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L’ART FRANÇAIS

Les jeunes, ou si Ton veut, les nouveaux, manquent absolu-
ment d’originalité. Si une belle page vous frappe tout d’abord,
soyez certain qu’elle sera signée d’un nom déjà connu, déjà
célèbre, à bien peu d’exceptions près.

C’est à se demander à quoi pensent les jeunes gens, et si c’est
vraiment la peine d’organiser, pour leur éducation artistique, tant
d’expositions de tout genre !

Nous ne pouvons que grouper ici les notes prises au cours denos
promenades dans les galeries extérieures du palais ainsi que dans les

SALLES 34 ET 3 6

Il va sans dire que nous n’aurons garde d’oublier les « excep-
tions » dont nous parlons, trop heureux que nous serons de
découvrir, sous un nom obscur encore, un talent réel.

Les maîtres sont à leur place habituelle.

Ici, c’esr M. Fantin-Latour qui, de sa main prestigieuse, nous
ouvre la porte d’ivoire des songes éblouissants. Le Rêve nous
transporte dans le milieu féerique cher aux imaginations ardentes.
Le rêveur est un jeune homme qui sommeille, étendu sur l’herbe,
dans une nudité chaste, souriant. Les fées, glissant sur le sol
qu’elles effleurent à peine de leurs pieds légers, ou voltigeant
dans l’air avec les parfums des bois, s’approchent du beau dor-
meur et versent sur lui leurs secrets enchantements. C’est une
vision délicieuse,'où le charme de l’art s’ajoute àla magiedu sujet.

A côté de cette page, voici deux paysages au pastel d’une
touche magistrale : les Bonis de l’Ain et les Dernières feuilles. L’au-
teur, M. Pointelin, a été l’initiateur du mouvement qui s’est
produit, depuis une dizaine d’annnées, en faveur du pastel, genre
un peu démodé jusque-là. On n’a pas oublié les deux paysages
qu’il exposa alors, et qui furent une révélation, car personne ne
pensait, à ce moment, que le pastel pût produire jamais d’aussi
puissants, d’aussi magiques effets. Ceux de cette année sont l’affir-
mation d’une manière très personnelle, à laquelle les amateurs
rendent justice aujourd’hui, et que certains artistes essaient de
s’approprier, sans y parvenir.

Entre les deux admirables paysages de M. Pointelin, M. Léon
Bouillon nous montre une jeune femme du monde — ou une
actrice à succès,—vêtue d’un élégant corsage Pompadour, et
présentant au public une sacoche de velours. Pour les pauvres,
tel est le titre de cette fantaisie bien parisienne, où M. Léon
Bouillon a prouvé une fois de plus ses qualités de brillant colo-
riste et de portraitiste distingué.

Les Bébés de M. Louis Deschamps sont roses et blancs, vivants,
en un mot.

Le Retraité, pastel, par M. Adolphe Binet, ne manque pas
d’une touchante philosophie.

L’entrée du cimetière à Denise, par M. Saint-Germier est recom-
mandable, mdis les deux fantaisies de M. Willette, d’un tout
autre sentiment, le sont aussi. L’Age d’or est une composition
très connue, qui eut beaucoup de succès, lorsqu’elle fut publiée
par un de nos confrères. C’est l’histoire des mœurs modernes,
écrite par un rêveur légèrement entaché de pessimisme. Pour qui
les lilas ? est un drame poignant raconté par le petit Fis de
Watteau. (A suivre). F. j.

— ---. ± ■—^ ■-■

L’EXPOSITION BARYE

L’exposition des œuvres de Barye, à l’Ecole des Beaux-Arts, a été
inaugurée le 20 mai, en présence de M. le Président de la République.
Un grand nombre de nos confrères, parmi lesquels MM. Arsène Alexan-
dre, l’auteur du beau livre sur Antoine Barye dont nous avons publié un
si intéressant extrait, Roger Marx, Philippe Burty, Albert Wolff, etc., etc.,
y assistaient également.

Cette Exposition, on le sait, a pour but l’érection d’un monument à la
mémoire de l'aijiste qui fut un des plus grands statuaires de son temps et
l’honneur de l’Ecole Française.

Elle est due surtout à l’initiative d’un américain, M. Lucas, homme de
goût, très dévoué à la gloire du grand artiste français.

Parmi les collectionneurs, le comité a rencontré partout le plus vif
empressement. MM. Alexandre Dumas, Jules Lefebvre, Bonnat, Barbe-
dienne, de La Fontaine, etc., ont mis, de même que M. Lucas, à sa dis-
position, les merveilles dont ils sont les heureux possesseurs, de sorte
que tout, ou à peu près tout ce qui est sorti de la main géniale du
maître figure à l’exposition du quai Malaquais.

Les ne’ dures 1rs portraits de femmes, les copies (à l’huile) de maîtres

anciens, les dessins, les aquarelles, ont été groupés avec un art parfait et
forment un fond sur lequel se détache l’admirable cimaise des groupes
ou des statuettes rangées sur les tablettes qui courent tout le long des
parois de la salle Melpomène.

Le milieu de la salle est occupé par les vitrines et les groupes monu-
mentaux.

Au rez-de-chaussée, le visiteur peut déjà voir quelques moulages du
plus beau caractère, comme celui que M.Antonin Proust a fait prendre du
Lion de la terrasse du bord de l’eau, dans le jardin des Tuileries, et
quelques modèles en plâtre.

Pour donner une idée de l’importance de cette exposition, il suffira de
rappeler ici, sommairement, les principaux morceaux qu’on y a rassemblés :
un des lions qui décorent le guichet du Louvre ; la statue équestre de
Napoléon Ier, le Centaure, quatre groupes célèbres : l'Ordre, la Force,
la Paix et la Guerre ; les statuettes équestres de Charles VI, de Charles VII,
du général Bonaparte ; toute la série des incomparables animaux com-
battants: lions, tigres, jaguars, chevaux, etc., etc., et enfin de superbes
travaux décoratifs.

Un remarquable buste de Barye, œuvre du sculpteur Moulin (qui mou-
rut dans une maison de santé), figure dans la salle du premier étage et
ajoute à l’intérêt de cette exposition, la plus belle que nous ayons vue de-
puis longtemps.

-MS--

Jachos Artistiques

Exposition Universelle. Beaux-Arts. — L’inauguration de l’Exposition
eentenale et de quelques salles de l’exposition décennale a eu lieu, lundi dernier,
au premier étage du palais des Beaux-Arts.

A cet étage sont disposées, du côté de la galerie Rapp, dix salles pour la
peinture décennale française, qui en compte en tout vingt-sept • avec les salles
du rez-de-chaussée ; puis les sections de la Belgique, de la Suisse, de la Grèce,
des Etats-Unis, du Danemark, de la Suède, de la Norvège, de la Hollande, et
les sections internationales. (

Au centre, de chaque côté de la galerie d’où l'on domine le rez-de-chaussée
de la coupole où est exposée la sculpture eentenale, dans deux vastes salons,
dont l’un, appelé salon du président de la République, prend jour sur le jardin
par une large baie munie d’un store, on a exposé la peinture centennale.

La décoration murale de ces deux salons et celle de la galerie supérieure ne
sont pas encore terminées.

Eu outre de cette décoration, qui reproduira des motifs de style Louis XVI,
chacune des toiles exposées portera un cartouche en bois doré indiquant son
sujet et son auteur sous celte rubrique générale : Exposition eentenale del'art
français. 1881)-

Les jurys des Beaux-Arts tiendront leurs séances dans le salon du président
de la République, qui est déjà muni d’une table, de fauteuils et de chaises
d’un beau modèle. C’est là que le président de la République a été reçu par
M. Antonm Proust, qui a présenté a M. Carnot les comités étrangers et les
jurys français.

M. Faîtières, ministre des Beaux-Arts, et M. Larroumet, directeur, accompa-
gnaient M. Carnot dans sa visite.

X

Le ministre de l’Instiuction publique et des Beaux-Arts a adressé à M.Antonin
Proust la lettre suivante :

« Monsieur le commissaire spécial et cher collègue,

« Au lendemain de l’inauguration de l’Exposition universelle, j’ai à cœur de vous remercier
d’avoir bien voulu vous charger d’organiser les expositions des Beaux-Arts, dont le succès est
complet.

« La lâche était lourde. 11 n'importait pas seulement de présenter dans des conditions particuliè-
rement brillantes toutes les richesses de l’art français, il fallait réunir ces inestimables merveilles de
l’exposition rétrospective et les obtenir des collectionneurs qui ne consentaient qu’avec peine à
s’en séparer.

« La confiance dans la réussite de t’œuvre entreprise pouvait seule les y décider, et, cette
confiance, vous avez su la leur inspirer flous les amis des ails vous en resteiont reconnaissants.

« Je m'empresse donc de vous adresser, à vous tt à vos collaborateuis, mes plus vives félici-
tations pour l’admirable résultat dû à votre éminente direction.

« Agréez, monsieur le commissaire spécial et cher i ollègue, l'assurance de ma haute considé-
ration. »

« Le ministre île VInstruction j.ubliqne et des Beaux-Arts,

« A. Fallieiies ».

X

A propos de l’exposition des Beaux-Arts, rappelons qu’un banquet a été offert,
la semaine dernière, par le commissaire spécial, aux commissaires généraux
étrangers et aux directeurs de l’Exposition.

M. Antonin Proust, qui présidait, avait à scs côtés MM. Meissonier et Polidore
de Keyser, et on remarquait parmi les convives MM. Berger, Larroumet,
Lockroy, Henry Havard, Roger Marx, etc.

Plusieurs allocutions ont. été prononcées.

X

Le jugement du concours définitif pour l'érection d'un monument à Danton,
a été rendu la semaine dernière. Comme on sait, trois concurrents étaient en
présence : MM. Levasseur, Auguste Paris et Desca.

C'est M. Paris qui à été désigné pour exécuter le monument. L'artiste, qui
est déjà l’auteur de la statue du sergent Bobillot. a représenté Danton haran-
guant les citoyens et les invitant à courir à la frontière; à ses côtés, deux jeunes
gens : l’un a un tambour sur les épauies et l’autre un fusil.

Des primes ont été accordées aux deux autres concurrents.

Le Gérant: J. S1LVESTRE

Paris, — Glyptograpliie SILVESTRE & Clc, rue Obcrkampf, 1)7
 
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