L'ART DECORATIF
(Photographie Lèmery) Af07?UC dfg Lé0M/M!0méz (/zg.
non pas une figuration plus ou moins
conventionnelle, mais ces délicates parures
elles-mêmes, avec leurs couleurs, leurs des-
sins, leur décoration complexe qui nous
permettent de revivre une vie magnifique
disparue.
Cette survie des étoffes à Antinoë provient
non seulement du climat particulièrement
sec de cette partie de l'Égypte, mais aussi de
l'habitude que prirent de très bonne heure
ses habitants de se faire ensevelir revêtus
de leurs plus beaux atours que le tombeau
préserva. De cette cité de luxe il ne reste
plus guère qu'une nécropole, en effet, et tous
les costumes retrouvés servaient à parer
des morts.
Cependant, malgré leur état de conser-
vation relatif, ces fragiles objets finissent
tôt ou tard par se désagréger à l'air: c'est
pourquoi M. J. Paul Gérard, l'architecte
bien connu de la Société Française des
Fouilles archéologiques, avec son talent de
peintre et sa sûreté d'archéologue averti,
entreprit un colossal travail de restauration
et de reconstitution dont nous sommes heu-
reux de donner aujourd'hui un aperçu aux
lecteurs de l'Arf Décorez/*, avant l'apparition
de l'ouvrage complet sur Antinoë, auquel
je collabore moi-même pour la partie archéo-
logique, et dont le i"* fascicule va paraître
incessamment.
Grâce à cet ouvrage, publié chez E. L e-
roux et que patronnent d'une façon si
intelligente et si active M. Guimet, la
Société Française des Fouilles archéologiques
et M. Dujardin-Beaumetz, toute une partie
unique et charmante d'une brillante civili-
sation aura donc été sauvée de l'oubli. Les
originaux peuvent retourner à la poussière,
comme leur destinée les y convie fatalement;
leur souvenir demeurera.
Ce qui frappe à première vue dans la
décoration en honneur à Antinoë, c'est la
variété des influences.
Au moment de la fondation de cette
ville par l'empereur Hadrien, Rome, déjà
maîtresse du monde, avait convié à la même
communion toutes les races, tous les arts,
toutes les civilisations des peuples conquis,
et sur les ruines des anciens arts nationaux,
à leur déclin ou anéantis, se dressait un
art zzozzizgzzzz, fruit du cosmopolitisme le
plus extravagant et de la fusion la plus
imprévue de l'Orient et de l'Occident. Mais
là s'était bornée l'influence de Rome; sans
originalité artistique qui lui fût propre,
cette ville éminemment tolérante et éclec-
tique s'était mise elle-même à la remorque
de la Grèce, et c'est le soleil vivifiant de
l'Hellade qui, par la magie de ses rayons,
avait permis cette fusion de tous les arts au
creuset de sa propre beauté, et qui opérait
toujours les miracles.
Aussi ne nous étonnons pas de trouver
à Antinoë l'influence grecque dominante.
Mais, à l'encontre de sa sœur ainée,
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(Photographie Lèmery) Af07?UC dfg Lé0M/M!0méz (/zg.
non pas une figuration plus ou moins
conventionnelle, mais ces délicates parures
elles-mêmes, avec leurs couleurs, leurs des-
sins, leur décoration complexe qui nous
permettent de revivre une vie magnifique
disparue.
Cette survie des étoffes à Antinoë provient
non seulement du climat particulièrement
sec de cette partie de l'Égypte, mais aussi de
l'habitude que prirent de très bonne heure
ses habitants de se faire ensevelir revêtus
de leurs plus beaux atours que le tombeau
préserva. De cette cité de luxe il ne reste
plus guère qu'une nécropole, en effet, et tous
les costumes retrouvés servaient à parer
des morts.
Cependant, malgré leur état de conser-
vation relatif, ces fragiles objets finissent
tôt ou tard par se désagréger à l'air: c'est
pourquoi M. J. Paul Gérard, l'architecte
bien connu de la Société Française des
Fouilles archéologiques, avec son talent de
peintre et sa sûreté d'archéologue averti,
entreprit un colossal travail de restauration
et de reconstitution dont nous sommes heu-
reux de donner aujourd'hui un aperçu aux
lecteurs de l'Arf Décorez/*, avant l'apparition
de l'ouvrage complet sur Antinoë, auquel
je collabore moi-même pour la partie archéo-
logique, et dont le i"* fascicule va paraître
incessamment.
Grâce à cet ouvrage, publié chez E. L e-
roux et que patronnent d'une façon si
intelligente et si active M. Guimet, la
Société Française des Fouilles archéologiques
et M. Dujardin-Beaumetz, toute une partie
unique et charmante d'une brillante civili-
sation aura donc été sauvée de l'oubli. Les
originaux peuvent retourner à la poussière,
comme leur destinée les y convie fatalement;
leur souvenir demeurera.
Ce qui frappe à première vue dans la
décoration en honneur à Antinoë, c'est la
variété des influences.
Au moment de la fondation de cette
ville par l'empereur Hadrien, Rome, déjà
maîtresse du monde, avait convié à la même
communion toutes les races, tous les arts,
toutes les civilisations des peuples conquis,
et sur les ruines des anciens arts nationaux,
à leur déclin ou anéantis, se dressait un
art zzozzizgzzzz, fruit du cosmopolitisme le
plus extravagant et de la fusion la plus
imprévue de l'Orient et de l'Occident. Mais
là s'était bornée l'influence de Rome; sans
originalité artistique qui lui fût propre,
cette ville éminemment tolérante et éclec-
tique s'était mise elle-même à la remorque
de la Grèce, et c'est le soleil vivifiant de
l'Hellade qui, par la magie de ses rayons,
avait permis cette fusion de tous les arts au
creuset de sa propre beauté, et qui opérait
toujours les miracles.
Aussi ne nous étonnons pas de trouver
à Antinoë l'influence grecque dominante.
Mais, à l'encontre de sa sœur ainée,
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