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L’ART FRANÇAIS

EXPOSITION UNIVERSELLE

LA DÉCENNALE («<«).

MM. Henri Gervex, Duez, Damoye, Léon Comerre, Jules
Garnier, Armand Dumaresq, Léon Couturier, Louis Deschamps,
Dawant, Callot, Emmanuel Benner, Guillon, Hippolyte Lucas,
Madame Jenny Zilhardt, ont rassemblé ici la fleur de leurs travaux
récents. Le « maigre Rolla » de M. Gervex y coudoie la sédui-
sante Femme Rouge (Portrait de Mme D.) par M. Duez ; et plus
loin, M. Geoffroy, le peintre des enfants, expose un tableau « iné-
dit » : En classe, le travail des petits. Rien de plus intéressant que
ces physionomies éveillées où déjà les âmes se devinent. L'œuvre
est d'importance, et le charme en est puissant. Signalons encore
la Fée aux Perles et la NUaissance de Vénus, par M. Barrias ; Y*A-
bandon aux Enfants assistés, par M. Edouard Gelhay, la Noce à
Yport, par M. Fourié ;de Sommeil de Jésus, par M. Louis Des-
champs ; les Chiens de M. Hermann-Léon ; le Portrait de M. Ro-
dolphe Julian, par M. Ch. Maurin; la Femme au bain, par M. Pierre
Dupuis ; Une rue de Paris, le matin, par M. Victor Gilbert ; les
jolies vues de Versailles signées de M. Charles Gosselin ; les
paysages si sincères de MM. Damoye, Dameron, Desbrosses,
Iwill ; ceux de Mme Marie Lavieille, qui garde dignement les tra-
ditions paternelles; le beau triptyque de M. Humbert : tMaternité
YEnfant malade, par M. Carrière; le Portrait de Mmc S., où
M. Layraud a fait preuve d'un très grand sentiment d’art déco-
ratif ; etc.

Dans la salle VIII, l'attention du visiteur est attirée de deux
côtés à la fois : ici, M. Henner nous montre plusieurs ouvrages
célèbres, sauf un Christ qui n'avait encore figuré à aucune expo-
sition et que le maître vient de peindre pour laCour de Cassation.
Là, c’est M. Jean-Paul Laurens qui s'impose également à notre
admiration par des toiles où le dessin le plus correct s’allie à une
couleur superbe.

Le Christ de M. Henner est traité avec ce profond respect de
l'art, avec cette foi passionnée que le maître apporte à tout ce
qu'il entreprend. Il est surtout l’expression d'une vision de poète,
et l’on y remarque tout de suite l'accent le plus personnel. Rien,
en effet, dans ce Christ, ne rappelle les Christs antérieurs. La fi-
gure du divin supplicié s’enlève en vigueur sur une croix en bois
blanc, et cette seule innovation constitue déjà un trait d’audace,
que j'ose qualifier de purement génial. Mais il sera essentiel de
revoir cette page magistrale lorsqu’elle occupera sa place défi-
nitive.

Autour du Christ, on admire, au Champ de Mars, ces merveil-
leux tableaux : la Femme qui lit, «_Andromède, Fabiola, le Portrait de
D. F., Saint Sébastien, Portrait de mon frère, Portrait
de M. C.

Quant à l’exposition de M. J.-P. Laurens, elle comprend : YA-
gitateur du Languedoc, Thomas dFAquin, le Pape et l’Inquisiteur, le
Portrait de M. Mounet-Sully, le Portrait de £VClc S., œuvres d’un
très grand mérite qui portent toutes, comme celles de M. Henner,
la marque d’une puissante individualité. Nous avons, dans notre
dernier numéro, rappelé les principaux travaux du maître des
Emmurés de Carcassone ; mais nous ne saurions trop insister sur la
valeur de cet artistehorsdepair,l’un des premiers de notre temps.

Après ces noms glorieux, nous devons citer encore ceux de
MM. Charles Jacque, le célèbre animalier ; Paul Meslé, le jeune
peintre des Deux Sœurs ; Julien Le Blant, l’historiographe de la
chouannerie ; Marius Michel, le spirituel auteur de Ne bougeons
plus ! MmcHlodie La Villette, MM. Le Poittevin, Picard, Rixens,
Monginot, Pinel, Michel Lévy, etc.

M. Jules Lefebvre est toujours le maître gracieux de Diane sur-
prise, de Psyché, de YOrpheline, et autres pages connues de tous les
habitués des Salons annuels. Talent académique, soit, mais dessi-
nateur consciencieux, et peintre d’une extrême délicatesse.

M. Jean Gigoux, dont nous sommes heureux de publier, à no-
tre première page, le Portrait de 5VCme Kemble, une des plus belles
lithographies qui aient passionné les collectionneurs, a restitué
avec autant d’émotion que d'érudition historique la grande figure
de Jeanne d’Arc : le Dernier jour de Jeanne îïiArc à Domrémy.
Quant au Portrait de jeune fille que nous montre le maître franc-
; comtois, c’est un chef-d'œuvre de virtuosité, une apparition lu-
' mineuse, une symphonie ou « blancs », d’une finesse exquise. Je
l'ai dit ailleurs dernièrement, et je demande la permission de le
répéter ici : « Dans les moindres ouvrages de M. Gigoux, on de-
vine la joie de peindre, la sincère admiration de ce qui est noble,
le respect de ce qui est pur. Jamais la vie, dans ce qu’elle a de
réellement grand, n’a été interprétée avee plus de conscience, ni
’ exprimée plus éloquemment. »

1 M. Geoffroy, avec le Collier de misère; MM. Gabriel Ferrier,,
Hector Leroux, Carrière, Lhermitte, Maignan, Morot, Pelez,
Léandre, Lecomte du Nouy, Luminais,Lahaye, Jourdeuil, Roger
Jourdain, Charles Jacque, nous retiendraient encore ici avec des
œuvres très diverses, mais l’heure presse et il ne nous reste plus
assez de loisir pour étudier, comme il conviendrait, des tableaux
aussi remarquables que la Paie des Moissonneurs, le Bon Samaritain,
Victime, etc. Nous retrouverons plus tard les auteurs de ces mor- -
ceaux sensationnels. Pour le moment, hâtons-nous fié parcourir
les salles où nous n’avons pas encore pénétré.

Dans la salle XI, voici une délicieuse étude de jeune fille, par
M. Jean Gigoux, puis une immense toile de M. Renouf, le Pilote,
d’un sentiment très dramatique ; le Portrait de M. ^Armand Sil-
vesîre, par M. Paul Merwart ; les Voix du tocsin, de M. Maignan,
YtAndromaque, de M. Rochegrosse ; les Fleurs, de M. Quost;
puis un nombre formidable d’ouvrages d’un mérite incon-
testé, et si signés : Henri Martin,, Leenhardt, Moutte, Fritel,
Clairin, Paul Sain, Tanzi, Guillon, Camille,. Paris, Paul Leroy,
Olive, Morlon, Gilbert, Renard, Paul Soyer, Marius Roy.

Dans la salle suivante, M. Roll triomphe. Le jeune maître
auquel l’école du plein air doit tout son éclat, tient haut et ferme
le drapeau de l’art naturaliste, je reconnais, en face de lui, les
fidèles de l’art idéaliste : MM. Tonv-Robert Fleury, Saint-
Pierre, etc.

M. Paul Robertexpose la Musique de chambre,qui fut remarquée
au Salon, mais qui parait un peu noir ici; M. James Tissot, sa
série de Y Enfant prodigue-, M. Renouf, son adorable scène de
gem-e — maritime — intitulée Un coup de main.

Les honneurs’de la salle XIII sont pour MM. J.-J. Weerts,
Yon, Zuber, J.-J. Rousseau.

Outre plusieurs tableaux déjà vus et appréciés aux derniers
Salons, M. Weerts nous montre une grande composition
nouvelle : Y Exorcisme. Un homme, un possédé, est étendu, tout
nu, sur les dalles d’une église, implorant l’intervention du ciel.
Debout, près de lui, l’évéque prononce la formule sacramentelle
qui doit chasser le démon. Autour de ces personnages essentiels,
plusieurs figures d’acolytes ajoutent à l’intérêt du drame. Je ne
crois pas que le jeune maître ait jamais rien produit de plus
remarquable que cet Exorcisme, ou toutes les physionomies ont
leur expression propre, et où une couleur puissante n’exclut pas
la pureté du dessin. Ajoutons que les portraits de M. J.-J. Weerts
sont également parmi les meilleurs de l’exposition. (à suivre).

Le Gérant : SILVESTRE

i»aris. - OtypUigraptue StLVESIT.E i G", rue üljcrkampf, Uî
 
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