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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,2.1906

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Riotor, Léon: Un peintre flamand - Victor Gilsoul
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https://doi.org/10.11588/diglit.36451#0217

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VICTOR GILSOUL


son toit qui fume, un
jardin dont les ra-
mures débordent sur
R quai, sa massive
église au lointain dont
il semble qu'on en-
tende, narquois et na-
sillard, sur un air de
gavotte ancienne, tinter
l'aigrelet carillon.

L'hzRrïettr flamand
renferme les multiples
charmes du bien-être.
Il semble que la vie
s'y écoule au milieu
de bons meubles et
de belles choses, les
moeurs y sont pai-
sibles^ la chère esti-
mable. C'est le ((cossu))
traditionnel. Je me
souviens d'une toile
intime de Victor Gil-
soul, oh il ne laissait
rien ignorer de ce qui
peut rendre l'existence
délectable : une lampe
de cuivre, à panse re-
bondie, adornée de
bougies jaunes pend
du plafond; la table
robuste, qu'une nappe
blanche et bleue amol-
lit et capitonne, sup-
porte le service à thé en Lhmdze
dont il vient d'être fait usage; au centre un
plat de fruits superbes, de poires admirables,
juteuses, énormes, orgueilleuses de leur
prospérité, complète cette desserte oh le
luxe simplet s'étale dans son milieu.
Aux murs, les quelques tableaux de
famille, le portrait, l'aquarelle offerte par
l'ami médaillé au Salon annuel de peinture.
A l'arrière-plan, Madame est au piano,
meuble riche par excellence qui ouvre son
clavier en demi-deuil. Et remarquez la sé-
rénité naïve de cette maison indifférente aux
vaines formules. Ce pz'u;zoVbrfe achève la
salle à manger. Nul besoin de salon ou de
boudoir pour satisfaire au protocole somp-
tuaire. Les beaux-arts et la succulente cui-
sine ont leur culte dans la même chapelle.

La maîtresse légitime de ces lieux de dé-
lices, vêtue sommairement de son peignoir
indigo, les cheveux troussés à la diable,
achève ses tartines beurrées en se remémo-
rant quelque sage cavatine de Grétry. Mais
on sent bien que si tout cela est prospère,
aisé, satisfait, choses et gens, c'est que le
plus tranquille sans-gêne règne dans cette
atmosphère béate oh s'égrène en demi-tons
le doigté de la plantureuse virtuose.
Et tandis que l'ingénieur moderne que
rien n'attendrit, souhaitant, au prix d'inlas-
sables travaux, délivrer le Zwyn ensablé,
rêve de ramener aux bassins brugeois les
grands voiliers de jadis penchés sur leur
brigantine impatiente, la quiète pianiste en
peignoir bleu achève en mesure de mar-

Appartient à S. A. R. LA COMTESSE DE FLANDRE

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