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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 6,2.1904

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Mauclair, Camille: Notes sur James Whistler
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https://doi.org/10.11588/diglit.36675#0107

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NOTES SUR JAMES WHISTLER


et d'estime raisonnèrent, esthétisèrent. Iis
n'eurent que le tort de peindre, et leur génie,
se dérobant à la poésie ou à la musique,
s'acharna à montrer tout ce que des êtres épris
d'art, instruits, méditants, sensibles, sincères,
peuvent apporter d'ingéniosité et d'amour à
remonter contre les principes naturels et
techniques. Nul mouvement ne sera d'une
étude plus utile, plus attachante, pour le
critique : là éclate le conflit de l'esprit
humain et des nécessités fondamentales d'un
art plastique, nécessités qui, négligées, mè-
nent à la chute, et, respectées, obéies, aimées,
mènent aux chefs-d'œuvre. Les préraphaé-
lites sont grands et nobles : leur art est
maigre et pauvre, le démon de la logique
annule tout ce qu'ils tentent. Leur scrupule
de perfection devient la minutie d'un bon
devoir, leur poétique choit dans la fadeur
sentimentale, leur dessin qu'ils rêvent pur de-
vient graphique, leur délicatesse se trans-
mue en mièvrerie, leur crainte du « sensua-
lisme de la couleur )> voudrait les tons pâles
et beaux de la fresque, et ne trouve qu'un
coloris discordant ou délavé ; un guignon
les poursuit, la matière se venge, sur l'idée
belle la plastique grimace, ni l'idée ni ia
forme ne sont servies, ce faisceau de volontés
n'y peut rien, et tout cela porte en soi son
poncif, tombe, se flétrit, descend presque
tout de suite au bas étiage de la Royal
Academy, comme après Ingres, après Mottez
et Amaury Duval, l'art néo-grec d'ici som-
bra dans l'académisme.
Whistler, qui portait en lui un rêve
différent, mais aussi éthéré, aussi K poéti-
que H, Whistler l'amant des nuits, le son-
geur de formes entrevues, le musicien de la
nuance, Whistler, illuminé par ia claire lo-
gique des grands maîtres, arrive devant ce
mouvement. Et il a l'air d'un réaliste, parce
qu'il remonte simplement aux lois élémen-
taires, apparemment banales, de son art.
Peindre, c'est aimer la belle matière, les
beaux tons, penser à eux d'abord ; le sujet
en surcroît, car le vrai sujet, c'est la lumière
et l'ombre. Il ne lui en faut pas plus —
mais c'est que, là-dessous, il y a tout. Et
voilà où la lutte commence : cela, et l'amour
des modernités'. Whistler aime aussi les
* En ceci, envisagez-le inséparable des pre-
miers compagnons d'armes auprès desquels il
vint se placer courageusement aux heures de

légendes, la poésie, les symboles. Il est
artiste, lettré, mélomane, autant que les
autres ; mais dans la vie, pas devant sa
toile, parce qu'il est peintre. Se nourrir le
cœur et l'àme de tout cela, certes, mais non

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le mettre en tubes ! C'est dans la couleur,
ce moyen pour les autres et ce but pour
lui, qu'il cherche et trouve l'immanence de
risée (i863). Courbet, Manet, Concourt, Bracque-
mond, voilà sa conception, l'amour de la beauté
caractériste trouvée tous les jours dans tout,
avec licence de l'exprimer selon son tempérament.
 
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