règle qui ont fourni,
durant le siècle dernier, à l'industrie den-
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