DOI Heft:
No. 110 (1er Juin 1889) - No. 119 (3 Août 1889)
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Troisième année. — N° 117
LE NUMÉRO : 15 CENTIMES
20 Juillet 1889
Texte par Firmin Javel
Illustrations de MM. SILVESTRE & Cie, par leur procédé de Glvptographie
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris
ABONNEMENTS. — Paris : un an, 9 francs; six mois, 5 francs. — Départements : un an, ÎO francs; six mois, 6 francs.
LA CIGALE
Par M. lAntonin Caries.
PORTRAITS
Par M. Marcellin Desboulin.
La statue de la Cigale, un des marbres les plus admirés au Champ de
Mars, où on lui a donné une place d’honneur, ne pouvait manquer d’attirer l’at-
tention du jury des récom-
penses.
M, Antonin Cariés vient de
remporter une médaille d’hon-
neur qui n’est que la consécra-
tion officielle de son grand
succès.
Elle est charmante, en effet,
cette Cigale, telle que le jeune
maître l’a conçue, discrètement
allégorique, c’est-à-dire figurée
par une belle fille qui chante
aujourd’hui sans se soucier de
demain. A peine si, sur son
front pur, sur ses épaules gra-
ciles , des « attributs » souli-
gnent sa personnalité cigalière.
C’est tout à la fois la fable et la
vérité, et c’est surtout la jeu-,
nesse.
La Cigale ayant chanté
Tout l’été...
dit La Fontaine.
Pour la Cigale de M. Cariés,
l’été n’est pas fini.
MOUZON
Par M; Gaston Claris.
La peinture militaire compte
en M. Claris un adepte labo-
rieux et fervent. C’est avec un
réel intérêt que nous suivons
les progrès constants de cet ar-
tiste d’avenir. Le tableau que
nous reproduisons aujourd’hui
rappelle un des plus héroïques
et des plus touchants parmi les
innombrables faits d’armes de
>870.
C’était le 30 août 1870, à
Mouzon.
Le capitaine de Tessière (du
2e régiment d’artillerie) réduit
à une seule pièce et à un seul
servant, le canonnier Favre, dut
se faire aider par les officiers et les soldats du 22e régiment d’infanterie.
« Le capitaine Baudoin, dit le rapport dans son terrible laconisme, est bien-
tôt tué en poussant à la roue ».
Gloire à ces héros, et honneur au peintre dont le talent fait revivre sur la
toile :
H. CARLES.
Ceux qu
1 i, pieusement, sont morts pour la patrie !
Deux expositions du plus haut intérêt ont été inaugurées, cette semaine,
dans les galeries de M. Durand-Ruel, rue Laffitte : celle des œuvres gravées
de M. Marcellin Desboutin et
celle des peintures de M. Eu-
gène Boudin.
Nous ne pouvons que men-
tionner aujourd’hui cette der-
nière. Du reste nous revien-
drons sur toutes deux. Mais
puisque nous avons la bonne
fortune de publier un groupe
des admirables portraits de M.
Marcellin Desboutin , nous
croyons être agréable à nos lec-
teurs en mettant sous leurs
yeux un passage de la préface
du catalogue, publiée lundi der-
nier par le Figaro , et signée :
Emile Zola.
« Cet art de la pointe sèche,
dit le maître écrivain, il y règne,
il y est roi. Il faut l’avoir vu
attaquer directement une plan-
che à l’aide de la pointe, dont
.il se sert ainsi que d’un crayon.
Il prend une planche comme il
prendrait une page d’album, et,
en une seule séance, le plus
souvent, il enlève un portrait,
d’un trait magistral et défi-
nitif ».
« Il y a donc là une admira-
ble collection de portraits con-
temporains », conclut M. Zola
qui énumère notamment ceux,
de MM. Edmond de Goncourt,
Jules Claretie,Armand Silvestre,
c’eux d’Hippolyte Babou et de
Duranty, et enfin les différents
portraitsdeDesboutin par lui-mê-
me : d’abord Y Homme à la pipe,
qui remporta une médaille au
Salon de 1879.
« Je citerai encore (ajoute M.
Zola), quatre autres portraits de
lui, ce qui le montre, comme
Rembrandt, aimant à se repro-
duire à tous les âges et sous
des aspects divers d’attitude et
de costume : un à mi-corps, dit
« à la palette » ; un autre de profil, fumant ; un autre de face, au grand
chapeau ; un dernier enfin, de même grandeur que VHomme il la pipe et
d’une belle allure de condottière italien. Les deux petits portraits, celui de
face et le profil de fumeur, qui sont presque ses derniers ouvrages, eurent un
grand succès à une exposition des peintres graveurs, le premier surtout, qui
fut reproduit, en février dernier, dans Y Art Français)).
La Cigale
LE NUMÉRO : 15 CENTIMES
20 Juillet 1889
Texte par Firmin Javel
Illustrations de MM. SILVESTRE & Cie, par leur procédé de Glvptographie
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris
ABONNEMENTS. — Paris : un an, 9 francs; six mois, 5 francs. — Départements : un an, ÎO francs; six mois, 6 francs.
LA CIGALE
Par M. lAntonin Caries.
PORTRAITS
Par M. Marcellin Desboulin.
La statue de la Cigale, un des marbres les plus admirés au Champ de
Mars, où on lui a donné une place d’honneur, ne pouvait manquer d’attirer l’at-
tention du jury des récom-
penses.
M, Antonin Cariés vient de
remporter une médaille d’hon-
neur qui n’est que la consécra-
tion officielle de son grand
succès.
Elle est charmante, en effet,
cette Cigale, telle que le jeune
maître l’a conçue, discrètement
allégorique, c’est-à-dire figurée
par une belle fille qui chante
aujourd’hui sans se soucier de
demain. A peine si, sur son
front pur, sur ses épaules gra-
ciles , des « attributs » souli-
gnent sa personnalité cigalière.
C’est tout à la fois la fable et la
vérité, et c’est surtout la jeu-,
nesse.
La Cigale ayant chanté
Tout l’été...
dit La Fontaine.
Pour la Cigale de M. Cariés,
l’été n’est pas fini.
MOUZON
Par M; Gaston Claris.
La peinture militaire compte
en M. Claris un adepte labo-
rieux et fervent. C’est avec un
réel intérêt que nous suivons
les progrès constants de cet ar-
tiste d’avenir. Le tableau que
nous reproduisons aujourd’hui
rappelle un des plus héroïques
et des plus touchants parmi les
innombrables faits d’armes de
>870.
C’était le 30 août 1870, à
Mouzon.
Le capitaine de Tessière (du
2e régiment d’artillerie) réduit
à une seule pièce et à un seul
servant, le canonnier Favre, dut
se faire aider par les officiers et les soldats du 22e régiment d’infanterie.
« Le capitaine Baudoin, dit le rapport dans son terrible laconisme, est bien-
tôt tué en poussant à la roue ».
Gloire à ces héros, et honneur au peintre dont le talent fait revivre sur la
toile :
H. CARLES.
Ceux qu
1 i, pieusement, sont morts pour la patrie !
Deux expositions du plus haut intérêt ont été inaugurées, cette semaine,
dans les galeries de M. Durand-Ruel, rue Laffitte : celle des œuvres gravées
de M. Marcellin Desboutin et
celle des peintures de M. Eu-
gène Boudin.
Nous ne pouvons que men-
tionner aujourd’hui cette der-
nière. Du reste nous revien-
drons sur toutes deux. Mais
puisque nous avons la bonne
fortune de publier un groupe
des admirables portraits de M.
Marcellin Desboutin , nous
croyons être agréable à nos lec-
teurs en mettant sous leurs
yeux un passage de la préface
du catalogue, publiée lundi der-
nier par le Figaro , et signée :
Emile Zola.
« Cet art de la pointe sèche,
dit le maître écrivain, il y règne,
il y est roi. Il faut l’avoir vu
attaquer directement une plan-
che à l’aide de la pointe, dont
.il se sert ainsi que d’un crayon.
Il prend une planche comme il
prendrait une page d’album, et,
en une seule séance, le plus
souvent, il enlève un portrait,
d’un trait magistral et défi-
nitif ».
« Il y a donc là une admira-
ble collection de portraits con-
temporains », conclut M. Zola
qui énumère notamment ceux,
de MM. Edmond de Goncourt,
Jules Claretie,Armand Silvestre,
c’eux d’Hippolyte Babou et de
Duranty, et enfin les différents
portraitsdeDesboutin par lui-mê-
me : d’abord Y Homme à la pipe,
qui remporta une médaille au
Salon de 1879.
« Je citerai encore (ajoute M.
Zola), quatre autres portraits de
lui, ce qui le montre, comme
Rembrandt, aimant à se repro-
duire à tous les âges et sous
des aspects divers d’attitude et
de costume : un à mi-corps, dit
« à la palette » ; un autre de profil, fumant ; un autre de face, au grand
chapeau ; un dernier enfin, de même grandeur que VHomme il la pipe et
d’une belle allure de condottière italien. Les deux petits portraits, celui de
face et le profil de fumeur, qui sont presque ses derniers ouvrages, eurent un
grand succès à une exposition des peintres graveurs, le premier surtout, qui
fut reproduit, en février dernier, dans Y Art Français)).
La Cigale