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L’ART FRANÇAIS

belle étude pour sa Mort de sainte Anne. L’artiste prit un carton,
des crayons et, en pleine nuit, éclairé seulement par son élève
qui maintenait en l’air, devant le lit mortuaire, un cierge
allumé, il se mit à portraiturer la défunte :

Il faut lire cette page saisissante, où l’on retrouvera comme un
ressouvenir du Tintoret peignant sa fille morte, de Léon Cogniet,
lequel Léon Cogniet fut précisément, plus tard, le professeur de
Jean-Paul Laurens.

L’enfant demeura deux ans encore avec Buccaferrata, puis
retourna à Toulouse où il entra à l’Ecole des Beaux-Arts. Là, il
ne tarda pas à marcher de progrès en progrès, et bientôt il rem-
portait le prix de peinture fondé par la municipalité et donnant
au lauréat la faculté d’aller passer trois années à Paris.

C’était en 1860.

A partir de ce moment, le jeune homme suit assidûment les
cours de l’Ecole des Beaux-Arts, où il prend successivement les
leçons de Léon Cogniet et de Bida, et débute au Salon de 1863
par une toile qui fut récompensée d’une mention honorable : la
Mort de Caton d’Utique, aujourd’hui au Musée de Toulouse.

En 1864, il exposa la Mort de Tibère.

En 1865, Hamlet.

En 1866, Après le bal.

En 1867, Hérodiade et sa fille, et Jeune fille morte.

En 1868, Fox in deserto et le Portrait de M. Ferdinand Fabie.

En 1869, Jésus guérissant les démoniaques (médaille).

En 1870, Jésus chassé de la synagogue et Saint Ambroise instrui-
sant Honorius.

En 1872, la Mort du duc d’Enghien et le Pâtre Formose.

Ici, il convient d’interrompre cette sèche énumération, car de
ce Salon de 1872 date réellement la haute personnalité de l’artiste.
Jusque-là, M. J.-P. Laurens avait donné les espérances les plus
brillantes, sans doute, mais il n’avait pas encore trouvé sa ma-
nière définitive, il ne s’était pas encore élevé à cette hauteui où
il atteignit avec sa Mort du duc d’Enghien, hier encore visible à
l’Exposition centennale, et avec le Pape Formose et Etienne VII.

On se souvient de la disposition de cette dernière scène : le
corps du pape Formose, exhumé par l’ordre d’Etienne VII, son
successeur, a été apporté, revêtu de ces habits sacerdotaux, dans
la salle où siégeait le concile et placé sur le siège pontifical. Un
avocat a été désigné pour répondre au nom du mort.

Alors, Etienne, parlant à ce cadavre :

— Pourquoi, lui dit-il, évêque de Porto, ton ambition s’est-
elle élevée jusqu’au trône de Rome ?

On fut généralement frappé delagrandeurdecettescèneétrange,
aussi bien que du caractère vraiment tragique de la Mort du duc
d’Enghien. Un tempérament de peintre venait de se révéler. Une
première médaille fut décernée à l’artiste, qui, après avoir exposé
en 1873, la Piscine de Bethsaïda, devait, bientôt, s’affirmer avec
plus de maîtrise encore dans des œuvres de premier ordre, : en
1874, le Cardinal, le Portrait de Marthe, et surtout le Saint Truno
refusant les offrandes de Roger, comte de Calabre, un chef-d’œuvre
que l’on a pu admirer, de même que la Mort du duc d’Enghien,
au Palais du Champ de Mars.

En 1875, M. Jean-Paul Laurens est nommé chevalier de la
Légion d’honneur à la suite de son grand succès, et il envoie au
Salon, Y Excommunication de Robert-h-Tieux (actuellement au
musée du Luxembourg) et Y Interdit.

En 1876, il nous montre, avec une étonnante puissance d’évo-
cation, François de Torgia devant le cercueil d’Isabelle-la-catholique
et il envoie en même temps ce portrait de lui-même dont nous
sommes heureux de reproduire, à notre première page, la belle
gravure due à M. Didier.

Enfin, en 1877, il remporte la médaille d’honneur avec la Mort,
de Marceau, qui est la plus célèbre de ses toiles, et, en 1878, il est
promu officier de la Légion d’honneur.

En 1879, le maître expose : La délivrance des emmurés de
Carcassonne (musée du Luxembourg).

En 1880, le Pas empire ; Honorius, et Portrait de MUe T...

En 1881, Y Interrogatoire et Portrait de Mmc la comtesse de R...

En 1882, Derniers moment de Maximilien et Portrait de M. Au-
guste Rochin. Dans la section des dessins, la même année, figurent
les premiers travaux du maître pour l’illustration des Récits des
temps mérovingiens.

En 1883,1e Tape et l’Inquisiteur et les Murailles du Saint-
Office.

En 1884, la Vengeance d’Urbain VI.

En 1885, le Docteur Faust.

En 1886, le Grand inquisiteur che7 les rois catholiques et le Por-
trait de Marthe.

En 1887, Y Agitateur du Languedoc.

En 1888, Ophélie et le portrait de M. Mounet-Sully dans
Hamlet.

En 1889, les Hommes du Saint-Office et Y Alchimiste.

Tel est, dans ses grandes lignes et à l’exception de certains
travaux décoratifs (comme le plafond de l’Odéon, par exemple),
l’œuvre considérable de M. Jean-Paul Laurens. Ce n’est pas dans
une étude rapide et forcément restreinte qu’on pouvait l’étudier.
Il faut donc nous borner à énumérer, à cataloguer, sans prétendre
nous hausser jusqu’à la critique. Pour résumer notre impression,
nous dirons simplement que le talent du peintre est fait d’obser-
vation et d’étude, mais qu’il provient surtout de ces dispositions
natives que Boileau appelait, par une inversion qu’il faut lui
laisser : « du ciel, l’influence secrète ». Ce talent est farouche et
noble ; il est attendri et vengeur ; il est macabre et il est épris de
lumière et de vie. Comme ce personnage de comédie qui s’écriait
à la lecture d’un contrat : « Il n’est question que de ma mort, là
dedans ! » — on trouvera peut-être que la mort joue un rôle
prépondérant dans l’œuvre du peintre des Emmurés... Mais la
mort, ainsi évoquée, l’a servi admirablement dans l’expression
de la vie, et sa devise pourrait être celle des conjurés d’Hernani :
Ad augusta, per angusta !

LES DÉCORATIONS DE L’EXPOSITION

Grand-croix : M. Meissonier, artiste-peintre.

Grand-officier : M. Paul Dubois, statuaire.

Commandeurs : MM. Jules Breton, Carolus Durait, artistes - peintres ; Falguièrc.
M ercié, statuaire.

Officiers : MM. Cazin, Cornton, Duez, Gervex, Roll, artistes - peintres ; de Saint-
Marceaux, statuaire ; Braqueniond, Roty, graveurs ; Chipiez, Foulhoux, architectes :
Philippe Gille, Charles Yriarte, publicistes ; Templier, Boussod, Dclagrave, Alfred
Firniin-Didot, éditeurs.

Chevaliers : MM. Aubert, Carperat, Carrière, de Coninck, Courtois, Dawaut,
Dubuffe, Friant, Lerolle, Matheg, Meissonier fils, Poilpot, Rénouf, Rixens, Roger
Jourdin, Tattegrain, artistes-peintres ; Captier, Cariés, Dampt, Dubois, Dumilatre.
Hugues, Mathieu-Meunier, Peinte, statuaires ; Boilvin, Baude, Jacquet, Lamotte, gra-
veurs ; André (Edouard), Courtois-Suflit, Delignv, Fabre, Ilerntant, Leblanc, Lefort,
Marquette, Petit-Grand, architectes ; Léon Kerst, publiciste; MaiUard^attaché aiu
service des fêtes ; Paul OllendorfF, éditeur.

Le Gérant : S1I.VKSTKK

Paris, — Ulyptograpliiu SlLYESTlili î C‘% rue Oljcrkainpf, h7
 
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